SITUATION - Les 4 clés pour comprendre
1.
1 Contexte
Le 11 mars 2020, l'OMS a qualifié l’épidémie de Covid-19 de « pandémie ». Appartenant à la famille des coronavirus, il s'agit d'un nouveau virus contagieux dont beaucoup d’éléments restent encore à comprendre. Le grand nombre de cas sévères de la maladie, qui nécessitent des soins de soutien et des soins intensifs importants, et parfois pendant plusieurs semaines, représente un énorme défi même pour les systèmes de santé les plus développés.
Dans l’état actuel des connaissances, on sait que la Covid-19 est une maladie respiratoire bénigne pour la grande majorité des patients qui la contractent (estimée à 80 % des cas confirmés), mais on note un taux plus élevé de complications graves pour les personnes vulnérables (personnes âgées et personnes avec des comorbidités) par rapport à d'autres virus comme la grippe.
2.
2 Prévention

3.
3 DÉCRYPTAGE
80 % des patients hospitalisés à cause du coronavirus ont besoin de 3 à 15 litres d'oxygène par minute. Quelles sont les méthodes pour donner de l’oxygène à nos patients ? Quelles sont les contraintes ? Et comment l'achemine-t-on sur nos terrains ?
4.
4 Les repères chronologiques
Situation - L’éclairage
Évolution de la pandémie
Pour suivre la propagation du virus, les chercheurs d'Epicentre - centre de recherche épidémiologique créé par MSF - ont mis en place une carte interactive montrant le nombre et l'emplacement des cas de Covid-19 à travers le monde.
Vous pouvez cliquer ici pour l'afficher en plus grand format dans une nouvelle fenêtre.
Des contraintes pour les interventions MSF
Les personnes atteintes par une forme grave de la maladie nécessitent une hospitalisation sur le long terme, avec des soins très spécialisés. Cela peut représenter un véritable défi pour les systèmes de santé les plus avancés, et avoir des conséquences désastreuses dans les pays dont le système de santé est détruit ou défaillant.
Les équipes MSF interviennent dans de nombreux pays du monde pour assurer l’accès aux soins aux populations vivant en situation précaire, et soutenir des systèmes de santé fragiles ou éprouvés par la guerre. L'impact de la pandémie de Covid-19 s'est fait sentir dans chacun des quelque 450 projets de MSF dans plus de 70 pays. « Maîtriser la pandémie est clairement une priorité pour tout le monde, mais cela n'a jamais été une option pour nous d’abandonner nos services médicaux réguliers et de nous concentrer uniquement sur la Covid-19 », explique Kate White, point focal médical pour le groupe de travail Covid-19 de MSF.
Yémen : un système de santé détruit
« Il y a ici un étrange mélange de peur et de déni à propos du virus, Les gens n’ont pas voulu accepter la possibilité qu’il puisse toucher le pays ou qu’il circule déjà. Et dès le premier cas, cela a semé la panique. C'est un pays qui n'a pas les moyens de répondre à cette épidémie [...] Cinq ans de combats ont provoqué l'effondrement du système de santé yéménite. La Covid-19 achève cette déliquescence, de nombreux hôpitaux ferment par peur du virus ou par manque de personnel et d'équipement. »
Claire HaDuong, chef de mission de MSF au Yémen, dans une communication du 10 juin 2020.

Au risque que ces systèmes de santé soient rapidement débordés par le coronavirus, s’ajoutent les restrictions en matière de voyages qui limitent la capacité du personnel international MSF à se déplacer dans différents pays. Dans ce contexte néanmoins, la force de MSF est de pouvoir s’appuyer sur le personnel employé localement qui représente 90 % de son personnel dans les pays d’intervention. Une pression mondiale pèse également sur la production de certaines ressources médicales, en particulier les équipements de protection individuelle des professionnels de santé, dont les masques.
Les activités médicales se poursuivent dans de nombreux projets MSF, mais il est difficile de prévoir les capacités futures en approvisionnement de certains matériels essentiels, tels que les masques chirurgicaux, les compresses, les gants et les produits chimiques nécessaires au diagnostic du coronavirus.
