Lutte contre le VIH : le lénacapavir, un médicament porteur d'espoir dont l'accès reste encore trop limité

dose de CAB-LA - une prophylaxie pré-exposition au VIH
Une dose de CAB-LA - une prophylaxie pré-exposition au VIH injectable à longue durée d'action. Clinique Sitsandziwe pour la santé sexuelle et reproductive, Eswatini. Mars 2025 © Joanne Lillie/MSF

Le 14 juillet dernier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé l’utilisation du lénacapavir, comme outil de prévention du VIH, lors de la 13e conférence de la Société internationale du sida (IAS 2025) qui s’est tenue à Kigali, au Rwanda. MSF se félicite de ces nouvelles directives car  ce médicament pourrait permettre de réelles avancées  dans la prévention contre le VIH. Cependant, l’accès à cet antirétroviral reste encore trop limité, notamment dans les pays à faibles et moyens revenus.

Il existe aujourd’hui plusieurs systèmes de prévention contre le VIH comme la pré-exposition orale (PrEP), l'anneau vaginal de dapivirine et le cabotégravir mais ces traitements sont lourds et contraignants pour celles et ceux les prennent. La PrEP orale, par exemple, nécessite la prise fréquente de pilules à heure régulière tandis que le cabotégravir implique une injection tous les deux mois. 

Le lénacapavir, un médicament reconnu efficace pour prévenir le VIH

Le lénacapavir, quant à lui, ne nécessite que deux injections annuelles et s'est révélé efficace à 100 % pour prévenir l'infection par le VIH chez les femmes. Il réduit également le risque d'infection par le VIH de 96 % dans un groupe hétérogène (comprenant des hommes cisgenres et transgenres et des personnes non binaires). “Comme il ne nécessite que deux injections par an, le lenacapavir offre un avantage sans précédent : une protection plus longue et une meilleure observance. Pour les communautés marginalisées et criminalisées, qui courent un risque élevé de contracter le VIH mais sont confrontées à des obstacles majeurs pour prendre des pilules quotidiennes en raison de la stigmatisation, le lénacapavir pourrait être révolutionnaire”, explique Antonio Flores, conseiller VIH/TB de MSF.

La publication des nouvelles lignes directrices de l'OMS offre donc un nouvel espoir pour les personnes qui souhaitent se protéger du VIH. 

Pour MSF, qui soutient déjà le déploiement de traitements et de stratégies de prévention contre le VIH dans plusieurs régions du monde, l’élargissement des outils disponibles, incluant le lénacapavir, représente une priorité. "Le lénacapavir est le type d'innovation qui peut être transformatrice, mais il faut maintenant s’assurer qu’elle soit accessible aux communautés des pays à revenus faibles et intermédiaires qui en ont le plus besoin”, alerte Antonio Flores. 

Un accès encore trop limité dans les pays à faibles et moyens revenus

Le 9 juillet dernier, Gilead, développeur du lénacapavir, et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ont annoncé un accord de partenariat stratégique par lequel Gilead fournira le lénacapavir à certains pays « à prix coûtant ». Bien que MSF se félicite de cet accord de partenariat stratégique, elle s’inquiète des conditions restrictives qui empêchent la fabrication de versions génériques dans les pays qui en sont exclus.  

Des études récentes ont montré qu'avec une demande suffisante et une concurrence accrue, des versions génériques du lénacapavir pourraient être produites à un prix d'environ 40 dollars par an, ce qui est comparable aux prix actuels de la PrEP par voie orale. 

"Gilead se contente de belles paroles sur l'équité et l'accès, tout en imposant des restrictions aux producteurs potentiels de génériques, ce qui empêchera une large diffusion de ce médicament, tout en protégeant et en maximisant ses profits. Nous demandons au groupe pharmaceutique américain de lever ces obstacles à l'octroi de licences pour que ce médicament puisse avoir un réel impact et inverser l'épidémie de VIH. Dans le même temps, nous demandons aux gouvernements et aux donateurs du secteur de la santé mondiale d'engager des fonds supplémentaires pour permettre et soutenir l'achat et la distribution du lénacapavir pour les personnes les plus exposées au risque d'infection par le VIH, grâce au développement de marchés génériques abordables et durables", déclare le Dr Tom Ellman, directeur de l’unité médicale sud-africaine de MSF.

Selon l’ONUSIDA, environ 1,3 million de nouvelles infections au VIH sont encore enregistrées chaque année dans le monde. Dans un contexte de baisse de financement de la santé mondiale, le lénacapavir peut changer la donne dans la lutte contre le VIH mais la suppression des conditions restrictives d'octroi de licences et la facilitation de la concurrence des génériques sont autant d'éléments qui doivent être pris en compte pour qu’il puisse atteindre un plus grand nombre de personnes.

Notes

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