Syrie : un employé de MSF tué dans le camp d’Al Hol où la situation sécuritaire est critique

Dans le camp d'Al-Hol dans le nord-est de la Syrie, plus de 90 % des habitants du camp sont des femmes et des enfants ; les deux tiers ont moins de 18 ans. 2020.
Dans le camp d'Al-Hol dans le nord-est de la Syrie, plus de 90 % des habitants du camp sont des femmes et des enfants ; les deux tiers ont moins de 18 ans. 2020. © Ricardo Garcia Vilanova / MSF

Un employé de MSF a été tué et trois autres ont été blessés lors de deux incidents survenus en moins d’une semaine, dans le camp de déplacés d'Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie. Ces incidents graves rappellent une nouvelle fois les problèmes de sécurité inacceptables auxquels sont confrontés les résidents du camp, dont les deux tiers sont des enfants.

Deux incidents graves

Dans la nuit du 24 février, un membre de l'équipe de MSF a été tué dans la tente où il vivait.

« Dans la nuit du 24 février, notre collègue était en famille au moment des faits, explique Will Turner, responsable des urgences de MSF pour la Syrie. Nous essayons de mieux comprendre la situation et les circonstances de sa mort. MSF apporte son soutien à la famille endeuillée en cette période difficile, et nous adressons nos plus sincères condoléances à celle-ci ainsi qu’aux amis de notre collègue. »

Dans la soirée du 27 février, soit trois jours plus tard, un incendie s'est déclaré dans une tente où des personnes étaient rassemblées pour célébrer un mariage, après qu'un enfant a accidentellement heurté un chauffage au fuel.

L'incendie s'est propagé aux tentes voisines. Au moins sept personnes ont été tuées dans l'incendie, dont la fillette de quatre ans d'un membre du personnel de MSF. Une trentaine de personnes ont été blessées, dont trois employés de MSF et plusieurs membres de leur famille. De nombreux blessés ont été emmenés dans les hôpitaux de la ville d'Al-Hassakeh pour y être soignés.

La situation en termes de sécurité et de sûreté dans le camp d'Al-Hol est critique depuis deux ans. Cette année, la situation s'est encore détériorée, avec plus de 30 meurtres commis depuis janvier. La plupart des personnes tuées ont été visées par des armes à feu, d'autres ont été tuées par des balles perdues ou des attaques au couteau.  

Au cours de la seconde moitié du mois de janvier, quatre personnes blessées par balles lors de deux incidents distincts, dont une mère et son enfant, ont été pris en charge dans une clinique MSF du camp qui soigne les enfants souffrant de malnutrition.

Appel à la responsabilité de la communauté internationale

En raison de l'aggravation de la situation sécuritaire à Al-Hol, MSF a été contrainte de suspendre temporairement ses activités externes dans le camp, notamment les soins médicaux dispensés dans les tentes où vivent les déplacés, ainsi que certaines activités relatives à l’approvisionnement et à l’assainissement de l’eau. 

Ces récents incidents tragiques soulignent les conditions dangereuses dans lesquelles vivent les résidents du camp d’Al-Hol. Celui-ci est sous le contrôle des autorités locales et de forces de sécurité, qui empêchent la plupart des résidents de quitter le périmètre du camp. 

« La fréquence des assassinats est choquante, souvent les personnes sont tuées dans les tentes où il vivent, déclare Will Turner. Beaucoup de ceux qui ont été tués laissent derrière eux des enfants qui n'ont personne d'autre pour s'occuper d'eux. Les autorités ont la responsabilité d'assurer la sécurité des personnes, à tout moment. Ce n'est pas un environnement sûr et certainement pas un endroit approprié pour le développement et la santé des enfants. Il faut mettre fin à cette situation cauchemardesque. »

MSF appelle la communauté internationale et les pays dont des ressortissants vivent dans le camp d'Al-Hol, à prendre leur responsabilité afin de trouver des solutions viables pour le bien des résidents du camp. Ces solutions doivent prendre en compte la volonté des personnes concernées, ainsi que les normes juridiques internationales et le droit humanitaire.

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