À Gaza, les pénuries organisées de nourriture, de médicaments et de carburant atteignent un niveau critique
Communiqué de presse

La pénurie orchestrée par les autorités israéliennes prive les Palestiniens d’eau et de soins, et les met en danger immédiat, alors que des blessés affluent par centaines dans les structures médicales. L'entrée des fournitures médicales et du carburant étant limitée au strict minimum, la réponse humanitaire est très loin de répondre aux besoins d’une population entièrement dépendante de l'assistance. Les autorités israéliennes doivent mettre fin à la punition collective infligée à la population de Gaza et autoriser immédiatement l'entrée régulière de fournitures médicales et de carburant en grande quantité.
Nombreux blessés
À l'hôpital de campagne de Médecins Sans Frontières (MSF) de Deir Al-Balah, dans le centre de Gaza, le nombre de victimes de blessures par balle a augmenté de 190 % par rapport à la semaine précédente. Les cliniques de Khan Younes et de Deir Al-Balah ont enregistré le plus grand nombre de patients par semaine depuis le 7 octobre 2023. Pourtant, après trois mois de blocus total et malgré les affirmations d'Israël selon lesquelles des corridors d'approvisionnement ont été ouverts, les approvisionnements de MSF sont extrêmement faibles en raison des restrictions continues imposées à l'entrée des marchandises.
« Nous manquons de tout, de consommables médicaux comme la gaze, de médicaments et de nourriture pour nos patients. Cela comprend également les aliments thérapeutiques pour les personnes souffrant de malnutrition, en particulier les enfants », explique Katja Storck, responsable des activités de soins infirmiers à Khan Younes.
Outre les fournitures médicales essentielles, le niveau dangereusement bas du carburant est une source de préoccupation majeure, car il alimente les usines de dessalement d'où provient une grande partie de l'eau potable pour les habitants de Gaza. L’accès à l’eau de la population a déjà été réduit drastiquement. De même, le carburant alimente l'ensemble du système de santé : équipements médicaux, concentrateurs d'oxygène, ventilateurs et stockage des médicaments et des vaccins dans la chaîne du froid. Les ambulances risquent aussi d’être immobilisées.
Pénuries délibérées
« Dans les unités de soins intensifs néonatals, les nouveau-nés sont souvent trop petits pour respirer seuls et ont besoin de ventilateurs et d'oxygène pour survivre. Mais ces derniers temps, le manque de carburant a provoqué plusieurs coupures d'électricité à la maternité Al-Helou, dans le nord de la bande de Gaza, où travaillent des équipes de MSF. Cela a entraîné l'arrêt des ventilateurs et de l'oxygène », explique Amy Low, responsable de l'équipe médicale de MSF dans la ville de Gaza.
Ce 18 juin, l'ONU a pu récupérer 280 000 litres de carburant dans les stocks qui sont bloqués dans une zone interdite à Rafah, après avoir précédemment essuyé 12 refus des autorités israéliennes.
« Autoriser un approvisionnement en fournitures médicales et en carburant en toute dernière minute, juste avant la catastrophe, c’est cynique. L’instrumentalisation de l'aide doit cesser », déclare Aitor Zabalgogeazkoa, coordinateur d'urgence de MSF à Gaza. « De même, un programme d’aide à des fins militaires comme celui mis en place par la Fondation Humanitaire de Gaza, ne peut remplacer le travail des agences humanitaires indépendantes ».
Les massacres, la destruction des infrastructures civiles vitales et les restrictions imposées par Israël à l'approvisionnement en carburant et à l'acheminement de l'aide sont des actions délibérées et s’apparentent à des actes génocidaires. Israël doit cesser la destruction systématique des conditions nécessaires à la vie des Palestiniens.