Afghanistan : détérioration des conditions de vie pour les familles déplacées à Hérat

Afghanistan: Détérioration des conditions de vie pour les familles déplacées à Hérat
Portrait d'Abdullah, 26 ans, et son neveu âgé de 9 ans. Ils ont quitté leur ville natale, Badghis, pour Herat et vivent depuis un an sous une tente dans le camp de Kahdistan, dans la banlieue de la ville. © Noor Ahmad Saleem/MSF

En 2018, plus de 150 000 personnes fuyaient les combats et la sécheresse dans le nord-ouest de l’Afghanistan, pour se réfugier près de la ville de Hérat. Un an plus tard, 18 000 familles déplacées vivent dans des camps où l’aide humanitaire diminue, avec un approvisionnement en eau qui se fait de plus en plus rare.

Les quelques 100 000 personnes déplacées ont fui leur village dans le nord-ouest de l’Afghanistan, l’an dernier, lors d’une vague de sécheresse et d’une intensification des combats entre des groupes d’opposition armés et les forces de sécurité afghanes. Un an après, la sécheresse est finie, mais elles ne peuvent retourner chez elles en raison de l’insécurité persistante.

« En été, les personnes déplacées n’ont que leurs tentes posées à même la terre pour se protéger du soleil, explique Raphaël Torlach, coordinateur de projet MSF à Hérat. L’approvisionnement en eau est insuffisant et l’accès aux soins médicaux et aux services de base est très limité. Le fait que l’aide humanitaire soit réduite et risque de ne pas être maintenue nous préoccupe beaucoup », souligne-t-il.
 

Les camps de personnes déplacées, dans la banlieue de la ville de Herat. 
 © Noor Ahmad Saleem/MSF
Les camps de personnes déplacées, dans la banlieue de la ville de Herat.  © Noor Ahmad Saleem/MSF

Originaires des provinces de Hérat, Faryab, Badghis et Ghor, celles-ci manquent d’eau et de soins médicaux. 

« On se démène pour survivre avec toutes ces difficultés, raconte Mohammad qui a fui son village situé dans la province de Faryab il y a un an, à cause des combats incessants dans la zone. Je ne suis jamais passé par de telles épreuves dans ma vie, on n’a pas d'argent, pas d’abri, tout le monde est malade, il fait chaud et on n’a pas d’eau potable », détaille Mohammad. 

Quand son fils de deux ans a eu de la fièvre, des douleurs au ventre et des boutons sur la langue, Mohammad l’a amené au dispensaire MSF à Kahdestan, où se trouve un camp de déplacés. MSF a ouvert ce centre en décembre 2018 pour offrir des soins médicaux de base à la population déplacée, notamment la vaccination, le dépistage et la prise en charge de la malnutrition. MSF a aussi une ambulance pour transporter à l’hôpital les malades qui ont besoin de soins spécialisés. 

Afghanistan : des conditions de vie difficiles pour les familles déplacées à Herat

« Durant l’hiver, la plupart des patients venaient au dispensaire pour des infections respiratoires, relève la Dr Hazada Barez de MSF. Mais maintenant que les températures sont élevées, les gens souffrent davantage de troubles digestifs, comme des diarrhées et des vomissements. L’état de nos patients est lié aux mauvaises conditions sanitaires, au manque d’eau potable et à l’impossibilité de se protéger contre les piqûres d’insectes », explique-t-elle.

Bien que les conditions de vie dans les camps soient devenues très dures, les personnes déplacées ne peuvent pas rentrer chez elles à cause des combats qui persistent. « La route qui mène à notre région est bloquée, explique Delaram, une femme de 40 ans qui a fui la province de Badghis avec sa famille. Quand la route sera rouverte, nous pourrons partir. Mais pour le moment, c’est impossible », conclut-elle. 

© ANDREW QUILTY POUR « LE MONDE »

A Herat, en Afghanistan, les déplacés climatiques sont réduits à la misère

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