États-Unis : malgré la fin du « titre 42 » les mesures restrictives contre les migrants perdurent

Vue d'un site informel de migrants à Reynosa au Mexique. 2022. 
Vue d'un site informel de migrants à Reynosa au Mexique. 2022.  © Yael Martínez/Magnum

L’administration Biden a officiellement mis fin à l’état d’urgence sanitaire lié à la Covid-19 sur le territoire américain, entraînant la fin du recours au « titre 42 ». Cet article, issu d’une loi de santé publique datant de 1944, a été invoqué par les autorités américaines pour permettre l’expulsion de 2,8 millions de personnes depuis 2020.

« Nous sommes soulagés que les autorités américaines ne puissent plus recourir au « titre 42 », explique Adriana Palomares, cheffe de mission MSF au Mexique et en Amérique centrale. Son utilisation était un détournement inhumain d’une loi ancienne, dont le seul but était de permettre des expulsions massives de personnes vulnérables ou en recherche de sécurité. »

Invoqué par l'administration Trump en 2020 et prolongé à plusieurs reprises par l'administration Biden, le titre 42 permettait le blocage et l'expulsion des migrants et demandeurs d’asile qui se présentaient à la frontière sud des États-Unis. Durant cette période, les équipes MSF présentes au Mexique ont été témoins des effets de cette politique désastreuse sur la santé des personnes en migration, notamment dans les villes de Reynosa, Matamoros, Piedras Negras et Ciudad Acuña où elles travaillent. 

« Malheureusement, les nouvelles règles mises en place dès aujourd’hui par l’administration Biden vont continuer d’empêcher de nombreuses personnes d’accéder à une protection, poursuit Adriana Palomares. Les autorités américaines avaient promis de construire un système d’immigration sûr, juste et humain. Au lieu de cela, elles mettent de nouveau en place des mesures restrictives. »

Désormais, le seul moyen de déposer une demande d’asile est d’obtenir un rendez-vous via une application pour smartphone intitulée CBP One. Les témoignages recueillis par les équipes MSF au Mexique mettent en avant un système complexe voire même dissuasif. Il y a très peu de créneaux disponibles et les lieux de rendez-vous proposés se trouvent parfois à des milliers de kilomètres.

« Cela fait cinq jours que je ne peux plus me connecter à l'application, explique Magaly, une Vénézuélienne de 29 ans qui vit actuellement à Matamoros au Mexique. Avant, je me connectais tous les jours. J'ai reçu un message d'erreur, et depuis ça ne marche plus. » Elle avait pourtant réussi à prendre rendez-vous avec l’administration américaine, mais les agents de l’immigration ont refusé de conduire l’entretien, car elle n’avait pas inscrit ses deux filles âgées de trois et cinq ans. 


« Le durcissement des mesures contre les migrants et le manque d'options légales efficaces pour rejoindre les États-Unis ont un impact sérieux sur la santé des migrants, conclut Adriana Palomares. Il est urgent qu'un système d'asile digne et sûr soit rétabli pour tous. »

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