Gaza : l’Union européenne doit enfin agir pour mettre fin à l’éradication du peuple palestinien

Gaza Press Conference, Brussels, June 2025
Virginia Moneti (médecin de retour de Gaza) et Chris Lockyear (Secrétaire générale de MSF) lors de la conférence de presse sur Gaza qui s'est tenue à Bruxelles le lundi 26 juin 2025, en amont d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.  © Bruno De Cock/MSF

L'hypocrisie et l'inaction de l'Union européenne et de ses États membres ont permis à Israël de poursuivre la guerre totale contre les Palestiniens à Gaza en toute impunité, a déclaré Médecins Sans Frontières (MSF) lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 16 juin 2025. MSF appelle à faciliter l'acheminement de l’aide à la hauteur des besoins dans la bande de Gaza, à arrêter l’éradication des civils et à rétablir immédiatement un cessez-le-feu durable, et exhorte les gouvernements européens à agir de manière décisive pour accélérer ce processus. 

Destruction méthodique

Depuis plus de 20 mois, les autorités israéliennes mènent une guerre contre les Palestiniens de Gaza, qui se traduit notamment par des déplacements forcés à grande échelle et un nettoyage ethnique. Chaque jour, les équipes de MSF sont témoins d'actions, commises de manière délibérée par les forces israéliennes, qui s’apparentent à des actes génocidaires, notamment des massacres, la destruction d'infrastructures civiles vitales et des blocus qui empêchent l'accès à la nourriture, à l'eau, aux médicaments et à d'autres fournitures humanitaires essentielles. 

Israël procède à la destruction méthodique des conditions nécessaires à la vie des Palestiniens. Les maisons, les hôpitaux, les marchés, les réseaux d'approvisionnement en eau, les routes et les réseaux électriques de Gaza ont été démolis, de manière délibérée. 

L'Union européenne et les gouvernements européens disposent des moyens politiques, économiques et diplomatiques nécessaires pour exercer une pression réelle sur Israël, l'amener à mettre fin à ce carnage et à ouvrir les points de passage frontaliers de Gaza afin de permettre l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire. Ces moyens ne sont pas des instruments théoriques ; ils peuvent être mobilisés efficacement pour défendre le droit international et protéger les civils. 

Fourniture d'armes

Cependant, l'UE et ses États membres semblent jusqu’à présent avoir renoncé à assumer leur rôle politique pour y parvenir. Pire encore, les récentes déclarations des États européens critiquant la manière dont la guerre est menée soulignent leur hypocrisie, alors qu’ils continuent à fournir les armes utilisées pour tuer, mutiler et brûler les personnes qui finissent dans les hôpitaux de MSF. 

« La guerre à Gaza est l'une des guerres les plus atroces, meurtrières et impitoyables menées contre un peuple de notre temps », déclare Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF. « Il s'agit d'un massacre orchestré du peuple palestinien. C'est un nettoyage ethnique. » 

« Pour mettre fin à cette situation, il faut faire preuve de courage politique, assumer ses responsabilités juridiques et s'engager moralement », déclare Lockyear. « L'ampleur des souffrances à Gaza exige davantage que de vaines déclarations. » 

Aide instrumentalisée

L'aide humanitaire a été tour à tour instrumentalisée, utilisée comme moyen de pression, assujettie à des conditions ou purement et simplement bloquée. Depuis que la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) a débuté ses activités le 27 mai dans le cadre du programme américano-israélien d’instrumentalisation de l'aide humanitaire, des centaines de Palestiniens ont été soignés dans des hôpitaux et des dizaines ont été tués après avoir été abattus sur ces sites de distribution d'aide alors qu'ils attendaient de recevoir les produits de première nécessité pour survivre.

« Le système de distribution de l'aide imposé par Israël n'est pas seulement un échec, il est déshumanisant et dangereux », déclare M. Lockyear. « Il expose des milliers de Palestiniens à des risques inutiles et entraîne des effusions de sang qui pourraient être évitées si les organisations humanitaires étaient autorisées à fournir une aide impartiale et sûre, à l'échelle des besoins désespérés de la bande de Gaza ». 

Aujourd'hui, l'hôpital Nasser, principal hôpital de référence du sud de Gaza pour des milliers de patients de la zone, est à peine capable de continuer à travailler, en raison des ordres d'évacuation répétés et des restrictions de mouvement imposées au personnel et aux patients. Ces dernières semaines, les équipes de MSF ont admis plus de 500 patients nécessitant des soins, tout en aidant le personnel médical de l'hôpital à répondre à l'afflux répété de victimes en raison des bombardements et attaques incessants. 

« Les organisations humanitaires ont mis en place des hôpitaux de campagne pour combler le manque de lits, mais ils ne peuvent en aucun cas remplacer les hôpitaux traditionnels », explique Chris Lockyear. « Les hôpitaux restants doivent être protégés et l'entrée de l'aide doit être facilitée. Faute de quoi, d'autres vies seront perdues ». 

MSF, comme de nombreuses organisations, a appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, à un accès humanitaire sans entrave et au respect du droit international humanitaire - y compris la protection du personnel et des installations médicales. 

Notes

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