Approvisionnement
« Un des nerfs de la guerre contre la Covid-19 est la disponibilité des équipements de protection, et notamment les masques et les gants utilisés pour les examens médicaux, etc. L’anticipation de pénuries entraîne des réquisitions de la part de nombreux États, qui peuvent tourner en réflexes d’accaparement : dans le contexte actuel, ces équipements devraient au contraire être considérés comme des biens communs à utiliser de façon rationnelle et appropriée, et donc à allouer en priorité aux soignants exposés au virus, partout dans le monde. »
Clair Mills, directrice médicale de MSF
Un risque de pénurie existe également en raison du manque de production de médicaments génériques et des difficultés d'importation de médicaments essentiels (par exemple les antibiotiques et les antirétroviraux) dues aux mesures de confinement, à la réduction de la production de produits de base, à l'arrêt des exportations, à la réaffectation ou au stockage de médicaments et de matériel pour le coronavirus. MSF a par exemple dû mettre en suspens certaines de ses activités médicales.
Le personnel de santé en première ligne
Dans ce contexte de pandémie, il est primordial de préserver l'accès aux soins de santé, tant pour les patients atteints de Covid-19 que pour tout autre patient. Cela signifie qu'il faut veiller à ce que les hôpitaux ne soient pas débordés et que le personnel de santé puisse faire face au nombre de patients nécessitant des soins intensifs, tout en continuant à fournir des traitements à d'autres patients qui en ont également besoin.
Réguler les marchés
« Nos équipes, ainsi que les partenaires avec lesquels nous travaillons, luttent pour continuer à fournir des soins vitaux et répondre à la Covid-19 dans des conditions extrêmement difficiles partout dans le monde. Mais pour cela, nous avons besoin d’introduire de la transparence et de l’équité dans le marché de l’équipement de protection individuel, actuellement hors de contrôle. La régulation de ces équipements essentiels au niveau mondial ne peut reposer sur la seule loi du marché ou de la raison d'État. »
Thierry Allafort-Duverger, directeur général de MSF
Dans ce contexte, la protection des patients et du personnel de santé est essentielle. Les équipes MSF s’assurent que des mesures de contrôle de l'infection sont en place, et mettent en place un système de dépistage au niveau du triage, des zones d'isolement et des actions de sensibilisation. Dans la plupart des pays où MSF intervient, les équipes travaillent en coordination avec l'OMS et les ministères de la Santé pour aider en cas de surcharge liée à des patients atteints de la Covid-19 et dispensent des formations sur le contrôle des infections dans les établissements de santé.
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Notre intervention
Soutien aux hôpitaux et centres de santé
MSF est venue en aide aux hôpitaux, centres de santé et autres structures de soins gérées par les ministères de la Santé nationaux. Elle a apporté son soutien sur trois volets d'activités :
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la formation du personnel soignant sur les mesures de précaution à adopter face à la Covid-19
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le support technique et logistique quant au triage, au dépistage et à l'isolement des patients
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le traitement de la forme sévère du coronavirus en soins intensifs, en assurant les besoins en oxygène des malades
Les équipes MSF ont dispensé des sessions de formation sur les mesures de prévention et de contrôle des infections à l'ensemble des travailleurs de santé impliqués dans les projets MSF ou dépendants des autorités sanitaires nationales, pour limiter la propagation du virus.
Ces formations ont principalement permis de renforcer les procédures de désinfection des lieux et du matériel, de sensibiliser sur les gestes barrières et les mesures d'hygiène – en particulier des mains – à suivre, de respecter des circuits stricts pour le lavage du linge et d'informer sur la bonne utilisation des équipements de protection individuelle.
Les équipes MSF ont également participé à la réorganisation des circuits de soins dans les hôpitaux et centres de santé afin de réguler les flux de patients. Elles y ont mis en place des espaces de triage pour éviter que les personnes qui présentaient des symptômes similaires à ceux du coronavirus ne contaminent les autres. Du matériel médical et des équipements de protection ont aussi été distribués dans de nombreuses structures de soins. En parallèle, des espaces dédiés au dépistage de la maladie ont été créés.
MSF a également permis l'isolation des personnes souffrant de la forme légère et modérée du coronavirus dans des zones ou établissements dédiés, tandis que les personnes souffrant de la forme sévère de la Covid-19 ont été transférées vers les hôpitaux de référence pour qu'un traitement approprié leur soit prodigué.
En termes techniques et logistiques, MSF a réhabilité, rénové et même construit des centres de traitement pour pouvoir prendre en charge les cas confirmés de Covid-19. Dans leurs centres de traitement de la Covid-19 à Hérat en Afghanistan, à Port-au-Prince en Haïti, à Aden au Yémen, à Bamako au Mali, etc., les équipes MSF ont pu traiter les patients en les plaçant sous oxygène. Elles se sont engagées dans le traitement des patients atteints des formes sévères de la maladie. L'un des principaux défis est de leur fournir d'importantes quantités d'oxygène, de façon constante.
