Vers un diagnostic de la tuberculose plus simple chez les personnes vivant avec le VIH/Sida

Une infirmière collecte des échantillons tuberculeux dans le projet MSF d'Eshowe. Afrique du Sud. 2020. 
Une infirmière collecte des échantillons tuberculeux dans le projet MSF d'Eshowe. Afrique du Sud. 2020.  © Tadeu Andre/MSF

La tuberculose, notamment chez les personnes séropositives, reste encore trop largement sous-diagnostiquée et donc non traitée tant son diagnostic reste un défi majeur dans les pays à ressources limitées. Pour répondre à cette problématique, Épicentre et Médecins Sans Frontières, avec le soutien de l’Agence nationale de recherches sur le Sida et les hépatites virales (ANRS), évaluent un nouveau test (FujiLAM). Déployé aujourd’hui en Afrique du Sud, en Ouganda, au Mozambique et au Kenya, il associe facilité d’usage, accessibilité et sensibilité.

La tuberculose est la première cause de mortalité par maladie infectieuse dans le monde. Selon l’OMS, chaque année 10 millions de personnes sont diagnostiquées et 1,5 million en décèdent. Un quart des nouveaux cas surviennent sur le continent africain où la tuberculose se répand d’autant plus rapidement que la proportion de personnes vivant avec le VIH/Sida est élevée.

Tuberculose et VIH : un duo pernicieux

Les personnes infectées par le VIH/Sida ont jusqu’à 30 fois plus de risques de développer une tuberculose. Le VIH/Sida diminue en effet les défenses immunitaires ce qui rend les personnes séropositives d’autant plus vulnérables. 250 000 personnes dans le monde seraient décédées d’une tuberculose associée au VIH/Sida en 2018.

« Malheureusement trop de personnes ne savent pas qu’elles sont malades de la tuberculose », déplore Helena Huerga, épidémiologiste à Épicentre et responsable des projets de recherche sur la tuberculose. Et sans diagnostic, pas de traitement. D’où l’urgence de développer des tests fiables et accessibles pour cette population.

Diagnostiquer la tuberculose : un défi

« Les diagnostics moléculaires automatisés tels que le Xpert MTB/RIF font preuve d’une bonne performance, poursuit Helena Huerga, mais en raison de leur coût, du besoin en électricité et de l’infrastructure de laboratoire nécessaires, ils sont peu disponibles dans certains milieux à ressources limitées où, par conséquent, le diagnostic repose encore souvent sur l’analyse des crachats par microscopie. »

La mise au point et l’évaluation de tests plus faciles à utiliser représentent un enjeu pour améliorer la prise en charge des patients et leur proposer un traitement plus rapidement. Les derniers-nés dans ce domaine consistent à analyser un antigène dans des échantillons d’urine, indicateur de la présence de la mycobactérie à l’origine de la tuberculose. Le prélèvement d'urine constitue en outre une alternative pour les personnes séropositives, qui lorsqu’elles sont à un stade avancé de la maladie sont parfois incapables de produire des crachats. 

« Nous avons dans un premier temps évalué le test AlereLAM, rappelle Helena Huerga. Malgré la sensibilité limitée de ce test, son utilisation permet de commencer un traitement antituberculeux immédiatement après un résultat positif et de réduire la mortalité chez les patients hospitalisés. » Aujourd’hui, AlereLAM est recommandé pour le diagnostic de la tuberculose chez les personnes séropositives présentant des symptômes de tuberculose.

FujiLAM : un test plus sensible en évaluation

Entre-temps, d’autres tests a priori plus sensibles ont été développés. Épicentre a ainsi lancé une étude pour évaluer le test FujiLAM qui peut détecter des concentrations d’antigène 30 fois inférieures à celles d'AlereLAM. « Une première étude utilisant des échantillons d'urine congelés a révélé une sensibilité avec le FujiLAM de 70 % chez les patients séropositifs hospitalisés, détaille l’épidémiologiste. Dans cette étude, la sensibilité du FujiLAM était supérieure de 28 % à celle de l'AlereLAM. » Ces premiers résultats laissent entrevoir une possible amélioration du diagnostic de la tuberculose chez les patients séropositifs.

Financée par l’ANRS et MSF, l’étude est en cours et inclut deux types de population en ambulatoire : des patients séropositifs présentant des symptômes de tuberculose et des patients séropositifs atteints du VIH/Sida à un stade avancé et ne présentant aucun signe ou symptôme de tuberculose.

Environ 1800 patients seront recrutés sur quatre sites où les prévalences de VIH/Sida et de tuberculose sont élevées : à l'hôpital régional de référence de Mbarara en Ouganda ; à l'hôpital du district de Homa Bay au Kenya ; dans le centre de santé Alto Maé à Maputo au Mozambique ; dans la clinique Eshowe Gateway et l’hôpital de district d’Eshowe, dans le KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud.

Mieux diagnostiquer pour mieux traiter

Le diagnostic ouvre la voie à un traitement, sans lequel l’issue peut rapidement être fatale pour le patient. Ce traitement consiste généralement en l’association de 4 antibiotiques pendant 6 mois. Mais ce traitement reste long et des formes résistantes de la tuberculose continuent d’émerger. Plusieurs projets d’envergure associant Épicentre, MSF et d’autres partenaires sont en cours pour mettre au jour de nouvelles stratégies thérapeutiques pour traiter la tuberculose.

À lire aussi