Tuberculose : un médicament essentiel enfin accessible à un prix abordable

Manifestation organisée par MSF en 2020 devant la bourse de New York pour demander la baisse du prix de la bédaquiline. 
Manifestation organisée par MSF en 2020 devant la bourse de New York pour demander la baisse du prix de la bédaquiline.  © Negin Allamehzadeh

L’entreprise Johnson & Johnson a annoncé, le 29 septembre, l’abandon d’un brevet sur un médicament essentiel et novateur dans la lutte contre la tuberculose, ce que réclamaient de nombreuses associations qui luttent contre la maladie. Cette décision ouvre la voie à la production de génériques qui permettront d’obtenir des traitements à moindre coût. Cela promet une avancée importante dans la lutte contre la tuberculose, qui chaque année cause le décès de plus d’un million et demi de personnes.

« Cet énorme succès témoigne des efforts persistants des militants, de la société civile et également des pays qui donnent la priorité à la santé publique plutôt qu’aux intérêts des entreprises », se félicite Christophe Perrin, pharmacien au plaidoyer tuberculose de la campagne d'accès aux médicaments de MSF.

En 2012, un nouveau médicament antituberculeux nommé bédaquiline est enregistré auprès de l’autorité américaine des médicaments et constitue une avancée majeure dans la lutte contre la maladie. Couplé à un second médicament, également novateur, il a permis de raccourcir drastiquement le traitement proposé aux patients, de diminuer les effets secondaires et d’augmenter considérablement les chances de survie. Malheureusement, son coût élevé a toujours constitué un frein à son utilisation pleine et massive, notamment dans les pays à faible et moyen revenu.

« L’entreprise Johnson & Johnson avait tenté d’étendre son brevet, au-delà des 20 ans accordés dans ce genre de cas, en faisant valoir un nouveau développement concernant la bédaquiline, poursuit Christophe Perrin. En mars 2023, l’Office indien des brevets a rejeté cette demande de brevet secondaire et ouvert la voie à la fin du monopole de cette entreprise pharmaceutique sur un médicament essentiel. »

Dans la foulée de cette décision, les programmes nationaux de traitement de la tuberculose d’Ukraine et de Biélorussie avaient demandé à Johnson & Johnson d’abandonner ses brevets secondaires dans leur pays et dans d’autres pays fortement touchés par la maladie. D’autre part, l’enquête lancée en septembre 2023 par la Commission sud-africaine de la concurrence, sur les prix élevés des médicaments contre la tuberculose, a ajouté une pression importante sur l’entreprise pharmaceutique qui a finalement renoncé à ses brevets.

« Nous avons besoin que toutes les innovations en matière de lutte contre la tuberculose soient aussi abordables que possible, afin que les gouvernements puissent intensifier la prévention, le dépistage et le traitement pour vaincre cette maladie curable », explique Christophe Perrin.

Cependant, la lutte pour l’accès aux médicaments essentiels contre la tuberculose continue. Les associations demandent en effet que les brevets déposés sur un second médicament innovant, le delamanide, prennent fin. « Nous voulons maintenant que la société pharmaceutique japonaise Otsuka emboîte le pas et annonce publiquement qu'elle n'appliquera aucun brevet secondaire dans les pays à revenu faible ou intermédiaire pour le delamanide, conclut Christophe Perrin. Ces brevets sont sur le point d’expirer en Inde et dans d’autres pays et ce médicament joue un rôle clé dans la lutte contre la tuberculose résistante, et il est particulièrement important pour traiter les enfants. »

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