SITUATION - Les 4 clés pour comprendre
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1 Contexte
Guerres au Soudan du Sud ou en Syrie, affrontements armés en Centrafrique, populations piégées entre l’armée et Boko Haram dans le nord du Nigéria, persécutions et massacres des Rohingyas au Myanmar : autant de situations récentes, même s’il s’agit pour certaines de résurgences de conflits plus profonds et anciens, qui illustrent ce qui peut pousser des personnes à fuir leur pays par milliers.
Affaiblies par leur exode, exposées aux risques épidémiques, soumises à la promiscuité des camps où elles sont regroupées dans des conditions souvent insalubres, confrontées au manque de nourriture et d’eau potable, les franges les plus vulnérables parmi les déplacés et les réfugiés -femmes enceintes, jeunes enfants, malades, personnes âgées- peuvent mourir en très grand nombre en quelques semaines. MSF fait sa première expérience des camps de réfugiés en 1976 en Thaïlande, et c’est au contact des déplacements massifs de population en Ethiopie en 85 ou dans la région des Grands lacs dans les années 90, qu’elle développe un panel d’actions qu’elle est capable aujourd’hui de déployer en urgence : distribution d’eau ; assainissement ; campagnes de vaccination ; distributions de nourriture, prévention et prise en charge de la malnutrition et des épidémies, construction d’abris, consultations médicales et hospitalisations.
2.
2 Sur le terrain

Camp de réfugiés de Domiz dans le nord de l'Irak. 2013.
© Pierre-Yves Bernard/MSF3.
3 Décryptage
Près d'un million de personnes ont été déplacées dans le nord-ouest de la Syrie ces trois derniers mois. Dans le camp de Deir Hassan, les personnes ont fui les bombardements. Mais le camp saturé n'a pas de système d'assainissement, de centre de santé ou de route. Les maladies comme la gale sont très répandues et le manque d'infrastructures sanitaires favorise le développement des maladies infectieuses telles que la Leishmaniose cutanée.
4.
4 Les repères chronologiques
Situation - L’éclairage
Déplacés ou réfugiés : intervenir dans les camps
Les déplacements parfois massifs de population nécessitent une intervention urgente, notamment pour prévenir les risques épidémiques liés à la fois aux conditions sanitaires des lieux dans lesquelles les populations s’installent et à leur état de santé.
Dans les camps de déplacés (ou de réfugiés, lorsque ces personnes ont franchi une ou plusieurs frontières), la promiscuité, l’absence de vaccination préalable, l’accès réduit ou inexistant à l’eau potable peuvent conduire à la propagation de maladies hydriques, comme le choléra par exemple, et extrêmement contagieuses et dangereuses, comme la rougeole, pour des personnes vulnérables, dont font partie les enfants de moins de cinq ans.
Depuis les premières missions de Médecins Sans Frontières dans des camps de réfugiés, en Thaïlande, l’association a progressivement mis en place une logistique appropriée pour réduire les risques encourus par les populations lors de ces interventions d’urgence, comme au Bangladesh en 2017 par exemple. Entre le 15 août et la fin décembre 2017, plus de 647 000 Rohingyas ont fui les persécutions et les massacres au Myanmar leur pays pour se réfugier au Bangladesh, dans le camp Kutupalong-Balukhali. En août 2019, ils sont plus de 912 000 à vivre dans les mêmes abris précaires qu'au moment de leur arrivée en 2017.
Des besoins de santé spécifiques
Les populations vivant dans ces camps peuvent également avoir des besoins de santé spécifiques, notamment lorsqu’elles ont fui un conflit armé, comme en Irak et en Syrie, après la reprise des villes comme Rakka, Deir-ez-Zor ou Mossoul. Les blessures infligées à ces populations durant le siège de ces villes, pendant l'offensive ou au cours de leur fuite peuvent nécessiter des opérations chirurgicales, et les traumatismes qu’elles ont subis des soins de santé mentale.
D’autre part, les camps de réfugiés et de déplacés peuvent s’installer dans la durée, notamment si la situation sécuritaire dans les régions où les pays d’origine de leurs habitants n’offrent pas les conditions suffisantes pour envisager un retour.
Les premiers camps de Dadaab au Kenya, par exemple, ont été créés en 1991 pour accueillir les réfugiés somaliens qui fuyaient la guerre civile dans leur pays. En 2018, malgré la volonté des autorités kenyanes de fermer ces camps, près de 230 000 personnes y vivaient encore avec un accès aux soins de santé extrêmement restreint. Médecins Sans Frontières est par exemple la seule organisation humanitaire présente à Dagahaley, l’un des six camps qui composent le complexe de Dadaab.
Vivre dans le camp de réfugiés de Dagahaley
Dans l’actualité
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Notre intervention
Médecins Sans Frontières offre depuis 2013 une assistance médicale d’urgence aux réfugiés sud-soudanais dans le nord de l’Ouganda.
Médecins Sans Frontières offre une assistance médicale aux déplacés dans les gouvernorats d’Erbil, d’Al Anbar et de Ninive en Irak.
Médecins Sans Frontières apporte depuis 2013 une assistance médicale d’urgence aux populations syriennes réfugiées en Jordanie.
Depuis 2012, Médecins Sans Frontières apporte une assistance médicale aux victimes du conflit dans l’État de Borno, dans le nord-est du Nigeria, qui oppose l’armée nigériane au groupe armé Boko Haram.
Les équipes de Médecins Sans Frontières sont présentes à Hérat, où elles interviennent auprès des populations déplacées, en leur apportant une aide médicale ou en soutenant les structures locales.