[Infographie] Focus sur 6 projets MSF à l’arrêt à cause du coronavirus

Hôpital MSF de chirurgie reconstructrice d'Amman, en Jordanie
Hôpital MSF de chirurgie reconstructrice d'Amman, en Jordanie © Alessio Mamo

Face au coronavirus, les équipes MSF se déploient pour soutenir les systèmes de santé des pays dans lesquels l’association intervient. La pandémie a aussi un impact sur nos programmes réguliers, qui prennent en charge notamment des blessés de guerre, des femmes enceintes, des personnes affectées par le VIH ou encore la tuberculose. En cause : les restrictions de déplacements dans le monde, le manque de personnel expatrié et les problèmes d’approvisionnement en matériel de protection individuelle. Tour d’horizon avec 6 projets MSF à l’arrêt à cause du coronavirus en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.

#1 IRAK Centre médical de rééducation de Bagdad


Ouvert en 2017, le centre médical de rééducation de Bagdad (BMRC) a cessé son activité mi-avril, faute d’équipement de protection. Il s’agit de la seule structure de santé de la province en capacité de prendre en charge de façon globale les blessés de guerre, dispensant à la fois des soins physiques comme la physiothérapie et un soutien psychologique. En 2019, vingt patients ont été hospitalisés en moyenne chaque mois, leur permettant d’accéder à des soins rares et pourtant essentiels à l’amélioration de leur vie quotidienne.


Evolution de la prise en charge des patients au BMRC :
 

Marqué par des années de guerre, l’Irak manque de structures de santé en capacité de prodiguer des soins spécialisés, comme ceux offerts au BMRC. Souvent traitées dans des conditions d’hygiène inadéquates, les blessures de guerre ont tendance à s’infecter et nécessitent un traitement approprié.


Evolution du taux d'occupation des lits au BMRC :
 


#2 JORDANIE Hôpital de chirurgie reconstructrice d'Amman


L’hôpital de chirurgie reconstructrice de MSF à Amman a suspendu les nouvelles admissions et les opérations chirurgicales depuis le début du mois d’avril. En 2018 et 2019, ce sont en moyenne 45 nouveaux patients venant des pays voisins qui ont été admis chaque mois à l’hôpital.


Evolution du nombre d'admissions et d'opérations chirurgicales à l'hôpital MSF d'Amman :
 

L'équipe chirurgicale est spécialisée dans la chirurgie orthopédique, maxillo-faciale et plastique pour des personnes blessées de guerre dans la région et qui n’ont pas accès à des soins spécialisés dans leurs pays d’origine.


Prise en charge des patients à l'hôpital MSF d'Amman ces dix dernières années :
 


#3 KENYA Soutien aux urgences, prise en charge des victimes de violences sexuelles à Nairobi


À Nairobi, les urgences de l’hôpital Mama Lucy et le service d’ambulances soutenus par MSF prennent désormais uniquement en charge les cas critiques, faute d’équipement de protection. L’hôpital se trouve à Mathare, un bidonville où vivent plus de 500 000 personnes dans des conditions précaires. En 2018, la Banque Mondiale estimait que plus de 36% des Kenyans vivaient sous le seuil de pauvreté, notamment dans des quartiers comme celui de Mathare où l’accès aux soins est déjà limité.


Evolution de la prise en charge des urgences, hôpital Mama Lucy à Nairobi :
 

Avec l’apparition du Covid-19 et les mesures de confinement, le manque de transport pour se rendre dans des établissements de santé limite l’accès aux soins de la population de Mathare. Les équipes MSF ont constaté une baisse du nombre de patients à Lavender House, un centre de prise en charge des victimes de violences sexuelles.


Evolution du nombre de cas de violences sexuelles, programme MSF à Mathare :
 


#4 PAKISTAN Maternité à Peshawar


Depuis mi-avril, la maternité de Peshawar dans laquelle MSF travaille depuis 2011 a fermé ses portes à la suite de l’infection d’un membre du personnel soignant. Elle accueillait principalement les populations défavorisées des zones rurales et tribales de la région Khyber Pakhtunkhwa dans le nord du Pakistan, où l’accès aux soins de santé est déjà très réduit.


Taux de mortalité infantile (nombre de décès pour 1000 naissances vivantes), source Banque mondiale 2018 :
 

La mortalité maternelle et infantile est un problème de santé majeur au Pakistan, particulièrement pour les femmes déplacées ou réfugiées dans le pays.


Evolution du volume de soins, maternité MSF à Peshawar (chiffres 2020 basés sur une projection du premier trimestre 2020 à partir des données de janvier) :


#5 PAKISTAN Centre de traitement de la leishmaniose à Peshawar


Au Pakistan, MSF prend aussi en charge les personnes affectées par la leishmaniose cutanée à Peshawar, ainsi que dans le Balouchistan à Quetta et Kuchlak. Début 2019, une épidémie de leishmaniose cutanée a éclaté dans la région de Khyber Pakhtunkhwa, où se trouve Peshawar. Le centre de traitement MSF y est fermé depuis mars 2020 afin d’éviter de nouvelles contaminations au sein des patients. La leishmaniose cutanée n’est pas une maladie mortelle mais elle peut laisser des séquelles physiques importantes, souvent sources de stigmatisation et d’exclusion sociale.


Prise en charge des patients atteints de leishmaniose cutanée, programme MSF au Pakistan :
 


#6 HAÏTI Centre de soins pour les grands brûlés à Port-au-Prince


À Port-au-Prince, l’hôpital de Drouillard a arrêté d’admettre des nouveaux patients depuis le début de la pandémie de Covid-19 qui a touché Haïti en mars 2020. Il s’agit du seul centre de soins pour les grands brûlés dans le pays. Les patients ont été transférés à l’hôpital de Tabarre, également géré par MSF dans la capitale haïtienne.

Depuis son ouverture en mai 2011, l’hôpital de Drouillard a accueilli un temps une partie des urgences traumatologiques de Port-au-Prince. Situé à proximité du bidonville de Cité Soleil, il a été installé pour répondre aux besoins médicaux de la population, considérée comme l’une des plus vulnérables de la ville. Il est actuellement en train d'être transformé pour prendre en charge les patients positifs au coronavirus et référés par le ministère de la santé.


Evolution du nombre d'admissions à l'hôpital de Drouillard :
 

 

Les restrictions de mouvements dans le monde et la réduction drastique des transports aériens ont également eu un impact sur le déploiement du personnel expatrié de MSF. Cependant, 90% du staff MSF est embauché localement. 


Flux de personnel expatrié entre le siège MSF à Paris et les pays d'intervention :
 

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