RDC - Histoire de Michel, 13 ans, patient MSF

Depuis la fin 2008 la population civile des Haut Uélé et Bas Uélé est prise dans un cycle de violence lié d'une part aux attaques perpétrées par le groupe rebelle ougandais de la LRA (Lord's Resistance Army) et d'autre part à l'offensive des force
© Julie Rémy

Depuis la fin 2008, la population civile des Haut-Uélé et Bas-Uélé est prise dans un cycle de violence lié, d'une part, aux attaques perpétrées par le groupe rebelle ougandais de la LRA (Lord's Resistance Army) et, d'autre part, à l'offensive des forces ougandaises et congolaises contre la LRA. Alors que la situation continue de se détériorer, les civils font également face à une recrudescence des actes de banditisme.

Il devait être environ minuit. Michel dormait à poing fermé à la maison auprès de ses petits frères et de sa grande sœur. Quatre hommes sont entrés. Ils étaient armés mais habillés en civil. Ils lui ont lié les mains avec de la corde ainsi qu'à sa sœur et les ont obligés à partir en brousse avec eux.

« Nous nous sommes retrouvés avec une vingtaine d'autres enfants, confie Michel. «Ces hommes nous fouettaient et nous faisaient travailler.A chaque fois que nous parlions entre nous, ils nous frappaient à coups de machette. Le soir, si on voulait aller se soulager, ils pensaient que nous voulions fuir

Pour dormir, nous étions toujours attachés à une corde. Nous n'avions pas le droit de laver nos habits, ni même de nous laver le corps. Seuls eux pouvaient se laver et laver leurs habits. Nous, ils pensaient que nous voulions fuir et retourner au village. »


Une journée restera bien ancrée dans la mémoire de Michel. « Ils étaient allés piller dans un village. En revenant, ils ont croisé un homme au champ. Ils l'ont arrêté et l'ont emmené un peu plus loin dans la brousse, puis ils l'ont tué. Alors, ils m'ont donné la machette et m'ont ordonné de le découper en petits morceaux. J'ai fait ça une seule fois. Mon cœur battait. Ils me disaient de le découper et que si je ne le faisais pas, ils me tueraient avec lui. Ce moment, je l'ai revu dans mes rêves... »

Plus tard, Michel verra deux hommes se faire tuer parce qu'ils avaient tenté de fuir. Mais un jour, c'est lui qui fuira, profitant d'affrontements entre ses ravisseurs et l'armée. « Ils m'ont laissé derrière eux et je me suis couché au sol. Quand les soldats sont passés, je suis sorti de ma cachette et je les ai suivis jusqu'au village. Quand je suis sorti de la brousse, les gens avaient peur de moi. Je leur ai dit de ne pas avoir peur et puis, ils ont fini par m'accueillir. »

Michel a retrouvé les siens. Ses parents ont choisi de le laisser au « centre des enfants rescapés » de MSF pendant quelque temps. Il y reçoit un soutien psychologique et partage ses journées avec d'autres enfants qui ont, eux aussi, été enlevés. Le temps de réapprendre à vivre dans la communauté. Et de tenter l'exploit d'un nouveau départ du haut de ses 13 ans.

Pour des raisons de sécurité, les noms ont été modifiés.

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