Ebola en RDC : « Nous espérons que ce vaccin nous donnera plus d'options pour les épidémies à venir »

Centre de transit Ebola de Bunia, dans l'Est de la République démocratique du Congo.
Centre de transit Ebola de Bunia, dans l'Est de la République démocratique du Congo. © Pablo Garrigos/MSF

Ces dernières semaines, les préparatifs en vue de l’introduction d’un nouveau vaccin contre le virus Ebola se sont déroulés dans deux districts de santé de Goma, en République démocratique du Congo. 23 000 doses du vaccin Ad26.ZEBOV / MVA-BN-Filo sont arrivées, et l'étude clinique débutera le 14 novembre, comme annoncé par le ministère de la Santé.

Partenaire d’un consortium d’organisations internationales à l’origine de cette étude clinique, Médecins Sans Frontières va gérer sa mise en œuvre en collaboration avec le ministère de la Santé et l’Institut National de Recherche Biomédicale.

Les équipes communautaires de MSF ont rencontré les résidents des districts de santé de Majengo et de Kahembe, à Goma, afin de partager des informations sur le vaccin et répondre à leurs questions. Ces deux districts ont été identifiés en collaboration avec les autorités sanitaires et seront les premiers à bénéficier du vaccin.

Des équipes formées à la vaccination commenceront sur deux sites, puis quatre autres seront installés dans les prochaines semaines. Le vaccin sera proposé aux adultes et aux enfants âgés d'un an et plus, conformément au protocole de l'étude. L'étude clinique cible dans un premier temps 50 000 personnes, sur une période de quatre mois.

République démocratique du Congo.
 © Pablo Garrigos/MSF
République démocratique du Congo. © Pablo Garrigos/MSF

John Johnson est responsable de cette vaccination pour MSF et est actuellement à Goma pour le lancement du projet. Retour en 5 questions sur l’utilité et les objectifs de ce nouveau vaccin.

Pourquoi a-t-on besoin d’un deuxième vaccin contre Ebola ?

La vaccination est l'un des outils clés pour protéger les personnes du virus Ebola. Le vaccin rVSV-ZEBOV de Merck a démontré son efficacité et est devenu une ressource précieuse dans la lutte contre l’épidémie. L’introduction d’un deuxième vaccin ne vise pas à remplacer le vaccin rVSV, mais à le compléter et, espérons-le, à nous fournir un outil supplémentaire dans la lutte contre les futures épidémies d’Ebola. Comme il s’agit de la dixième épidémie d’Ebola en RDC, il est logique de travailler à la mise en place d’une autre option de vaccin dans le pays.
 

MSF soutient les centres de santé de Beni avec du personnel médical, des dons de médicaments et de matériel médical. 
 © Pablo Garrigos/MSF
MSF soutient les centres de santé de Beni avec du personnel médical, des dons de médicaments et de matériel médical.  © Pablo Garrigos/MSF

Quels sont ses objectifs spécifiques ?

L'objectif principal de l'étude est d'obtenir des données sur l'efficacité du vaccin en situation réelle. Des études en laboratoire montrent que ce vaccin génère une réponse immunitaire accrue contre Ebola, mais le seul moyen de confirmer son efficacité en dehors du laboratoire est de l'introduire pendant une épidémie. En termes simples, le but de cette étude est de prouver que le vaccin protège effectivement les personnes lors d’une épidémie réelle.

On l’étudie également en situation réelle pour savoir comment le vaccin sera accepté par la population, pour tester la faisabilité d'un schéma thérapeutique à deux doses en cas d'épidémie afin de voir si les personnes reviennent à temps pour leur deuxième dose. 

Bien que le vaccin J&J a présenté un bon profil d'innocuité lors d'études précédentes sur l'homme, nous allons bien sûr continuer à documenter les données d'innocuité. L'introduction et l'étude de ce vaccin en situation réelle vont faciliter son utilisation lors de futures épidémies.
 

Centre de santé de Kanzuli.
 © Pablo Garrigos/MSF
Centre de santé de Kanzuli. © Pablo Garrigos/MSF

Pourquoi ce vaccin en particulier a-t-il été choisi ? Quel gage de sécurité pour les personnes vaccinées ?

Le vaccin a été approuvé dans des recommandations provisoires par le Groupe stratégique consultatif d'experts (SAGE) en mai 2019. Il a été choisi parce qu'il a le potentiel le plus important, comparé aux autres vaccins candidats. Il a par ailleurs déjà passé les phases I et II des essais cliniques, avec la participation de plus de 6000 personnes volontaires. Ces études ont montré que le vaccin avait un excellent profil d'innocuité.

Quel est l'impact de la diminution du nombre de nouveaux cas d'Ebola sur l'étude ?

La réduction du nombre de nouveaux cas signalés chaque semaine est une bonne nouvelle, cependant il sera plus difficile d'établir l'efficacité du vaccin dans ce contexte. Notre objectif est d’offrir ce vaccin aux populations qui vivent à proximité de zones où le virus Ebola se transmet actuellement. Nous espérons que cela fournira une protection aux communautés à risque. 

Si l'épidémie se poursuit et atteint les zones où nous avons vacciné, nous pourrons alors confirmer si les personnes vaccinées sont effectivement protégées. Ce constat serait à la fois une victoire pour la population et une indication de l'efficacité du vaccin.

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