Grèce : un rapport MSF dénonce l’ampleur des souffrances causées par le système des « hotspots » mis en place par l’Union européenne

À l'heure actuelle, 13 000 personnes sont bloquées dans un camp conçu pour n'en accueillir que 3 000. La plupart des enfants que voient nos équipes souffrent de maladies directement liées aux conditions de vie telles que les infections des voies respiratoires, les maladies de la peau, la fièvre et la diarrhée.
À l'heure actuelle, 13 000 personnes sont bloquées dans un camp conçu pour n'en accueillir que 3 000. La plupart des enfants que voient nos équipes souffrent de maladies directement liées aux conditions de vie telles que les infections des voies respiratoires, les maladies de la peau, la fièvre et la diarrhée. © Anna Pantelia/MSF

Les conclusions d’un rapport publié cette semaine par Médecins Sans Frontières (MSF) mettent en lumière les ravages des politiques migratoires européennes sur la santé des demandeurs d'asile, réfugiés et des autres personnes migrantes bloquées sur les îles grecques.

« Depuis plus de cinq ans et l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie, la politique de l'Union européenne (UE) consistant à contenir les gens et à traiter leurs demandes d'asile dans des hotspots, sur les îles grecques, a créé une crise sans précédent et une énorme souffrance », a déclaré Reem Mussa, spécialiste MSF de la migration et l'une des auteures du rapport.

En 2019 et 2020, les psychologues de MSF à Chios, Lesbos et Samos ont soigné 1369 patients, dont beaucoup souffraient de graves troubles psychologiques, notamment de stress post-traumatique et de dépression. Plus de 180 personnes soignées par MSF s'étaient automutilées ou avaient tenté de se suicider. Deux tiers d'entre elles étaient des enfants, la plus jeune n'avait que six ans. Vivre dans des conditions insalubres, mener des procédures administratives interminables pour obtenir l'asile, être exposé à la violence et à l'insécurité, être séparé de sa famille, ne pas pouvoir se soigner, sont des sources de stress et d’inquiétude, auxquelles s’ajoute la crainte permanente d’une expulsion.

De plus, pendant des années, les besoins vitaux les plus élémentaires ont été négligés sur les îles grecques. MSF et d'autres ONG ont continuellement été obligées d'intervenir pour fournir ces services fondamentaux, allant des soins de santé à l’approvisionnement en eau. Entre octobre 2019 et mai 2021, les équipes de MSF ont acheminé par camion plus de 43 millions de litres d'eau potable pour les habitants du hotspot surpeuplé de Vathy, sur l’île de Samos, où l'eau est impropre à la consommation.  

« Il est choquant de constater que le hotspot de Moria sur l’île de Lesbos sert désormais de modèle pour un nouveau centre de type carcéral à Samos. Ce dernier, situé dans une zone isolée et exposée de l'île, accueillera des personnes dans des conteneurs, entourés de fils barbelés, avec des entrées et sorties contrôlées. Ce projet est vendu comme une amélioration des conditions de vie des gens, alors qu’il continuera, au contraire, à détériorer la santé mentale des personnes, à provoquer une nouvelle crise de protection et à rendre encore plus invisible la souffrance des personnes piégées sur les îles grecques » explique Iorgos Karagiannis, chef de mission.

« L'UE et ses États membres doivent mettre fin aux politiques de confinement et faire en sorte que les personnes arrivant en Europe aient accès à une aide d'urgence. Ils doivent faciliter l'accès à la protection et à la relocalisation vers un accueil et une intégration sûre à travers l'Europe », conclut Reem Mussa.

Le rapport en anglais « Constructing crisis at europe's border » est téléchargeable en bas de cette page.

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