Soudan : MSF suspend ses activités à l'hôpital de Zalingei après une attaque qui a fait un mort et cinq blessés

Entrée de l'hôpital universitaire de Zalingei, Zalingei, État du Darfour central, Soudan.
Entrée de l'hôpital universitaire de Zalingei, Zalingei, État du Darfour central, Soudan. © Juan Carlos Tomasi/MSF

Alors qu’une épidémie mortelle de choléra sévit dans la région, Médecins Sans Frontières (MSF) a été contrainte d’évacuer une partie de ses équipes et de suspendre toutes ses activités à l'hôpital de Zalingei qu’elle soutient dans l'État du Darfour central, au Soudan, à la suite de combats et d’une explosion à l'intérieur de l'établissement dans la nuit du 16 août. L’explosion a fait un mort et cinq blessés, dont un membre du personnel du ministère de la Santé. MSF ne pourra reprendre ses opérations que lorsque toutes les parties au conflit auront fourni des garanties de sécurité claires pour protéger le personnel et les patients.

L'attaque a eu lieu à l'hôpital de Zalingei dans la nuit du 16 août, après qu'une personne tuée par balle lors d'un pillage dans un camp de déplacés situé à proximité, a été amenée aux urgences vers 20h20. Des proches de la victime ont fait irruption, armés, dans l'hôpital. Peu après, un autre patient blessé par balle est arrivé, également accompagné d'individus armés. Les tensions entre les groupes accompagnant les patients se sont intensifiées à l'intérieur de l'établissement et, à 22 heures, une grenade a explosé devant les urgences, tuant une personne. Cinq autres personnes ont été blessées, dont un membre du personnel médical du ministère de la Santé.

« Une personne a perdu la vie dans cette explosion mais bien plus auraient pu être tuées si cela s'était produit en pleine journée, lorsque l’hôpital est rempli de patients », explique Marwan Taher, coordinateur des urgences de MSF au Darfour. « Suspendre nos activités et évacuer nos équipes est une décision qu'aucune organisation médicale ne souhaite prendre, mais notre personnel ne peut pas risquer sa vie pour prodiguer des soins. Sans garanties claires de la part des parties concernées quant à la sécurité du personnel du ministère de la Santé et de MSF, nous ne pouvons pas poursuivre notre travail. »

Depuis le 1er août 2025, MSF menait une intervention d'urgence contre le choléra à l'hôpital de Zalingei et avait soigné 162 patients en seulement 16 jours, en collaboration avec le ministère de la Santé de l'État. Le choléra a déjà fait sept victimes, et l'hôpital de Zalingei est le seul établissement équipé pour traiter les cas graves dans l'État du Darfour-Central. Les équipes de MSF ont également appuyé le ministère de la Santé de l'État dans la surveillance de l’épidémie afin de la contenir. Au-delà du choléra, l'hôpital a assuré plus de 1 500 consultations gynécologiques, 1 400 consultations pédiatriques et 80 interventions chirurgicales dans cet hôpital entre mai et juillet 2025. L’hôpital de Zalingei est le seul hôpital de la région capable de prendre en charge les cas complexes, il dessert environ 500 000 personnes. La clinique mobile de MSF dans la localité de Fogodiku ainsi que les activités d'engagement communautaire et de promotion de la santé ont également été suspendues, laissant des milliers de personnes sans soins essentiels.

Depuis plus de 40 ans, MSF est en première ligne des crises majeures au Soudan, des épidémies aux pics de malnutrition, et continue de soutenir les communautés malgré le conflit en cours. La protection de ses équipes médicales est essentielle afin qu’elles puissent fournir des soins. En février 2024, des hommes armés avaient déjà fait irruption à l'hôpital de Zalingei et volé des véhicules loués par MSF, forçant l’équipe qui était en cours d’évaluation à se retirer avant même le début de ses activités.

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