Soudan du Sud : 30 000 nouveaux réfugiés n’ont nulle part où aller

Des réfugiés soudanais collectent de l'eau au point d'eau MSF du camp de Jamam au Soudan du Sud  Mars 2012.
Des réfugiés soudanais collectent de l'eau au point d'eau MSF du camp de Jamam, au Soudan du Sud - Mars 2012. © Robin Meldrum/MSF

Médecins Sans Frontières (MSF) appelle le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (UNHCR) à identifier immédiatement un emplacement adéquat pour accueillir les 30 000 nouveaux réfugiés qui ont afflué ces deux dernières semaines de l’Etat du Nil Bleu, au Soudan, vers l’Etat du Nil Supérieur, au Soudan du Sud. 2 000 nouveaux réfugiés traversent la frontière chaque jour et ont besoin d’urgence d’aide humanitaire. Ils rejoignent ainsi dans cette région 70 000 réfugiés qui ont déjà fui les combats entre les forces armées soudanaises et le groupe armé SPLM-Nord.

« Nous sommes confrontés à une veritable urgence », explique le coordinateur des urgences de MSF, Patrick Swartenbroekx. « Nous prodiguons des soins médicaux et traitons et distribuons chaque jour à leurs points de rassemblement temporaires 90 000 litres d’eau provenant d’étangs. Mais les étangs seront vides d’ici la fin de la semaine. La situation deviendra alors vraiment critique. »

Depuis décembre, les pénuries d’eau rendent difficiles la situation humanitaire dans les deux camps de réfugiés que compte cette région reculée de l’Etat du Nil Supérieur. Le camp de Doro a pratiquement atteint sa pleine capacité tandis que dans le camp de Jamam, chaque personne reçoit moins de 7 litres d’eau par jour, soit moins de la moitié du standard minimum requis en cas d’urgence. Près de 40% des consultations qui y sont réalisées dans la clinique de MSF concernent des cas de diarrhée. Après de longues discussions, un troisième camp de réfugiés est en train d’être mis en place à Yusuf Batil, mais il ne peut fournir actuellement de l’eau qu’à trois ou quatre mille réfugiés. Alors que les camps existants sont pleins ou manquent d’eau, une solution alternative doit donc être trouvée de toute urgence.

A l’heure actuelle, les nouveaux réfugiés sont rassemblés sous des arbres à un endroit appelé Rum. Seuls quelques uns d’entre eux disposent de lambeaux de feuilles plastiques comme abris. Depuis la semaine dernière, MSF prodigue des soins de santé aux cas les plus graves : y compris 214 consultations pour des diarrhées et 34 enfants souffrant de malnutrition aiguë. Les réfugiés sont épuisés et ont déjà passé des mois dans la brousse pour fuir les combats. Beaucoup racontent des histoires atroces sur les plus faibles ou les blessés qui s’effondraient le long du chemin pendant le trajet. Une marche qui a duré au moins deux semaines, bien plus encore pour bon nombre. « On a marché avec toute la famille pendant plus de 17 jours avec très peu d’eau et de nourriture », explique un père entouré de ses enfants. « Il y a encore beaucoup de gens sur la route, dont des personnes âgées ou affaiblies. Beaucoup souffrent de diarrhée. »

« Un scénario cauchemardesque est en train de se dessiner », prévient Jean-Marc Jacobs, chef de mission adjoint de MSF. « Depuis plus de 3 mois, MSF tire la sonnette d’alarme sur la nécessité de fournir davantage d’eau et de se préparer à de nouveaux afflux de réfugiés. Nous sommes confrontés maintenant à une situation qui requiert de toutes les organisations une action immédiate et efficace dès aujourd’hui et dans les deux ou trois jours à venir. »

MSF va fournir des soins médicaux pour les nouveaux réfugiés ainsi que de l’eau dans les jours restants avant que les étangs de Rum soient asséchés. Entretemps, nous pressons l'UNHCR et les autres organisations humanitaires dans le comté de Maban de trouver un emplacement pour ces réfugiés.

Les activités prioritaires devraient être les suivantes:

  • L’identification de sites pouvant accueillir des dizaines de milliers de réfugiés ;
  • Un approvisionnement immédiat et en quantité suffisante d’eau traitée ;
  • L’aménagement d’urgence des routes pour permettre l’accès des réfugiés aux camps, sans quoi la saison des pluies rendra cet accès impossible ; et
  • La mise en place de plans de secours concrets avec des ressources appropriées pour les nouvelles arrivées de réfugiés à venir.

 

Depuis novembre 2011, MSF mène une opération médicale d’urgence de grande envergure en faveur des réfugiés dans l’Etat du Nil Supérieur. L’équipe compte aujourd’hui sur le terrain plus de 40 collaborateurs internationaux et 250 collaborateurs locaux, gérant deux hôpitaux de campagne et réalisant plus de 3 000 consultations par semaine. L’équipe mène également des cliniques mobiles aux points de passage frontaliers. Elle assume aussi le traitement et la distribution d’eau, une activité d’urgence vitale.

Dossier spécial urgence au Soudan du Sud

Consultez notre dossier détaillé sur l'urgence qui frappe le Soudan du Sud.

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