Gaza : la privation d’eau s’inscrit dans la campagne génocidaire israélienne
Communiqué de presse

En plus des privations de nourriture et d’accès aux soins, Israël prive délibérément la population de Gaza d'eau, dans le cadre de sa campagne génocidaire, dénonce Médecins sans Frontières (MSF). Après 22 mois de destructions des infrastructures hydrauliques essentielles et de restrictions imposées par Israël à l’entrée d’eau dans la bande de Gaza, la quantité d'eau disponible dans l'enclave est dramatiquement insuffisante. MSF et d’autres organisations humanitaires seraient en mesure d'augmenter la quantité d'eau potable disponible dans la bande de Gaza, mais Israël bloque systématiquement les importations d'équipements essentiels au traitement de l'eau. Depuis juin 2024, sur dix demandes d’importation de matériel pour la désalinisation de l’eau formulées par MSF, une seule a été approuvée.
Il est impératif qu’Israël autorise enfin l'entrée massive d'équipements essentiels pour l'approvisionnement en eau et sa distribution dans la bande de Gaza, et que l'armée israélienne cesse de détruire les infrastructures hydrauliques et autorise la réparation immédiate des réseaux qui ont été endommagés, afin de garantir à la population un accès vital à l'eau. L'eau et les autres biens de première nécessité ne devraient jamais être utilisés comme des armes de guerre.
La diminution de l'approvisionnement en eau potable à Gaza a entraîné une augmentation de certaines maladies. Au cours du dernier mois, les équipes médicales de MSF ont effectué plus de 1 000 consultations par semaine pour des cas de diarrhée aqueuse aiguë. Faute d’eau suffisante pour l’hygiène, la population souffre également de maladies de la peau, comme la gale.
L’eau potable est également essentielle pour les hôpitaux ; elle permet de limiter la propagation des infections et de maintenir les patients hydratés afin que leur corps puisse guérir de leurs blessures et maladies.
Israël, qui contrôle depuis longtemps une grande partie du flux d’eau vers Gaza, entrave délibérément l’acheminement d’eau potable à la population. Il n'existe pas d'eau potable naturellement disponible à Gaza, en raison de la salinisation et de la contamination des sources et des nappes par les eaux usées et les produits chimiques, ce qui rend la population dépendante des canalisations provenant d'Israël et des usines de dessalement de Gaza, qui ont été la cible d’attaques israéliennes répétées.
Depuis octobre 2023 Israël a endommagé deux des trois conduites d’eau alimentant Gaza. On estime que 70 % de l'eau qui circule dans ces canalisations est perdue en raison de fuites causées par les bombardements. En conséquence, l’eau doit être distribuée par camions-citernes, provenant d’usines de dessalement. Sur les 196 usines de dessalement gérées par des organismes publics et des ONG, plus de 60 % sont hors service en raison de leur emplacement ou des dommages subis.
86% de la bande de Gaza étant sous ordre de déplacement forcé par l’armée israélienne, il est dangereux pour les camions-citernes de tenter d’atteindre les populations dans ces zones. Même quand certains camions-citernes parviennent à atteindre les usines de dessalement, il est extrêmement difficile d’assurer la distribution de l'eau à la population à cause de l’intensification des activités militaires et des bombardements dans les zones sûres, qui obligent à constamment déplacer les points de distribution. En 2025, MSF a dû interrompre les distributions d’eau dans au moins 137 sites. Pour se rendre aux points de distribution, les habitants de Gaza doivent parcourir de longues distances en transportant leurs lourds bidons d’eau.
Les organisations humanitaires se tiennent prêtes à réparer les canalisations et les installations hydrauliques qui existaient avant octobre 2023, mais Israël a maintes fois entravé ces efforts en refusant l'accès à ces sites. Israël bloquant l’entrée à Gaza des fournitures nécessaires aux réparations, les sites qui sont accessibles sont réparés en récupérant des pièces d'un générateur ou d'un site endommagé pour en réparer un autre. Lorsque des articles parviennent enfin à destination, c’est avec plusieurs mois de retard.
MSF a mis en place sept unités de traitement de l'eau qui produisent suffisamment d'eau pour que 65 000 personnes puissent recevoir 7,5 litres par jour (1), soit une fraction de ce qui est nécessaire. Depuis des mois, MSF tente d'acheminer neuf nouvelles unités de traitement à Gaza, mais ces efforts sont restés vains, Israël n'ayant pas délivré les autorisations nécessaires ni autorisé l'entrée des unités à Gaza.
« Quand on voit comment les gens se battent, on comprend que tout le monde a désespérément besoin d'eau », explique une femme qui attend une distribution de MSF dans la ville de Gaza. « Honnêtement, [c'est] très, très difficile d'obtenir de l'eau. Je ne sais pas quoi vous dire, c'est une torture. »
Les dangers liés à la collecte d'eau sont aggravés par sa rareté, ce qui crée des tensions lors des distributions. Nos équipes voient des enfants qui se perdent après qu'un site de distribution a été contraint de déménager en raison d'un ordre de déplacement ou d'une frappe aérienne, ou parce que les dégâts causés par un bombardement ont rendu leur environnement méconnaissable.
« Comme pour la nourriture, les fournitures humanitaires et les soins, l'armée israélienne limite l'accès à l'eau à un niveau minimal », explique Ozan Agbas, coordinateur d’urgence pour MSF à Gaza. « En fournissant un accès minimal à l’eau, Israël cherche à disqualifier les accusations de priver les Gazaouis de cette ressource vitale, tout en mettant en péril leur vie. »