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Vivre avec le VIH : témoignage de Thomas Soyoua, agriculteur au Kenya

Portrait Thomas Soyoua Kenya
Portrait Thomas Soyoua Kenya © JCNougaret/MSF

A Ndhiwa, sur les rives du lac Victoria, au Kenya, le taux de prévalence du VIH est un des plus élevés au monde. Près d’un quart de la population est séropositive. Un nouveau projet de lutte contre la maladie a démarré en avril dernier, en collaboration avec les autorités et les communautés locales. Thomas, patient séropositif, raconte son histoire.

Thomas Soyoua sait qu’il vit avec le VIH depuis qu’il a été dépisté en 2008. Il est agriculteur, dans le village de Kawanga, près de la ville de Ndhiwa. Dans cette région rurale, à l’ouest du Kenya, près du lac Victoria, la population est disséminée dans la campagne. Thomas a cinq enfants et il a besoin de cultiver ses champs pour nourrir sa famille. Mais, lorsqu’il a découvert sa séropositivité, il se sentait si fatigué qu’il ne pouvait pas travailler ni prendre en charge les frais de scolarité de ses enfants.

« A cette époque, j'étais très faible. Mais heureusement, j'ai été immédiatement mis sous traitement antirétroviral (ARV) après mon dépistage. On m’a aussi expliqué comment prendre les médicaments pour bien adhérer au traitement. Et depuis cette période, jusqu'à aujourd’hui, je me sens bien », dit-il.

Mais obtenir le traitement n'était pas si facile en raison de la distance pour accéder aux structures de soin. Lorsque nous l'avons rencontré, il se trouvait dans le centre de santé de Got- Kojowi, le plus proche de sa maison. Il était si fier de son rétablissement qu'il nous a invités à visiter sa maison pour voir sa ferme. « C’est très proche » ; nous avait-t-il dit. Alors nous sommes montés en voiture et nous avons roulé pendant près d’une demi- heure, d'abord sur la route, puis sur des pistes défoncées, mais à la fin, la voiture ne pouvait plus passer, parce que le chemin était trop étroit. Nous avons encore dû marcher environ 30 minutes pour parvenir jusque chez lui...

Heureusement, aujourd'hui, avec l’amélioration du traitement et parce que Thomas est un patient « stable », il peut espacer ses visites tous les trois mois jusqu’au centre de soin. Cela lui permet un gain de temps qu’il peut investir dans des activités génératrices de revenus. Demain, un voisin pourra même obtenir le traitement pour plusieurs personnes dans la communauté et réduire encore le temps passé à recevoir les médicaments à moins de 10 minutes à pied. Car l’éloignement des centres de soins peut être un obstacle majeur empêchant les personnes vivant avec le VIH de recevoir leur traitement. C’est pourquoi le projet Ndhiwa, conjointement développé par MSF et le ministère kenyan de la Santé, associe l’hôpital de Ndhiwa, trois centres de santé et 20 dispensaires, dans une approche communautaire et avec des partenaires locaux.

A la fin de notre rencontre, Thomas Soyoua conclut : « Mon espoir pour l'avenir est de continuer mon traitement et d’atteindre mon but le plus cher : éduquer mes enfants. Ils sont tous à l'école ou à l'université maintenant. J'ai aussi parlé à plusieurs personnes pour leur dire de faire très attention avec cette maladie, parce que s’ils ne sont pas prudents, ils peuvent perdre leur vie facilement. »

Notes

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