Serbie : les mineurs constamment violentés par les autorités frontalières de pays membres de l'UE

Un groupe de réfugiés dans une forêt à proximité du village d'Adasevci. Serbie. Juillet 2017.
Un groupe de réfugiés dans une forêt à proximité du village d'Adasevci. Serbie. Juillet 2017. . © Marko Drobnjakovic

Dans un nouveau rapport intitulé « Games of Violence », MSF publie des données médicales et de santé mentale ainsi que des témoignages de jeunes patients qui mettent en lumière les violences perpétrées par les autorités frontalières et la police d’États membres de l'UE, aux frontières de la Serbie avec la Hongrie, la Bulgarie et la Croatie.

« Pour les enfants et les jeunes qui essaient de quitter la Serbie aujourd'hui, la violence est constante et majoritairement perpétrée par la police aux frontières des États membres de l'UE, déclare Stéphane Moissaing, chef de mission de MSF en Serbie. Depuis plus d'un an, nos médecins et nos infirmières entendent les mêmes histoires décrivant des jeunes battus, humiliés et attaqués par des chiens, pour avoir désespérément tenté de continuer leur voyage ».

Au cours des six premiers mois de l'année 2017, 92% des enfants et des adolescents recevant des soins de santé mentale par MSF et signalant des violences physiques, ont déclaré que la police ou les autorités surveillant les frontières avec la Bulgarie, la Hongrie et la Croatie, étaient les auteurs de ces violences. Près de la moitié de ces enfants (48%) ont accusé les autorités bulgares.

En outre, de janvier à juin 2017, les équipes médicales mobiles de MSF à Belgrade ont documenté 62 incidents de violence intentionnelle à la frontière hongroise et 24 à la frontière croate. La grande majorité des récits suivait le même schéma de violence qui semble systématiquement réservé aux personnes tentant de traverser les pays de l'Union européenne : coups, morsures de chien et utilisation de spray irritant.

« Les États membres de l'UE utilisent intentionnellement la violence pour dissuader des enfants et des jeunes de demander l'asile dans l'Union européenne. Cela ne les dissuade pas d'essayer, mais cela leur cause de sérieux dégâts physiques et physiologiques, les rendant plus vulnérables encore et les repoussant dans les mains des passeurs que l'Union européenne et ses États membres prétendent combattre », conclut Stéphane Moissaing.

 

MSF travaille avec des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants en Serbie depuis la fin de 2014 et fournit des soins médicaux et mentaux, des abris, de l'eau et des dispositifs d’hygiène aux points d'entrée et de sortie du pays. Depuis janvier 2016, MSF travaille à Belgrade, la capitale serbe, pour fournir des soins de santé primaire et de santé mentale à ceux qui sont bloqués dans des abris de fortune de la ville. En 2017, MSF a ouvert une clinique fixe dans le centre-ville et continue de plaider en faveur de l'accès aux soins de santé, aux refuges et à la protection de la population vulnérable bloquée en Serbie.
 

Pour les migrants bloqués en Serbie, tenter de franchir la frontière est pris comme un jeu, mais dont les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Les forces policières continuent à  utiliser la violence et les mauvais traitements pour dissuader les personnes d'entrer en Europe. 

Notes

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