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Libye : MSF suspend ses activités dans les centres de détention de Tripoli en raison de violences répétées à l’encontre des réfugiés et des migrants

Hommes retenus dans le centre de détention d'Abu Salim, Tripoli (Libye).
Hommes retenus dans le centre de détention d'Abu Salim, Tripoli (Libye). © Guillaume Binet/Myop

Suite à une série d’épisodes de violences contre les réfugiés et les migrants détenus dans les centres de détention de Al-Mabani et Abu Salim à Tripoli, Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé la suspension des activités que ses équipes y menaient.

« Ce n'est pas une décision facile, car cela signifie que nous ne serons plus présents auprès des gens qui souffrent dans ces centres de détention », a déclaré Béatrice Lau, cheffe de mission MSF en Libye. « Cependant, la récurrence d'incidents particulièrement violents envers les réfugiés et les migrants, ainsi que le risque pour la sécurité de notre personnel, rendent la situation inacceptable. Sans une amélioration des conditions de détention et l’arrêt des violences, MSF ne pourra plus fournir d’aide et de soins médicaux dans ces centres. »

Depuis le mois de février, les mauvais traitements, abus physiques et violences à l'encontre des personnes détenues ont progressivement augmenté. En l'espace d'une semaine, au moins trois épisodes de violence ont eu lieu.

Le 17 juin, dans le centre de détention d’Al-Mabani, où l'on estime qu'au moins 2 000 personnes sont détenues dans des cellules surpeuplées, les équipes de MSF ont été témoins de violences perpétrées par les gardes et notamment du passage à tabac indiscriminé de personnes qui tentaient de quitter leur cellule pour des consultations avec des médecins de MSF.

L'équipe MSF a reçu des informations faisant état de tensions accrues la nuit précédente, qui ont donné lieu à des violences de masse et fait plusieurs blessés parmi les migrants et les réfugiés ainsi que parmi les gardes. MSF a traité 19 patients souffrant de blessures causées par les coups, notamment des fractures, des coupures et des traumatismes contondants. Un enfant non accompagné a été gravement blessé au niveau des chevilles, le rendant incapable de marcher.

La même semaine, le 13 juin, des armes automatiques ont été utilisées contre des personnes migrantes détenues dans le centre de détention d'Abu Salim, faisant plusieurs victimes, selon les informations reçues par les équipes de MSF. Pendant les sept jours qui ont suivi l'incident, les équipes se sont vu refuser l'accès au centre de détention

L'augmentation des violences dans les centres de détention de Tripoli depuis le début de l'année 2021 va de pair avec l'augmentation significative du nombre de réfugiés, de migrants et de demandeurs d'asile interceptés en mer par les garde-côtes libyens financés par l'UE.

Au 19 juin, plus de 14 000 personnes avaient été interceptées, renvoyées en Libye et enfermées dans des centres de détention, dépassant le nombre de retours forcés pour toute l'année 2020.

Il en résulte une grave surpopulation et une détérioration des conditions de détention déjà déplorables. La plupart des centres de détention manquent de ventilation et de lumière naturelle. Dans les plus surpeuplés, jusqu'à quatre personnes doivent se partager un espace d'un mètre carré - ce qui oblige les gens à se relayer pour s'allonger et dormir. Les détenus n'ont pas d’accès régulier à l'eau potable et aux installations sanitaires.

De plus, les migrants et les réfugiés qui y sont enfermés manquent de nourriture. Ils reçoivent un ou deux petits repas par jour, généralement un morceau de pain avec du fromage ou une assiette de macaroni à partager entre plusieurs personnes. Les médecins de MSF ont observé que les détenus utilisent parfois leurs médicaments pour gérer la faim. En raison du manque d'aliments nutritifs, certaines femmes sont incapables de produire du lait pour nourrir leurs bébés. Une femme a expliqué à une équipe de MSF qu’étant incapable de nourrir son bébé de cinq jours, elle a essayé de lui donner sa ration d'aliments solides pour qu'il ne meure pas de faim.

MSF appelle à l’arrêt de la violence et à l'amélioration des conditions de vie extrêmes des réfugiés et des migrants piégés dans les centres de détention d’Al-Mabani et d'Abu Salim. MSF réitère également son appel pour la fin de la détention arbitraire en Libye, et pour l'évacuation immédiate de Libye des réfugiés, demandeurs d'asile et migrants, dont la vie est en danger - y compris dans les centres de détention.

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