Nigeria : au Borno, comment lutter contre le paludisme sans infrastructures sanitaires ?

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Yeza attend au chevet de sa fille, atteinte de paludisme et prise en charge à la clinique MSF de Bama. Yeza et sa famille vivent dans un camp de personnes déplacées à Bama depuis qu'ils ont quitté leur ville, Bulangu, il y a deux ans. © Scott Hamilton/MSF

Au Nigeria, l'État du Borno connaît chaque année une augmentation massive des cas de paludisme pendant la saison des pluies, touchant particulièrement les enfants et les adolescents, avec un taux de mortalité élevé. Cette situation s'explique par le manque criant d'infrastructures sanitaires et des difficultés d'accès aux soins, liées à 10 années de conflit entre l'armée nigériane et les groupes armés d'opposition.

Chimioprévention

De juillet à décembre 2019, les équipes de MSF ont fourni une chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) à plus de 85 000 enfants de moins de cinq ans à Banki, Rann, Ngala, Pulka et Bama. L’objectif : éviter que les patients contractent le paludisme. Plus de 27 000 cas de paludisme sans complications ont été recensés dans l’État du Borno en 2019. Malgré des pics prévisibles, les traitements fournis par des organisations comme MSF restent nécessaires, faute d’alternatives. 

Une équipe médicale MSF effectue une transfusion sanguine sur un patient pris en charge pour paludisme dans la clinique MSF de Bama, au Nigeria, en décembre 2019.
 © Scott Hamilton/MSF
Une équipe médicale MSF effectue une transfusion sanguine sur un patient pris en charge pour paludisme dans la clinique MSF de Bama, au Nigeria, en décembre 2019. © Scott Hamilton/MSF

À Bama, plus de 12 000 enfants ont bénéficié de la CPS. Dans la ville, qui abrite près de 35 000 personnes déplacées, la population voit son accès aux soins limité à un seul hôpital permanent, qui connaît des difficultés d’approvisionnement en médicaments et un manque de personnel médical.

Pallier les dysfonctionnements d’un système sanitaire aux abois

Le travail de MSF à Bama va bien au-delà de la prise en charge et du traitement du paludisme. Face au manque de structures de santé opérationnelles, les équipes offrent également des soins secondaires pédiatriques. Dans la région, les adultes ont également besoin de soins. 

« Si nous tombons gravement malades ici, il n'y a nulle part où aller, raconte Famata, jeune femme qui vit dans un camp de déplacés de Bama. J'ai du diabète, mais personne ici ne peut me soigner. Je suis allée à l'hôpital général de Bama, mais je n’ai pas d’argent pour acheter les médicaments qu’ils m’ont prescrits. De nombreuses femmes souffrent également de fistules ou sont séropositives, sans traitements », explique-t-elle.

Cheffe de file des femmes, Famata vit dans le camp de déplacés de Bama. Elle est la première porte d'entrée pour les femmes qui ont subi des mauvais traitements ou sont tombées malades dans le camp.
 © Scott Hamilton/MSF
Cheffe de file des femmes, Famata vit dans le camp de déplacés de Bama. Elle est la première porte d'entrée pour les femmes qui ont subi des mauvais traitements ou sont tombées malades dans le camp. © Scott Hamilton/MSF

À Maiduguri, la capitale du Borno, les équipes MSF ont également fourni des traitements contre les formes graves du paludisme. Malgré la présence d’autres hôpitaux dans la ville, peu fournissent des traitements pour les cas de paludisme complexes. Il en va de même pour les soins de santé secondaires et pédiatriques.

« Si les autorités sanitaires étaient en mesure d'assurer le fonctionnement quotidien de leurs hôpitaux dans des villes comme Bama, cela permettrait à des organisations comme MSF de renforcer d'autres aspects de la couverture sanitaire dans le Borno, tels que la malnutrition, les épidémies ou encore la santé materno-infantile », conclut David Therond, chef de mission MSF au Nigeria.

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