SITUATION - Les 4 clés pour comprendre
1.
1 Contexte
Créé en 1974 par l’Organisation mondiale de la santé dans le but de rendre les vaccins accessibles à tous les enfants dans le monde, le Programme élargi de vaccination (PEV) a permis d’importants progrès en termes d’accès à la vaccination dans les pays en voie de développement. Dans le cas du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC) par exemple, le pourcentage d’enfants ayant reçu les trois doses du vaccin, est passé d’environ 10 % à 86 % en 40 ans (OMS, 2018). Les avancées en termes d’accès à la vaccination ont considérablement participé à la réduction de la mortalité infantile au cours des dernières décennies.
Cependant, d’importants progrès restent à faire, et de façon générale, plusieurs raisons d’ordre politique, technique et financier expliquent les difficultés à fournir un plus grand nombre de vaccins : les contraintes pour obtenir l’autorisation d’importer ou d’utiliser certains vaccins par les autorités sanitaires nationales, les contraintes liées à la conservation des vaccins (respect de la chaîne du froid), les coûts liés à l’achat de certains vaccins, notamment dans les pays qui ne bénéficient pas de prix subventionnés, entre autres.
2.
2 Sur le terrain

Campagne de vaccination de masse à Kinshasa en 2016. République démocratique du Congo.
© Dieter Telemans3.
3 Décryptage
Lorsqu'il s'agit de vaccination, MSF réalise trois types d'activités. MSF vaccine les enfants qui viennent en consultation, c'est la vaccination de routine, nous faisons des campagnes préventives de masse et nous menons des campagnes réactives de masse.
4.
4 Les repères chronologiques
Situation - L’éclairage
La vaccination de routine
Le nombre de vaccins inclus dans le Programme élargi de vaccination (PEV) a progressivement augmenté, jusqu’à inclure 13 vaccins aujourd’hui contre les maladies suivantes : diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite, rougeole, fièvre jaune, hépatite B, infection à Haemophilus influenzae type b (Hib), pneumocoque, rotavirus, papillomavirus, tuberculose (« vaccin bilié de Calmette et Guérin » ou BCG).
La nécessité d’administrer plusieurs doses d’un même vaccin rend nécessaires cinq déplacements vers une structure de soins ou un centre de santé au cours de la première année de vie de l’enfant. Ce dispositif, contraignant, ne permet pas aujourd’hui d’atteindre un pourcentage satisfaisant d’enfants vaccinés. Les activités de vaccination de routine peuvent également être défaillantes pour des raisons structurelles (faiblesse du système de santé, infrastructures insuffisantes, détournement de moyens, etc.) ou contingentes (conflits, instabilité politique, catastrophe naturelle).
De plus, le prix des vaccins représente aujourd’hui un risque pour l’avenir du PEV. Si le nombre de vaccins a doublé (de 6 à 13) depuis 2001, le coût minimum de la vaccination de routine a lui été multiplié par 68. En particulier, trois nouveaux vaccins – le vaccin conjugué contre le pneumocoque ou PCV, le vaccin contre le rotavirus et le vaccin contre le papillomavirus ou HPV – représentent 86 % du coût du PEV, dont 45 % pour le seul vaccin PCV, comme le soulignait la Campagne d’accès aux médicaments essentiels dans son rapport The right Shot publié en 2015.
En 2020, MSF appelait à ce que les financements publics de la recherche du vaccin contre le Covid-19 se fasse à la condition que le prix du vaccin soit accessible à tous.
Les campagnes de vaccination préventives
Plusieurs facteurs peuvent entraîner une augmentation des risques d’épidémie (rougeole, diphtérie, choléra, méningite, etc.) ou des décès liés à des maladies évitables par la vaccination (tétanos, pneumonies, etc.). On peut noter d’un côté, la diminution du pourcentage d’enfants vaccinés dans le cadre du PEV. De l’autre, l’augmentation de la vulnérabilité liée à certaines crises humanitaires : par exemple, la précarité des conditions de vie dans un camp de réfugiés. Puisqu’elles sont par définition exceptionnelles, ces campagnes préventives demandent des négociations au cas par cas avec les ministères de la Santé et leurs partenaires.
En 2013, l’Organisation mondiale de la santé a adopté de nouvelles recommandations, qui prévoient d’élargir le nombre de vaccins proposés, en fonction du contexte et des risques identifiés. Mais dans de nombreux pays, la méconnaissance de ces nouvelles recommandations ralentit considérablement les négociations en vue de l’organisation de campagnes de vaccination au moment où elles sont le plus nécessaires.
Vaccination en situation d’urgence
MSF souhaite également élargir le nombre de vaccins fournis lors de campagnes de vaccination préventives en situation d’urgence, comme en République centrafricaine où la crise politique et militaire qui a débuté en 2013 a provoqué l’effondrement des taux de couverture vaccinale dans le pays. Entre 2012 et 2014, le nombre d’enfants ayant été complètement vaccinés contre la rougeole et les infections à pneumocoque est passé respectivement de 64 % à 25 % et de 52 % à 20 %. Médecins Sans Frontières et le ministère de la Santé ont lancé en 2016 une campagne de vaccination à destination de 220 000 enfants âgés de moins de 5 ans. En plus d’organiser des campagnes de vaccination de masse, MSF renforce et élargit les activités de vaccination dans les structures de soins où elle intervient déjà. Par ces deux stratégies, MSF propose aux enfants âgés de moins de 5 ans jusqu’à neuf antigènes.
Enfin, MSF mène, seule ou en partenariat avec les autorités des pays concernés, des campagnes de vaccination en réponse à des épidémies. Cela a été le cas en République démocratique du Congo (RDC) en 2015 puis en 2018, lors d’épidémies de rougeole. En 2019, nos équipes ont traité plus de 50 000 patients dans toute la RDC et vacciné plus de 810 000 enfants contre la rougeole.
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Notre intervention
La vaccination fait partie des activités centrales de Médecins Sans Frontières, et les équipes de l’association l’offrent aux populations sur de nombreux terrains d’intervention.
Médecins Sans Frontières offre une assistance et une réponse aux urgences médicales aux populations de la République démocratique du Congo (RDC).
Médecins Sans Frontières ouvre en 2009 au Mali un projet pédiatrique intégré en collaboration avec le ministère de la Santé dans le district Koutiala, dans le sud-est du Mali.
MSF effectue en 2017 une campagne de vaccination contre le papillomavirus en Philippines, dans le cadre de ses opérations de santé reproductive et sexuelle.