Aider les populations vulnérables
Pour répondre à la pandémie, MSF a concentré ses efforts sur les populations les plus vulnérables face à la Covid-19, comme :
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les personnes âgées
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les personnes atteintes de maladies chroniques
Les équipes sont également venues en aide aux populations précaires qui sont davantage exposées à la maladie, comme :
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les migrants
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les sans abris
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les communautés exclues des systèmes de soins
Les personnes âgées ont été particulièrement touchées par la pandémie de coronavirus et les plus de 65 ans représentent la très grande majorité des décès liés à la maladie. MSF a collaboré avec des maisons de retraite et établissements médicaux-sociaux nationaux et locaux en Belgique, en France, en Italie, au Portugal, en Espagne, en Suisse, aux États-Unis... en aidant plus de 600 résidences pour personnes âgées. Les équipes ont formé le personnel de ces structures aux mesures de prévention et de contrôle des infections et ont accompagné les résidents pendant et après la période de confinement. Des soins psychologiques leur ont également été apportés pour vivre la solitude plus sereinement.
En Île-de-France, MSF est intervenue dans les structures mises en place par les autorités pour abriter les populations les plus vulnérables (migrants, demandeurs d'asile, personnes sans domicile fixe etc.) afin d’évaluer leur état de santé et d'identifier les cas potentiels de Covid-19. MSF a également mis en circulation des cliniques mobiles dans Paris et sa banlieue pour dispenser des soins de santé primaires aux personnes vivant à la rue, afin que leur accès aux soins soit maintenu.
En France et en Belgique, MSF a également fourni une assistance médicale dans des « centres Covid+ » mis en place pour isoler et héberger les plus précaires infectés par le coronavirus.
À New-York, São Paulo, Matamoros (frontière États-Unis/Mexique), au Mali, en Suisse, MSF est intervenue pour améliorer les conditions d'hygiène des populations les plus socialement vulnérables, en installant des points d'eau, des "camions-douches", des stations de lavage des mains, ainsi qu'en distribuant du savon, du gel désinfectant, et d'autres matériels d'hygiène.
MSF est également venue en aide aux communautés exclues des systèmes de soins, comme les amérindiens de la Nation Navajo et des Pueblos aux États-Unis, les habitants des bidonvilles de Nairobi au Kenya, ou les réfugiés rohingyas des camps de Cox's Bazar au Bangladesh, en réalisant entre autres, en collaboration avec les chefs de santé communautaires, des activités de promotion de la santé.
Au Mali, les équipes MSF, en partenariat avec le ministère de la Santé et des acteurs de la société civile locale, ont parcouru la ville de Bamako pour donner aux gens les moyens de se protéger. MSF a notamment apporté son soutien à la production locale de masques.
Recherche épidémiologique
Pour mieux retracer la propagation du virus et comprendre son évolution, les équipes MSF travaillent à la recherche des cas contacts pour remonter les chaînes de transmission, notamment dans les pays africains comme au Tchad, au Sénégal, en Sierra Leone ou encore au Soudan du Sud.
À l’hôpital de Djoungolo à Yaoundé, au Cameroun, Épicentre – la branche de recherche et d'épidémiologie de MSF –, mène des activités de recherche sur l'efficacité des tests de dépistage, en partenariat avec le centre national des opérations d'urgence.
Services ambulanciers et télémédecine
Sur certains de ses terrains d'intervention, notamment au Salvador et au Honduras, MSF a renforcé ses services d'ambulances dans les zones rendues difficiles d'accès par la violence qui y règne et les restrictions de mouvements dues au confinement, afin d'alléger la charge de travail du système d'urgence dédié au transport des patients Covid-19 dans ces pays.
Des services de télémédecine ont également été mis en place, en particulier en Côte d'Ivoire, où les équipes MSF ont ainsi assuré des télé-consultations aux patients du centre Covid-19 de Yopougon à Abidjan, pour diagnostiquer et détecter les cas de comorbidités tels que le diabète, l'hypertension, l'insuffisance respiratoire et les maladies cardiovasculaires avec pour objectif de réduire la mortalité parmi les patients les plus vulnérables.