01

Contexte

L’hépatite C est une maladie du foie causée par le virus de l’hépatite C (VHC), véhiculé par le sang. La maladie se transmet principalement par des pratiques d’injections à risque, la réutilisation ou la stérilisation insuffisante de matériel médical et la transfusion de sang ou de produits sanguins non testés. Le virus peut provoquer une infection aiguë ou chronique, qui varie de symptômes bénins pendant quelques semaines à une maladie grave à vie. Les personnes infectées sont souvent asymptomatiques pendant de nombreuses années bien qu’en cas d’infection aiguë, des symptômes se manifestent (fièvre, fatigue, perte d’appétit, nausées, vomissements, des douleurs abdominales, douleurs articulaires etc.).
Entre 70 et 100 millions de personnes vivent aujourd'hui avec une infection chronique par le VHC dans le monde et ce virus tue 400 000 personnes chaque année, en grande majorité dans les pays à revenu faible et intermédiaire où les populations ont peu, voire aucun accès au diagnostic et au traitement. L’Asie centrale et orientale, l’Égypte, la Chine et le Pakistan sont principalement touchés par la maladie. Jusque récemment, les seuls traitements disponibles contre l’hépatite C étaient extrêmement longs et compliqués, et le taux de guérison très faible. 
 
Ces dernières années, de nouveaux médicaments appelés antiviraux à action directe (AAD) ont été mis au point, comme le sofosbuvir (sous la marque Solvadi®), le daclatasvir et le ravidasvir. Ils permettent de traiter la maladie en un temps plus court, par voie orale, avec peu d’effets secondaires. Ces nouveaux médicaments sont très efficaces, mais ils peuvent être très chers dans les pays à revenu élevé et intermédiaire. Malgré une baisse – relative  – des prix et la simplification du diagnostic et du traitement, on estime qu'environ 10 millions de personnes seulement sont mises sous traitement (principalement dans les pays où la prévalence est particulièrement haute : Malaisie, Géorgie, Égypte). Les laboratoires pharmaceutiques et les différentes politiques sanitaires devraient permettre de généraliser de l’accès aux AAD, dont l'utilisation est recommandée par les nouvelles directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2018. 

Source : OMS, 2020
Source : OMS, 2020

Les médicaments actuels contre l’hépatite C sont très efficaces mais leur prix élevé les rend inabordables, surtout dans les pays à revenu intermédiaire. MSF et d’autres groupes de la société civile ont remis en question les brevets et fait pression sur les laboratoires pharmaceutiques pour qu’ils baissent leurs prix.
 

02

De nouveaux traitements et une approche simplifiée des soins

Au cours de la dernière décennie, l'apparition des nouveaux traitements contre l’hépatite C, dits antiviraux à action directe (AAD), a représenté des progrès considérables dans la lutte contre la maladie. Le sofosbuvir par exemple, constitue une avancée majeure, avec des taux de guérison de plus de 90 %, contre 50 % auparavant. Le daclatasvir ainsi que le ravidasvir – dont le développement est financé par le fabricant égyptien de génériques Pharco Pharmaceuticals et le DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative) –, montrent également de très bons résultats. Plusieurs combinaisons thérapeutiques d'AAD, administrées par voie orale sur une durée trois mois seulement, sont extrêmement efficaces, avec des taux de guérison proches des 100 %. 
 
Depuis le milieu des années 2010, Médecins Sans Frontières (MSF) a progressivement mis en place des projets de dépistage et de prise en charge de la l'hépatite C, comme au Cambodge, dans l'objectif de passer d’un modèle de soins spécialisé et disponible dans des hôpitaux à un modèle simplifié, adapté aux zones rurales, et moins cher. En 2016, MSF a ouvert, en partenariat avec le ministère cambodgien de la Santé, un projet dédié à la prise en charge de personnes atteintes d'hépatite C à l’hôpital Preah Kossamak de Phnom Penh, pour améliorer l’accès des patients aux AAD.

Le début de la prise du traitement peut désormais se faire dix jours après le dépistage de la maladie, là où auparavant le diagnostic pouvait prendre jusqu'à cinq mois et nécessitait huit rendez-vous médicaux. La simplification tient également à l'unicité du traitement : tous les patients reçoivent désormais le même, quels que soient le type et le stade de leur maladie, supprimant ainsi les analyses de prétraitement autrefois requises. L'importante fiabilité des AAD permet également la suppression de tests complémentaires : aujourd'hui, ce ne sont plus 16 consultations médicales qui sont nécessaires, cinq suffisent. L'allègement du nombre de rendez-vous dans le suivi des soins permet à une même équipe médicale de traiter davantage de patients.

30 000

Entre 2017 et 2019, les équipes MSF ont mis sous traitement plus de 30 000 personnes atteintes d'hépatite C.  

L’objectif est de simplifier encore le traitement de l’hépatite C en étant plus proche des patients et leur éviter un trajet qui peut prendre des heures pour se rendre à l'hôpital. Au Cambodge, MSF met en œuvre un système de soins décentralisé dans des centres de santé des districts ruraux de la province de Battambang.

03

Rendre les antiviraux à action directe accessibles à tous

Le prix du traitement varie en fonction des pays mais reste inaccessible pour les pays à revenu faible et intermédiaire. La politique de prix prohibitifs mise en place par les laboratoires pharmaceutiques Gilead et Bristol Myers-Squibb par exemple, freine considérablement l’accès au sofosbuvir. En 2015, le prix de ce traitement pouvait en effet atteindre 147 000 dollars (US). Après des années de mobilisation, MSF parvient à obtenir en 2017,  un traitement de 12 semaines à un prix de 120 USD, en concluant un accord pour l’achat de versions génériques du sofosbuvir et du daclatasvir. En utilisant des AAD génériques, MSF peut aujourd'hui garantir un prix spécial de 75 dollars (US) par traitement dans la plupart de ses projets et a pu augmenter le nombre de patients admis en traitement contre l’hépatite C. La Campagne d'accès aux médicaments essentiels (CAME), créée en 1999 par MSF, exhorte ainsi les États à utiliser tous les moyens pour faire en sorte de bénéficier des mêmes prix, car ils constituent une barrière d’accès aux soins pour des millions de personnes dans le monde. En 2021, une étude menée par MSF et Epicentre au Cambodge a permis de montrer qu'un modèle de soins très simplifié et décentralisé dans un système public et rural de santé est capable d’assurer un bon suivi des patients sans compromettre l'efficacité et la sécurité du traitement.

[L'expresso] L’hépatite C