SITUATION - Les 4 clés pour comprendre
1.
1 Contexte
Depuis 1979, les populations afghanes subissent au quotidien les conséquences de la guerre, dont celle démarrée en 2001 par les Etats-Unis et appuyée par l’OTAN, dans le cadre de son intervention militaire contre les Talibans.
Différents groupes armés contrôlent de nombreux territoires dans ce pays, régulièrement confronté à des affrontements et des attentats meurtriers, et caractérisé par une situation politique instable et une économie largement dépendante de l’aide internationale. De nombreux Afghans fuient leur pays ou leur région pour échapper au conflit, et on compte plus de 420 000 nouveaux déplacés internes en Afghanistan en 2019 (ONU).
Malgré l’investissement des institutions et bailleurs internationaux, l’accès aux soins dans le pays reste très difficile, aussi bien dans les provinces afghanes, que dans la capitale Kaboul, qui connaît ces dernières années une importante croissance démographique. Une situation qui touche durement les femmes, dans un pays extrêmement violent, et plus encore les femmes enceintes, pour lesquelles l’offre de soins de santé maternelle est quasi inexistante.
Suite à une attaque qui a coûté la vie à 24 personnes en mai 2020, MSF annonce le 15 juin son retrait de la maternité de Dasht-e-Barchi, situé dans l'ouest de Kaboul, considérant que l'association ne peut plus garantir la sécurité de son personnel et de ses patients.
2.
2 La carte de situation

Principales interventions de MSF en Afghanistan en 2018. Source : rapport international d'activités 2018
© MSF3.
3 Décryptage
En novembre 2014, MSF ouvrait un service d’urgence spécialisé en soins obstétriques et néonataux au sein de l’hôpital public de Dasht-e-Barchi, dans l’ouest de Kaboul. Le 12 mai 2020, des hommes armés pénètrent dans la maternitéet tuent 24 personnes, dont 15 patientes sur le point d'accoucher et une sage-femme. Le 15 juin, MSF annonce la fin de ses opérations dans cette maternité.
4.
4 Les repères chronologiques
Situation - L’éclairage
Accoucher en Afghanistan : un risque élevé pour les femmes
Le pays possède l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde, avec 638 décès pour 100 000 naissances (OMS, 2017), et ces estimations masquent de fortes disparités régionales, comme le souligne un rapport publié en 2014 par Médecins Sans Frontières, Des grands discours à la réalité : la lutte au quotidien pour l'accès aux soins en Afghanistan. On estime que plus de 40 % des femmes Afghanes ne reçoivent aucun soin anténatal pendant leur grossesse, et beaucoup n’ont pas accès à une offre de soins obstétricaux essentiels ou d’urgence. De nombreux facteurs contribuent à la situation alarmante de la santé des femmes en Afghanistan.
74 600
Les équipes de Médecins Sans Frontières ont assisté plus de 74 600 naissances en 2018 en Afghanistan.
Près de 36 % des Afghans vivaient sous le seuil de pauvreté en 2011 selon la Banque mondiale, et on estime que chaque jour environ 1 100 personnes fuient la violence de leur région : près des trois quarts de ces déplacés seraient des femmes et des enfants (ONU, 2018). De nombreuses femmes afghanes n’entreprennent pas le voyage jusqu’aux structures sanitaires, à cause de l’insécurité et des risques, liés au conflit ou à la criminalité.
La pression sociale et culturelle, et le manque d’éducation générale et sanitaire en particulier, participent également à cette dynamique : près des deux tiers des femmes afghanes accouchent ainsi à leur domicile. Des situations fréquemment observées ou rapportées par les équipes de Médecins Sans Frontières, qui travaillent dans les régions du Helmand et de Khost, dans lesquelles l’association offre des soins de santé maternelle.
La capitale de l’Afghanistan est mieux dotée en structures de santé que le reste du pays. Pourtant, comme la plupart de ces structures sont privées et payantes, l’accès aux soins de santé maternelle est également compliqué dans cette région. Dans cette ville, le prix d’un accouchement ou d’une césarienne est inaccessible pour de nombreuses familles. Kaboul a par ailleurs connu une explosion démographique ces dernières années et la population de la capitale est passée d’environ un million d’habitant en 2001 à plus de 5 millions en 2016, réduisant ainsi le nombre de structures de santé par habitant.
C’était Dasht-e-Barchi
Reportage au cœur de la maternité avant l’attaque du 12 mai 2020
Voir le grand formatEn novembre 2014, MSF ouvre un service d’urgence spécialisé en soins obstétriques et néonataux au sein de l’hôpital public de Dasht-e-Barchi, dans l’ouest de Kaboul. Le 12 mai 2020, des hommes armés ont attaqué cette maternité avec pour seul objectif de tuer des mères. Le bilan est dramatique : 24 personnes dont 15 femmes et une sage-femme sont décédées sous les balles ce jour-là. 20 autres personnes ont été blessées. Le 15 juin 2020, MSF annonce son retrait de la maternité de Dasht-e-Barchi, considérant qu'elle ne peut plus garantir la sécurité de son personnel et ses patients. Plus de 16 000 accouchements avaient eu lieu dans la maternité en 2019.
Dans l’actualité
Afghanistan : Médecins Sans Frontières se retire de Dasht-e-Barchi suite au…
Communiqué de presse
Afghanistan : attaque abjecte contre la maternité de Dasht-e-Barchi
Communiqué de presse
Bombardements d’hôpitaux : construire la preuve par l’image
Notre intervention
Depuis 2009, date de son retour dans le pays, Médecins Sans Frontières offre des soins de santé maternelle et infantile aux populations afghanes.
Les équipes de Médecins Sans Frontières étaient présentes à Kaboul et dans les provinces de Khôst, à l’est, et du Helmand, au sud-ouest de l’Afghanistan. Elles offraient des soins obstétricaux et pédiatriques et contribuaient à réduire la mortalité maternelle et infantile, très élevée dans ce pays. Cependant, l'attaque de la maternité de Dasht-e-Barchi en mai 2020 a forcé MSF à se retirer de la maternité de Kaboul le 15 juin.
Médecins Sans Frontières soutient de nombreuses structures en Afghanistan depuis son retour dans le pays.
Les équipes de Médecins Sans Frontières offrent des soins de santé secondaire dans les hôpitaux à Kaboul et à Lashkar Gah, dans la province du Helmand, et une prise en charge aux personnes affectées par la tuberculose notamment à Kandahar.
Médecins Sans Frontières offrait des soins spécialisés en traumatologie aux populations afghanes de la région de Kunduz.
Le 3 octobre 2015, l’hôpital de Médecins Sans Frontières est bombardé en pleine nuit par la coalition américaine. Cette attaque coûte la vie à 42 personnes, dont 24 patients, 4 accompagnateurs et 14 membres du personnel de MSF, auxquels s’ajoutent 37 blessés.
Médecins Sans Frontières soutient les familles déplacées d'Hérat.
Les équipes de Médecins Sans Frontières sont présentes à Hérat, où elles interviennent auprès des populations déplacées, en leur apportant une aide médicale ou en soutenant les structures locales.