Séismes dans le nord-ouest de la Syrie : « Ici, c'est le chaos »

Earthquake in Idleb governorate
Une rue de la ville de Sarmada dans la région de Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, au lendemain du tremblement de terre, le 7 février. © Hadia Mansour

Dans le nord-ouest de la Syrie, les équipes de Médecins Sans Frontières travaillent d’arrache pied auprès des populations qui ont subi les puissants tremblements de terre du 6 février. Déjà présentes avant la catastrophe, elles distribuent de la nourriture, de l'eau, des bâches et des couvertures, et offrent aussi des soins médicaux en clinique mobile à celles et ceux qui n’ont pas été envoyés à l'hôpital. Dans cette région qui a connu presque 12 ans de guerre et a souffert de la covid-19 et du choléra, les besoins sont immenses et les survivants sont sous le choc de ce nouveau drame, comme en attestent leurs témoignages.

« Ici, c'est le chaos », résume Abdulbari au téléphone avec des équipes de MSF. Ce jeune syrien de 19 ans est suivi depuis 8 ans à l’hôpital de MSF à Atmeh, après avoir été victime d’un tir de missile en 2015 et gravement brûlé. Il dormait chez sa tante, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest d’Idlib, quand il a senti la terre trembler. Il n'a pas été blessé et sa famille va bien. Mais autour de lui, il voit « des gens désespérés de trouver une couverture ou un matelas ou un abri pour échapper au froid. Certaines personnes qui ont perdu leur maison n'ont nulle part où aller et doivent acheter une tente alors qu’elles n’en ont pas les moyens.»

Abdulbari raconte aussi le manque de gasoil et la recherche de bois pour se chauffer. « Il n'y a plus d'essence. Parfois, on trouve du diesel, mais c'est tellement cher que tout le monde utilise du bois et c'est un autre problème, car les gens coupent tous les arbres. Récemment, j’ai vu des gens couper le bois d'un olivier pour se chauffer. Quand on en arrive à couper des arbres aussi vieux, c’est qu’on n’a plus rien. C’est une catastrophe. »

Une distribution MSF dans le district d'Afrin. 8 février 2023. 
 © MSF
Une distribution MSF dans le district d'Afrin. 8 février 2023.  © MSF

« Je me sens incapable d'apporter un quelconque soutien »

Au nord d'Idlib, à Termanin, lors d'une distribution de kits de secours organisée par MSF, un homme de 68 ans, déplacé de Maarat al-Numan il y a des années à cause de la guerre, s'est confié à une assistante sociale de l’organisation : « Mes deux fils ont fui Jindires après le tremblement de terre avec leur famille. Ils sont venus chez moi. Ma belle-fille était enceinte, et elle a accouché dès son arrivée chez moi. Je suis atteint d'un cancer et j'avais l'habitude de recevoir un traitement en Turquie. Ma maison compte deux pièces et accueille maintenant trois familles. Nous n'avons pas assez de couvertures, de chauffages et d'autres articles essentiels pour couvrir les besoins des trois familles. Je me sens impuissant, incapable d'apporter un quelconque soutien à ma famille (...) Les membres de la communauté qui ont ouvert leur maison à ceux qui ont été touchés par le tremblement de terre, n'ont pas assez de ressources, ils ont aussi besoin d'aide. »

Une équipe de MSF à Atarib dans la région d'Alep à la rencontre des habitants pour évaluer leurs besoins après le séisme du 6 février. 
 © MSF
Une équipe de MSF à Atarib dans la région d'Alep à la rencontre des habitants pour évaluer leurs besoins après le séisme du 6 février.  © MSF

« Maintenant au moins les enfants sont en vie »

Dans le gouvernorat d'Alep, à Atarib, l'équipe MSF procédait à une évaluation préliminaire lorsqu'elle a été témoin d'une opération de sauvetage. Mohammed, un chauffeur MSF, raconte : « Une mère a été sortie morte, mais ses trois enfants ont été sauvés. L'un après l'autre. Comme un miracle. Les secouristes ont d'abord sorti un enfant de sous les décombres et l'ont directement remis à l'ambulance. Lorsque l'ambulance était sur le point de partir, ils en ont sorti un autre, alors ils ont arrêté l'ambulance et ont mis le deuxième enfant à l'intérieur. La même chose s'est produite avec le troisième enfant. Les gens applaudissaient de bonheur, ils disaient qu'ils ne pouvaient pas sortir la mère et les enfants pendant deux jours, et maintenant au moins les enfants sont en vie. » 

 

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