De la chirurgie lourde à la rééducation, le long parcours des blessés de guerre syriens

L'équipe chirugicale MSF de l'hôpital de Ramtha se prépare à opérer un patient. Novembre 2013
L'équipe chirugicale MSF de l'hôpital de Ramtha se prépare à opérer un patient. Novembre 2013 © Ton Koene

Pour nombre de blessés de guerre syriens, la salle d'urgence de l'hôpital de Ramtha situé à proximité de la frontière syrienne en Jordanie, n'est que le point de départ d'un long parcours thérapeuthique fait de soins post-opératoires, de rééducation et de soutien psychologique. Mais pour ceux dont les blessures nécessitent des soins spécialisés sur le long terme, il n'y a parfois nulle part où aller.  

En Jordanie, la capacité d’accueil de blessés en services de soins intensifs reste limitée, ce qui réduit considérablement les chances de survie des patients dont l’état est le plus critique. La salle d'urgence gérée par MSF à l'hôpital de Ramtha tente de pallier ce besoin. Mais en cas d'afflux massif de blessés, la situation est réellement problématique. D'autant qu'après la salle d'urgence, le parcours thérapeuthique du patient est loin d'être terminé.

Plus du tiers des blessés de guerre syriens reçus en salle d’urgence à l’hôpital de Ramtha continuent leur traitement dans le centre de soins postopératoires géré par MSF dans le camp de réfugiés de Zaatari. Mais la grande majorité, soit près de 70% d'entre eux, sont transférés vers d’autres structures de santé du pays, que ce soit les hôpitaux du ministère de la Santé ou ceux financés par la communauté internationale.  

« Beaucoup de patients souffrent de séquelles psychologiques engendrées par des années de conflit. Ils doivent également composer avec des blessures qui vont changer leur vie à jamais », explique Wejdan Nabeel Shaban, travailleuse sociale chez MSF. C'est la raison pour laquelle il est essentiel pour les patients de bénéficier d'un soutien psychologique en plus des soins post-opératoires et de la rééducation fonctionnelle.

« C’est vraiment gratifiant de rencontrer des patients à un stade très critique du traitement, se battant pour leur survie, et de les aider à traverser les prochaines étapes et à reprendre un semblant de vie normal », explique Birgit Schönharting, une physiothérapeute allemande qui a passé deux mois en Jordanie. En moyenne, 90% des patients soignés par MSF à Ramtha ont besoin de physiothérapie.

Ahmed Al Salman, physiothérapeute MSF à Zaatari, estime que la rééducation et la physiothérapie jouent un rôle déterminant chez les patients qui se remettent d’une chirurgie traumatologique pour gérer la douleur et retrouver une indépendance fonctionnelle. « Quand on fournit une prothèse, il ne s’agit pas seulement de la donner au patient. Il faut du temps pour permettre à l’os de se consolider et aux plaies de se refermer correctement. Il faut aussi de la préparation, pour renforcer les muscles et modeler le moignon par des exercices et des soins. »

Mais en Jordanie, MSF n’est pas en mesure de répondre aux besoins spécifiques sur le long terme et souvent à vie des patients très gravement blessés. « Pour les patients atteints de lésions de la moelle épinière, de tétraplégie ou de paraplégie, le traitement dont ils ont besoin dépasse nos capacités actuelles », déplore Ahmed Al Salman. Malheureusement, plusieurs établissements qui fournissaient ce type de soins en Jordanie ont fermés en 2014 et 2015, faute de licence pour exercer légalement leurs activités. En conséquence, les établissements existants sont débordés, d'où l'urgence d’ouvrir davantage de structures capables d'offrir des soins de convalescence de long terme ainsi que des soins palliatifs, et ce en toute légalité.

Une séance de rééducation, dans le camp de Zaatari. Novembre 2015

Une séance de rééducation, dans le camp de Zaatari. Novembre 2015 © Isidro Serrano Selva

À lire aussi