« La peur au ventre » : un documentaire pour alerter sur la crise nutritionnelle dans le nord-ouest du Nigeria

Soirée projection du documentaire « La peur au ventre » à Paris
© MSF

Le documentaire « La peur au ventre », met en lumière la crise nutritionnelle que connaît actuellement le nord-ouest du Nigeria. Tourné dans l’État de Katsina, il donne la parole aux communautés nigérianes qui tentent de survivre entre les attaques fréquentes de gangs armés, que la population appelle « bandits », des mauvaises récoltes sur fond de crise économique renforcée par la Covid-19.

Alors que le pic de malnutrition annuel est censé être passé au Nigeria, les lits du centre nutritionnel thérapeutique intensif de la ville de Katsina sont toujours occupés par des dizaines d’enfants sévèrement malnutris. Pour certains médecins, comme le docteur Alibaba Nurudeen qui travaille sur place et témoigne dans le documentaire, il s’agit de la partie émergée de l’iceberg, dans une région confrontée à une vague de violences sans précédent.

Sur place, les enlèvements contre rançon, assassinats, viols et attaques de gangs armés menacent la vie de milliers de personnes, empêchant les fermiers de cultiver leurs terres et les familles de se rendre au marché, à l’hôpital ou encore à l’école. 

Tourné par l’équipe du réalisateur nigérian Kachi Benson (Daughters of Chibok, 2019), « La peur au ventre » raconte l’histoire de mères, comme Hadiza et Fatima, qui parcourent des kilomètres sur des routes dangereuses pour faire soigner leurs enfants malnutris, et celle de familles entières qui peinent aujourd’hui à se nourrir dans une zone où la malnutrition est endémique, et où les acteurs de santé et les financements manquent.

« Les prévisions en matière de sécurité alimentaire sont inquiétantes pour 2022, alerte Michel-Olivier Lacharité, responsable des urgences pour MSF. Les récoltes sont mauvaises, le prix des denrées alimentaires est en forte augmentation à l’échelle mondiale ce qui risque d’affecter toutes les opérations nutritionnelles, dont celles dans le nord-ouest du Nigeria. Les bailleurs internationaux et les acteurs humanitaires doivent se mobiliser en urgence dans la région. »

Plusieurs enquêtes nutritionnelles faisaient déjà état de taux de malnutrition alarmants cet été. Celle menée par MSF dans la ville de Jibia en juin 2021 indiquait une prévalence de la malnutrition aiguë globale à 26,1% et celle de la malnutrition aiguë sévère à 7,4%.

Les équipes de MSF travaillent main dans la main avec le Ministère de la santé nigérian pour améliorer la prise en charge des enfants malnutris dans les centres thérapeutiques nutritionnels de l’État de Katsina. Entre les mois d’août et de décembre 2021, MSF a pris en charge près de 15 500 enfants malnutris, 64% d’entre eux souffraient de malnutrition aiguë sévère.

Nombreuses sont les familles nigérianes qui se tournent vers les structures de santé du Niger voisin pour que leurs enfants aient accès à des soins médico-nutritionnels. En 2021, le nombre d’enfants sévèrement malnutris en provenance du Nigeria a augmenté de 58% par rapport à 2020 dans le district de Madarounfa*, frontalier avec l'État de Katsina. Près de 30 000 enfants ont été hospitalisés l’an dernier dans la région de Maradi*, dont une grande partie était originaire de Katsina.

* dans les centres de santé soutenus par MSF

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