Paludisme : MSF fournit un traitement préventif à 735 000 enfants au Niger, au Mali et au Tchad

Niger avril 2014
Niger, avril 2014 © Juan Carlos Tomasi/MSF

La chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) a montré des résultats extrêmement prometteurs sur la réduction du nombre d’enfants atteints par cette maladie au Sahel. L’engagement des populations est primordial pour atteindre un maximum d’enfants dans des zones isolées. Pour combattre les autres principales maladies infantiles mortelles, MSF a ajouté à cette stratégie des activités de vaccination et de détection de la malnutrition.

« Le chef du village nous a parlé de ce programme, qui sert à protéger les enfants âgés de moins de cinq ans contre le paludisme et nous a encouragés à y aller. L’année dernière, mes enfants ont beaucoup souffert. L’un d’eux a même dû être hospitalisé. Cette année, ils vont bien », relate une maman de l’aire de santé de Karofane, dans le district de Bouza situé au sud du Niger, où MSF mène un programme de chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS). Au total, cette année, MSF aura distribué des traitements préventifs à plus de 735 000 enfants âgés de 3 mois à 5 ans au Niger, au Tchad et au Mali.

« Par rapport à l’année dernière, nous avons plus que doublé le nombre d’enfants concernés par la distribution et  avons étendu notre action », explique Alena Koscalova, en charge de la mise en œuvre des activités de CPS au Niger. En juillet, août et septembre, les équipes MSF ont fourni un traitement préventif à près de 80 000 enfants au Tchad, 175 000 au Mali et plus de 480 000 au Niger.

La CPS consiste en une combinaison de sulfadoxine-pyrimethamine et d’amodiaquine administrée chaque mois aux enfants âgés de moins de cinq ans et ce pendant trois jours, tout au long de la saison des pluies (de juillet à octobre), lorsque le risque de transmission est le plus élevé.

« Cette combinaison thérapeutique a démontré qu’elle permettait de considérablement réduire l’apparition de résistances au traitement », constate Cristian Casademont, médecin référent pour MSF. De plus, de récentes études ont illustré que ces méthodes préventives réduisaient grandement le nombre de cas de paludisme simple et sévère et par conséquent le nombre d’enfants hospitalisés.

Engagement communautaire. L’organisation de ces campagnes de distribution de masse est un « énorme défi logistique, médical et communautaire », explique Adolphe Mausid, infirmier MSF en charge du projet à Bouza, au Niger. « L’engagement des autorités sanitaires, administratives et des chefs communautaires, ainsi que notre propre coordination avec eux, est fondamental. Sans eux, rien n’aurait été possible. Ils nous ont aidés à nous rapprocher de la population, à gagner la confiance des communautés ainsi que leur collaboration avec les activités de CPS ».

MSF a formé et déployé plus de 4 000 agents de santé communautaire. Ces derniers ont silloné les villages pour encourager les parents à amener leurs enfants aux points de distributions et leur expliquer comment prendre les médicaments. Grâce à différentes stratégies de distribution, allant de points fixes situés dans des centres de santé ou dans les maisons des chefs de villages, jusqu’à de la distribution de porte à porte, la grande majorité des enfants ont ainsi pu recevoir le traitement.

A ces points de distribution, les mères reçoivent les doses pour un mois, à prendre en trois jours. La première dose est donnée à l’enfant directement sur le site, ainsi que des informations sur la prise à la maison des deux autres doses. « Cette année, nous avons fait de nouveaux progrès avec des démonstrations pratiques, explique Alena Koscalova. Plus de mères ont participé, ce qui nous a permis de mieux diffuser le message et de s’assurer que la CPS est administrée correctement. C’est très important qu’elles comprennent nos activités et qu’elles aient conscience de leur impact ».

Le paludisme menace 23 millions d'enfants dans le Sahel. Cette maladie - causée par le parasite Plasmodium et transmise aux humains par la piqûre d’un moustique anophèle femelle - affecte près d’un million de personnes sur le continent africain, pour la plupart des enfants âgés de moins de cinq ans. Près de 23 millions d’enfants dans la région sahélienne sont à risque de contracter cette maladie. La CPS, recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour les enfants de cette zone âgés de 3 à 59 mois, « est une stratégie démontrée, efficace et sûre », poursuit Alena Koscalova.

Au cours des trois dernières années, les ministères de la Santé de pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Gambie, le Ghana, la Guinée-Bissao, la Guinée, le Nigeria, le Sénégal, le Tchad et le Togo ont inclus la mise en œuvre d’activités de CPS dans leurs programmes nationaux de lutte contre le paludisme.

Améliorer l’impact de la CPS avec la vaccination et le traitement de la malnutrition. La combinaison du paludisme et de la malnutrition peut être mortelle chez les enfants âgés de moins de cinq ans.  Afin de réduire la mortalité infantile, depuis 2013, MSF adjoint à ses campagnes de CPS la détection et le traitement systématique de la malnutrition infantile ainsi que la vaccination.

En 2014, « une nouvelle avancée concerne la mise à jour des cartes de vaccination des enfants, explique Estrella Lasry, spécialiste en médecine tropicale à MSF. Au Tchad et au Niger, en plus du traitement préventif contre le paludisme, nous avons également vacciné les enfants contre la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B et l’haemophilus influenzae, et ce dans le but d’améliorer la santé des enfants », continue Estrella Lasry.

Au même temps, la distribution d’un complément alimentaire prêt-à-l’emploi a également été inclus dans les campagnes de CPS pour les enfants âgés de 6 à 24 mois.

Enfin, MSF distribue aussi des moustiquaires imprégnées d’insecticide puisqu’elles sont un important moyen de prévenir et de contrôler la maladie. Des instructions sur leur utilisation sont également fournies, particulièrement pour les femmes enceintes et les enfants âgés de moins de 5 ans, les deux groupes de population les plus vulnérables.

Le paludisme se transmet par des moustiques infectés. Les principaux symptômes sont de la fièvre, des douleurs aux articulations, des nausées et vomissements, des convulsions, pouvant aller jusqu’au coma. La forme la plus sévère est dans la plupart des cas causée par le parasite Plasmodium Falciparum, qui s’attaque aux organes et est mortel s’il n’est pas pris en charge. En 2012, MSF a mis en œuvre pour la première fois des activités de CPS au Tchad et au Mali. En 2013, cette stratégie a également été lancée au Niger. Au global, dans l’ensemble de ses projets, en 2013, MSF a traité près de 1 871 200 patients atteints de paludisme.

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