Coronavirus : la prévention au coeur de la lutte contre la pandémie

MSF COVID-19 Response in Lebanon
Dayana Tabbarah, promotrice de la santé pour MSF, s'entretient avec une femme âgée dans les rues du camp de Burj al-Barajneh, à Beyrouth. Dayana visite les maisons des résidents qui ont accepté de participer au programme de protection récemment mis en place par MSF dans le camp, dans le cadre de sa réponse à la Covid-19. Liban. Mai 2020.  © Diego Ibarra Sánchez

La prévention tient une place majeure dans la lutte contre le coronavirus. Elle vise à prévenir la transmission du virus pour réduire le nombre de cas et désengorger les systèmes de santé. Mais le respect des gestes barrières est souvent un réel défi. Sur la plupart de ses terrains d'intervention, MSF a lancé des activités de prévention pour donner au plus grand nombre les moyens de se protéger.

La réponse à la pandémie de coronavirus à travers le monde ne se joue pas uniquement au niveau hospitalier. La prévention tient un rôle majeur et s'est largement appuyée sur la mise en place de gestes barrières : confinement, port du masque, distanciation sociale, utilisation de savon ou de gel hydroalcoolique, décontamination des surfaces.

Mais nombreux sont les contextes dans lesquels de telles mesures de prévention ne sont pas ou peu applicables. « La plupart des recommandations pour protéger les gens contre le virus et ralentir sa propagation ne peuvent tout simplement pas être mises en œuvre à Idlib », explique Cristian Reynders, coordinateur de terrain pour les opérations MSF dans le nord-ouest de la Syrie.

Distanciation sociale et confinement

« Comment pouvez-vous demander aux gens de rester à la maison pour éviter l'infection? Nous parlons de près d’un million de personnes déplacées ayant fui le conflit et contraintes de dormir dans des tentes. Ils n'ont pas de maison. » renchérit Cristian Reynders. 

Dans les camps de déplacés comme pour ceux dont l'activité quotidienne est indispensable pour survivre, le confinement n'est pas une option envisageable. Et dans les environnements précaires ou surpeuplés, les gestes barrières ne sont pas toujours réalistes. Lorsque cela est possible, MSF met en place des zones vertes : des espaces à l'écart, dans les camps de réfugiés, permettant d’isoler les personnes les plus vulnérables au virus, âgées ou présentant des facteurs aggravant comme des maladies chroniques et ainsi de limiter le risque de contagion.

Sensibilisation et promotion à l'hygiène

Les équipes MSF ont mis en place des activités de promotion de la santé dans la majorité de ses projets. Brochures à l'appui, des promoteurs de santé sensibilisent la population aux gestes barrières et aux mesures de protection simples pouvant être mises en place : tousser dans son coude, se tenir à distance des autres, éviter les lieux clos.

Un promoteur de la santé de MSF montre aux gens les bons gestes pour se protéger pendant la pandémie de Covid-19. Afrique du Sud.
 © Tadeu Andre/MSF
Un promoteur de la santé de MSF montre aux gens les bons gestes pour se protéger pendant la pandémie de Covid-19. Afrique du Sud. © Tadeu Andre/MSF

Aux Philippines, à Manille et à Marawi, les équipes ont lancé des activités de promotion de la santé dédiées à la prévention contre le coronavirus à travers une "campagne d'information mobile" auprès des personnes vulnérables. 

Dans certains cas, MSF s'appuie sur des relais communautaires (des personnes influentes) qui sensibilisent à leur tour leur entourage. Une autre stratégie est de cibler un groupe spécifique de la population, notamment les personnes les plus à risque. Au Liban, une campagne de sensibilisation massive à destination des personnes qui sont en contact quotidien avec la communauté (chauffeurs de taxi, forces de sécurité, distributeurs de nourriture et serveurs) a été lancée afin d'éviter une transmission potentielle du virus durant l'exercice de leur travail.

Le savon efficace contre le coronavirus

Outre ses activités de sensibilisation, MSF distribue du savon et met en place des points d'eau pour un lavage de mains régulier dans les endroits les plus fréquentés. C'est le cas au Mali et au Liberia, comme dans les camps de déplacés, au Mexique ou en Syrie. 

Des points d'eau équipés en savon ont été placées à proximité des activités de promotion de la santé de MSF pour le lavage de main. Rio de Janeiro, Brésil.
 © Mariana Abdalla/MSF
Des points d'eau équipés en savon ont été placées à proximité des activités de promotion de la santé de MSF pour le lavage de main. Rio de Janeiro, Brésil. © Mariana Abdalla/MSF

Au Liberia, plus de 150 membres du personnel et bénévoles ont lancé début avril une campagne de sensibilisation à la santé et de distribution de savon dans quatre des communautés les plus vulnérables de Monrovia, dont New Kru Town, Westpoint, Logan Town et Claratown, touchant environ 77 000 ménages.

De l'eau et du savon

La composition chimique du savon permet la destruction de l'enveloppe du virus.

Néanmoins, s'il n'est pas combiné à d'autres mesures de protection, l'efficacité du savon sera moins importante. « C'est très compliqué dans le camp de se protéger du coronavirus puisque l'accès à l'hygiène personnelle est assez limitée. Même si on distribue du savon, les lieux de douche restent collectifs. » explique Antonin Acquarone, responsable de la promotion à la santé dans le camp de réfugiés sur l'île de Samos, en Grèce.

Sortez masqués

Au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Niger et en Afrique du Sud, MSF a commencé à produire des masques en tissu, mis à disposition des communautés. Fabriqués localement et, bien que différents de ceux utilisés par le personnel médical, ils peuvent aider à prévenir la transmission du virus s'ils sont utilisés de manière appropriée.

Notice d'utilisation d'un masque lavable.
 © MSF
Notice d'utilisation d'un masque lavable. © MSF

A Bamako au Mali, cinq ateliers de tailleurs locaux ont été identifiés et produisent chaque jour 1 500 masques (la confection d’un masque – composé chacun de deux tissus différents – prend en moyenne entre 15 à 20 minutes).

Fabrication de masques dans un atelier de couture à Bamako, Mali.
 © Lamine Keita/MSF
Fabrication de masques dans un atelier de couture à Bamako, Mali. © Lamine Keita/MSF

Deux masques par personne y sont distribués dans le cadre d'activités communautaires menées dans les zones à risque, où des patients ayant contracté la Covid-19 ont été identifiés. Les équipes MSF sensibilisent ainsi le voisinage et les proches du malade sur les mesures de précaution à prendre pour les personnes résidant dans un rayon d’une centaine de mètres environ autour du domicile du malade - ce dernier étant isolé et pris en charge dans une structure de santé. 

Le port du masque permet de limiter la contagion en retenant les particules émises par le porteur. Il permet donc de protéger l'entourage. Certaines personnes porteuses du virus étant asymptomatiques, le port du masque généralisé permet ainsi une diminution considérable des risques de contagion. 

Cette mesure est d'autant plus cruciale pour les personnes à risque de développer des complications graves, y compris les personnes âgées et celles atteintes d'autres maladies, comme le diabète, l'hypertension, le cancer, le VIH ou la tuberculose.

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