Yémen : afflux de blessés de guerre dans plusieurs zones du pays

ecole Haydan
L'école de Haydan bombardée en 2016 par la coalition internationale dirigée par l'Arabie Saoudite © Agnès Varraine-Leca

Alors que le conflit s'intensifie sur plusieurs lignes de front au Yémen, MSF fait face à un afflux de blessés dans les gouvernorats de Hodeïdah, Hajjah, Aden, Saada et Taëz. À Hodeïdah, une nouvelle offensive a été lancée le 1er novembre par les forces loyales au président Hadi, soutenues par la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis contre les troupes d'Ansar Allah, entraînant de violents combats au sol et menaçant la vie de milliers de civils.

A l'hôpital Al Salakhana de Hodeïdah, les équipes de MSF ont soigné 24 blessés de guerre entre le 1er et le 6 novembre. Parmi eux se trouvaient cinq femmes et neuf enfants de moins de 15 ans, dont 17 ont été blessés par des explosions. Sur la même période, 50 autres personnes, blessées pour la plupart par des explosions et par balles, ont été soignées dans l'hôpital chirurgical MSF de Mocha, situé à 180 km au sud de Hodeïdah. Parmi eux se trouvaient trois femmes et huit enfants de moins de 15 ans.

Cet afflux fait suite à l’intensification des combats au sol et des bombardements aériens dans Hodeïdah depuis jeudi dernier. « L’offensive, menée avec le soutien de la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes, s’accompagne d’un déploiement de troupes au sol. Elles se sont rapidement déployées autour de la ville, faisant craindre un siège qui pourrait affecter des dizaines de milliers de civils qui vivent encore à Hodeidah », explique Frédéric Bertrand, chef de mission MSF au Yémen.

« Lundi après-midi (5 novembre), des affrontements au sol ont eu lieu près des logements des équipes MSF et de l'hôpital Al Salakhana où nous travaillons, ce qui représente un développement préoccupant. Tous les jours, nous entendons des frappes aériennes et des tirs dans la ville », ajoute Frédéric Bertrand. Le même jour, d'intenses combats près de l'hôpital Al Salakhana ont contraint les équipes à rester à l’intérieur de l’hôpital, pour leur sécurité.

La sécurité des patients et du personnel menacée

« Des mouvements de civils quittant Hodeidah ont été rapportés le week-end dernier mais il est difficile d'évaluer combien de personnes ont déjà quitté la ville. Des civils seraient bloqués à l'intérieur de la ville à cause des combats au sol et des bombardements aériens » précise Frédéric Bertrand.

La coalition a mené de nombreuses frappes aériennes par dans plusieurs autres régions du pays. Lundi soir les équipes de MSF ont reçu 16 blessés de guerre à Abs et 18 à Hajjah suite à une recrudescence des combats sur les lignes de front alentour.

Des raids aériens quotidiens sont également rapportés dans le district de Haydan dans le gouvernorat de Saada, la région la plus bombardée depuis mars 2015. MSF travaille à l'hôpital de Haydan, qui a été frappé par la coalition il y a trois ans.

Les équipes de MSF observent également une augmentation du nombre de blessés de guerre à l'hôpital d’Aden, en provenance de Hodeidah et de Taëz. Entre le 1er et le 6 novembre, 16 personnes ont été admises à l'hôpital d'Aden pour des blessures de guerre. Elles ont dû faire six heures de route pour accéder à des soins médicaux et chirurgicaux urgents.

Alors que les combats s'intensifient à Hodeidah et dans plusieurs zones du pays, MSF s’inquiète de la sécurité des patients et du personnel dans ses hôpitaux et structures de soins, ainsi que pour celle de milliers de civils vivant à proximité des lignes de front, notamment à Hodeidah. Toutes les parties au conflit doivent veiller à la protection des civils et des hôpitaux.

À lire aussi