Gaza : la complicité du Conseil de sécurité dans le carnage en cours doit cesser

Patients dans l'hôpital Al Aqsa
Patients au sein de l'hôpital Al Aqsa - 29 novembre 2023 © Mohammed ABED

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit exiger un cessez-le-feu immédiat et durable, afin de lever le siège et de garantir l’aide sans restriction à l'ensemble de la bande de Gaza. Les blocages au sein du Conseil de sécurité, en particulier celui des États-Unis, et les hésitations d’autres pays membres, notamment la France, les rendent complices du massacre en cours.

Massacres indiscriminés

Depuis la fin de la trêve de sept jours, les massacres indiscriminés et les déplacements forcés ont repris avec une intensité sidérante. A l'hôpital Al-Aqsa seulement, 1 149 patients ont été reçus aux urgences du 1er au 7 décembre, dont 350 étaient morts à leur arrivée. Le 6 décembre, l'hôpital a reçu plus de patients morts que de blessés.

Notre personnel médical dans la bande de Gaza a été témoin d’atrocités continues et systématiques au cours des huit dernières semaines. La campagne israélienne de bombardements incessants, la faim, le déni d'accès aux soins et les déplacements forcés répétés rendent insoutenables les conditions de vie de plus de deux millions de personnes. Les gens sont dans la rue, sous la pluie, avec peu ou pas d'installations sanitaires.  Nous constatons une augmentation significative des maladies infectieuses, notamment des diarrhées, des infections respiratoires aiguës, des infections cutanées et d’épidémies telles que l'hépatite.

« Aujourd'hui, l'aide est dérisoire, loin d’être à la hauteur des besoins. Nos collègues se sentent impuissants lorsqu'ils entendent des enfants leur dire qu'ils préféreraient mourir plutôt que de continuer à souffrir. A cause du siège cruel qui leur est imposé, les gens cherchent désespérément de la nourriture. Si nos médecins ne peuvent plus rien faire pour les morts, encore y a-t-il une chance de sauver les vivants. Il serait impardonnable de ne pas agir, de ne pas décréter un cessez-le-feu et de ne pas mettre fin au siège », déclare Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF International.

Cessez-le-feu

Les États-Unis et Israël répètent à l'envi que la guerre vise uniquement les combattants, à l’opposé de la réalité constatée sur le terrain. Nous voyons au contraire une guerre totale qui s’abat sur les civils. A Khan Younes, les équipes de MSF ont été contraintes de quitter l'hôpital Nasser le 4 décembre au soir, en raison de l'intensité des bombardements. Certains membres du personnel du ministère de la Santé ont également décidé de partir, craignant de subir les mêmes violences que celles observées dans les hôpitaux du nord de la bande de Gaza. Le week-end précédant leur départ, nos collègues ont vu affluer en masse les blessés, vague après vague. Depuis le 7 octobre, l'hôpital Nasser a reçu 5 166 blessés et 1 468 patients déclarés morts à leur arrivée, dont 70% étaient des femmes et des enfants. Les ordres d'évacuation envoyés par Israël créent la panique, les gens n'ont nulle part où aller, ils ont été bombardés dans le nord, dans le sud et à la frontière de Rafah.

Nous sommes consternés face à l'intransigeance du gouvernement israélien. Les trêves temporaires, les pauses humanitaires et le mince filet d'aide qui a été autorisé jusqu'à présent sont scandaleusement insuffisants. Il faudra des années d’aide humanitaire et de prise en charge médicale pour réparer les dommages causés par cette guerre. Une chose est claire : l’intensification de l'aide humanitaire n’aura pas lieu sans un cessez-le-feu.

Aujourd'hui, le Conseil de sécurité des Nations unies doit décréter un cessez-le-feu immédiat et durable et lever le siège sur Gaza. C’est une responsabilité qui incombe à chacun des membres. L'histoire jugera le retard accumulé pour mettre fin à ce massacre. Il faut agir, au nom du principe même d’humanité.

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