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Nord Nigeria : les personnes déplacées font face au manque d’eau à Pulka

La ville de Pulka est située dans l'État de Borno, à proximité de la frontière camerounaise. Nigeria. 2017.
La ville de Pulka, située dans l'État de Borno, à proximité de la frontière camerounaise.  © MSF/Anna Surinyach

Le camp de Pulka, dans l’État de Borno, accueille quelque 65 000 personnes qui ont fui le conflit entre l’armée nigériane et le groupe Boko Haram. Elles doivent lutter au quotidien pour accéder aux denrées de base, telles que l’eau potable.

© MSF
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Hauwa est déterminée. Elle ne rentrera pas chez elle avec un jerrican vide. Elle habite dans une tente de fortune et doit cuisiner, laver et nourrir sa famille. Rien de tout cela n’est possible si elle ne remplit pas ce jerrican.

Hauwa, comme d’autres occupants du camp pour personnes déplacées de Pulka, doit faire face à une forte pénurie d’eau. De longues queues se forment à proximité des points d’eau du camp et les foules, principalement de femmes, se bousculent pour placer leurs bidons sous le robinet des pompes à main. Elles ont transformé des morceaux de bouteille en plastique en entonnoirs pour remplir leurs jerricans. Chaque goutte qui tombe dans le seau accroît les chances de survie dans cette chaleur insoutenable.

Les normes d’aide humanitaire internationales recommandent que les personnes disposent de 15 à 20 litres d’eau chaque jour en situation d’urgence. Une quantité bien loin de la réalité à Pulka.

« On a même du mal à remplir un seul contenant d’eau ; parfois, on attend toute la journée sans en obtenir un seul. Il faut alors supplier ses voisins », explique Hauwa. Les personnes déplacées, comme elle, dépendent presque entièrement de l’assistance humanitaire pour leur survie.

Des membres de la communauté se sont réunis pour creuser des puits. Ailleurs dans le camp, des hommes travaillent dur pour draguer le sol. Non loin d’eux, un jeune garçon recueille l’eau boueuse d’une flaque formée par les minces filets d’eau qui s’écoulent de ces nouveaux puits. Rien ne se perd à Pulka, les ressources sont bien trop insuffisantes. La population de Pulka a triplé, passant de moins de 20 000 avant le conflit, en avril 2014, à environ 65 000 résidents à l’heure actuelle.

Le manque d’eau, tant pour boire que pour l’hygiène personnelle, a entraîné des problèmes médicaux, tels que des maladies cutanées et des épidémies de maladies liées à l’eau. Entre février et mars 2018, MSF a enregistré une augmentation de 45 % des cas de diarrhée aqueuse aiguë à Pulka. 

« Le manque d’eau dans les camps renforce également les tensions entre la communauté d’accueil et les populations déplacées. Les femmes qui s’aventurent hors du périmètre de sécurité du camp pour aller chercher de l’eau ou du bois de chauffage s’exposent aux risques d'agressions sexuelles, de meurtres ou d'enlèvements par des groupes armés », explique Luis Eguiluz, chef de mission pour MSF au Nigeria.

Comme mesure d'urgence, les organisations humanitaires ont commencé à transporter de l’eau dans les zones les plus durement touchées. Mais atteindre les normes de base permettant de mener une vie sûre et digne reste impossible pour le moment. À Pulka, 5 000 personnes déplacées vivent sous des tentes de fortune dans le camp de transit. L’amélioration de l’accès à l’eau et des conditions d’assainissement doit s’accompagner d’un accès à des logements convenables.

Notes

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