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Syrie : à Idlib, un « tsunami humain » et des hôpitaux bombardés quasi tous les jours

Despair and displacement in wintery northwest Syria
Le 8 janvier 2020, les équipes MSF ont organisé une distribution de fournitures de secours d'hiver (couvertures, chauffage, matelas...) dans un camp de déplacés situé dans la région de Jebel Harem, dans le nord-ouest de la Syrie. Le camp a été construit en 2019 et abrite environ 400 familles déplacées à l'intérieur du pays. © MSF

L'offensive militaire menée par le Gouvernement syrien et ses alliés dans le sud d'Idlib se poursuit, aggravant une situation déjà critique dans le nord-ouest de la Syrie. L’exode de population est massif dans la région et les hôpitaux sont bombardés quasi-quotidiennement, laissant très peu d’options pour accéder aux soins. 

En l'espace de deux mois (décembre 2019 et janvier 2020), près de 390 000 personnes ont fui leurs maisons ou les camps dans lesquels elles étaient déjà déplacées, pour échapper aux bombardements quotidiens et aux offensives terrestres. Sur les deux seules dernières semaines de janvier, 150 000 personnes ont fui et se retrouvent coincées entre la frontière turque fermée et une ligne de front en progression [1].

Dans le même temps l'accès aux soins de santé devient de plus en plus limité à mesure que la ligne de front se déplace et que le nombre de victimes augmente. « Un nombre important d'hôpitaux de la région ont été touchés et ont été partiellement ou totalement détruits dans le nord-ouest de la Syrie en l'espace de quelques mois seulement », explique Cristian Reynders, coordinateur du projet MSF pour le nord d'Idlib.

Réduction importante de l'accès aux soins

L'hôpital Maarat al Numan, l'un des plus grands hôpitaux de la région sud d'Idlib, a récemment été mis hors service à cause des bombardements. Plus récemment, le 29 janvier, un groupe d'opposition armé a fait irruption à l'hôpital central d'Idlib, l'un des autres grands centres de santé de la région, auquel MSF venait de faire don de matériel. Ils ont brièvement occupé l'établissement, malgré les protestations du personnel médical. 

La même nuit, l'hôpital d'Ariha a été touché par plusieurs frappes aériennes, qui ont entraîné des destructions importantes du bâtiment et de son entrepôt. La plupart des médicaments, fournitures et stock de carburant de l'hôpital ont été endommagés ou perdus et sa pharmacie a été détruite, tandis que des dizaines de blessés étaient encore transportés d'urgence dans l'établissement pour y être soignés.

Cristian Reynders :

 « Concrètement, avec les combats qui se poursuivent, les blessés ont de moins en moins de chances d'accéder aux services de santé. Si les gens doivent aller plus loin pour être soignés, les chances que leurs blessures s'aggravent ou la probabilité de mourir ne font qu’augmenter. »

Au cours des dernières semaines, MSF a fourni des trousses de premiers soins et des trousses chirurgicales à quatre hôpitaux situés à proximité des lignes de front, pour les aider à faire face à la situation. « Nous soutenons habituellement des installations situées dans le nord de la région et qui ne reçoivent pas de patients des zones les plus proches de la ligne de front. Mais il y a un appel à l'aide des structures qui soignent dans l’urgence et nous ne pouvons simplement pas l'ignorer », poursuit Cristian Reynders.

« La situation médicale et humanitaire est maintenant vraiment critique. Les bombardements des installations médicales de la région sont quasi quotidiens. L'hôpital que je gère est toujours debout, mais au cours des dernières semaines, cinq établissements autour de nous ont été partiellement ou entièrement détruits et sont hors-service », explique un médecin gérant l'un des établissements de santé de la région soutenu par MSF.

Des structures de santé saturées

« Nous sommes complètement dépassés par le nombre de patients transportés dans notre établissement faute d’alternative. Le personnel de l'hôpital peut vraiment ressentir la pression, physique et mentale. Nous travaillons sans arrêt, jusque tard dans la nuit, pour opérer et traiter toutes les personnes qui entrent et nous voyons nos fournitures diminuer considérablement, sans savoir comment ni si nous réussirons à en obtenir plus. Nous opérons également dans la peur constante d'être les prochains touchés », confie le même médecin. 

MSF a constitué un stock médical d’urgence pour soutenir 50 interventions chirurgicales, la prise en charge de 300 cas d’urgence et un millier de consultations dans les semaines à venir, afin de pouvoir répondre aux besoins des autres structures de santé. Parallèlement l’organisation poursuit ses évaluations dans le nord d’Idlib où des dizaines de milliers de personnes se sont installées et vivent dans des conditions extrêmes. Les nouveaux déplacés ont parfois du mal à trouver une tente dans les camps surpeuplés.

Camp de déplacés dans la région de Jebel Harem, dans le nord-ouest de la Syrie. Le camp accueille environ 120 familles, dont environ 50 nouvellement déplacées, qui ont fui en raison de la récente offensive militaire dans la province d'Idlib.
 © MSF
Camp de déplacés dans la région de Jebel Harem, dans le nord-ouest de la Syrie. Le camp accueille environ 120 familles, dont environ 50 nouvellement déplacées, qui ont fui en raison de la récente offensive militaire dans la province d'Idlib. © MSF

 « Ce que nous voyons ici maintenant, c'est comme un tsunami humain, ajoute le directeur de l'hôpital. Les gens essaient tous de fuir vers la frontière turque. Au cours des derniers jours on a vu des dizaines de milliers de personnes dans leurs voitures. Et en ce moment, il faut environ trois heures pour parcourir 30 kilomètres simplement parce que tout le monde fuit par la route. Pour le personnel médical, le choix est encore plus difficile : restons-nous pour soigner les malades et les blessés, ou fuyons-nous aussi ? Ma famille est partie il y a quelques jours et j'ai décidé de rester pour l'instant. Mais je n'ai plus de nouvelles depuis leur départ et je suis extrêmement inquiet. »

MSF accroît son aide aux familles nouvellement déplacées, en fournissant de l'eau potable dans les camps et en distribuant des articles essentiels tels que des couvertures et du matériel de chauffage, mais les besoins sont énormes et augmentent à mesure que les combats se poursuivent.

[1] Source : OCHA, situation report #7 : Recent developments in Northwest Syria (à partir du 29 janvier 2020)

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