VIH : MSF salue l'accès à un traitement préventif à 40 dollars d'ici 2027, mais appelle à davantage d'ambition pour mettre fin à l'épidémie

Mr and Ms Kimboi, both of whom are HIV-positive, at the MSF Chakpikarong clinic. They’ve come to the clinic for a check-up and to collect their medication. MSF started providing specialised care for HIV and TB in Manipur in 2005 and 2007, respectively.
M. et Mme Kimboi, tous deux séropositifs, à la clinique MSF de Chakpikarong. Ils sont venus pour un contrôle médical et pour récupérer leurs médicaments. Inde, mai 2019 © Jan-Joseph Stok

Médecins Sans Frontières (MSF) salue l’annonce faite ce 26 septembre par les fabricants indiens Dr Reddy’s et Hetero de proposer, dès 2027, le lenacapavir — une prophylaxie pré-exposition (PrEP) injectable administrée deux fois par an et dont l’efficacité dans la prévention du VIH atteint 96 à 100 % — au prix de 40 dollars par personne et par an dans 120 pays. Si cette avancée marque un tournant vers un accès plus équitable à la prévention du VIH, MSF appelle à inclure les pays à revenu faible et intermédiaire actuellement exclus de l’accord de licence, où un quart des nouvelles infections par le VIH ont lieu, et à garantir que les populations clés soient prioritaires.

MSF alerte sur le manque d’ambition des plans actuels de déploiement du lenacapavir, qui risquent de faillir à endiguer l’épidémie, en particulier parce qu’ils laissent de côté les populations clés — souvent confrontées à la stigmatisation, à la criminalisation et à des obstacles à l’observance quotidienne du traitement. Bien que ce médicament représente une avancée majeure dans la prévention du VIH, les stratégies d’accès actuelles ne couvrent qu’une fraction des besoins mondiaux. Le projet annoncé entre PEPFAR, Gilead et le Fonds mondial vise seulement 2 millions de personnes dans 12 pays d’ici 2028, alors que les estimations de l’ONUSIDA montrent que cette approche limitée ne permettrait d’éviter que 50 000 infections sur un total potentiel 3,8 millions. 

« L'accent mis par le PEPFAR sur les femmes enceintes et allaitantes risque de conduire à une dépriorisation des populations clés, telles que les travailleurs du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables et les personnes transgenres », a déclaré Mihir Mankad, directeur du plaidoyer et des politiques de santé mondiale chez MSF USA, « et c'est précisément au sein de ces communautés que l'accès au lenacapavir aurait le plus grand impact en raison de leur plus grande vulnérabilité à l'infection par le VIH. Si le gouvernement américain souhaitait sérieusement lutter contre l'épidémie mondiale de VIH, il veillerait à ce que ces populations clés aient la priorité pour accéder à ce traitement soutenu par le PEPFAR, au même titre que les femmes enceintes et allaitantes ».

La stratégie actuelle de Gilead privilégie le profit au détriment de la lutte contre l'épidémie, privant ainsi les populations des pays non ciblés par l’accord d'un traitement susceptible de leur sauver la vie. La modélisation de l'ONUSIDA souligne l'importance de l'accès pour les populations clés, citant l'exemple des Philippines, où l'offre de lenacapavir à 58 % des populations clés (2 % de la population totale) pourrait éviter 45 % des nouvelles infections par le VIH dans le pays. Pourtant, les populations à risque dans ces pays exclus restent en dehors du champ d'application des plans de déploiement actuels, y compris les communautés qui ont participé aux essais cliniques du lenacapavir au Brésil, en Argentine, au Mexique et au Pérou. 

« Ce scénario caractérisé par une tarification opaque, des licences restrictives et des objectifs mondiaux inadéquats exposera un trop grand nombre de personnes à un risque continu d'infections par le VIH qui pourraient être évitées, » a déclaré Antonio Flores, conseiller principal VIH/TB de l’Unité médicale pour l'Afrique australe (SAMU), MSF. « Nous exhortons Gilead à étendre ses licences à tous les pays à revenu faible et intermédiaire, à faire preuve de transparence en matière de tarification et à baisser ses prix afin de permettre à tous d'accéder à ces médicaments vitaux. Les bailleurs de fonds internationaux dans le domaine de la santé doivent engager des ressources et faire preuve de volonté politique pour garantir un accès durable à tous ceux qui en ont besoin. La science est claire. La demande est urgente ». 

Notes

    À lire aussi