Tremblements de terre en Turquie et en Syrie : MSF intensifie son intervention d'urgence

Vue d'une ville du gouvernorat d'Idlib après les tremblements de terre du 6 février. Image d'illustration. Syrie. 7 février 2023.
Vue d'une ville du gouvernorat d'Idlib après les tremblements de terre du 6 février. Syrie. 7 février 2023.   © OMAR HAJ KADOUR/MSF

Deux jours après les tremblements de terre qui ont touché le sud de la Turquie et le nord de la Syrie, les équipes de Médecins Sans Frontières, déjà opérationnelles dans la région, continuent d’apporter leur aide aux populations ainsi qu'un soutien aux structures de santé locales. Selon les dernières données disponibles, ces séismes ont tué plus de 5 800 personnes en Turquie et au moins 1 800 en Syrie. Plus de 20 000 blessés ont été recensés. Un deuxième membre du personnel MSF a malheureusement été retrouvé mort sous les décombres de son foyer.

Les tremblements de terre, ressentis jusqu’à Chypre, ont causé d’importantes destructions dans le nord-ouest de la Syrie. Dans cette région densément peuplée, une grande partie de la population est composée de personnes déplacées par la guerre, qui vivaient déjà dans des conditions précaires.

Les équipes MSF travaillent dans cette région depuis de nombreuses années, dans des hôpitaux généralistes ou spécialisés gérés par l’association, mais également à travers des cliniques mobiles, qui se rendent dans une centaine de camps de personnes déplacées, ou en soutien à des dizaines de structures de santé existantes. Les conséquences des tremblements de terre viennent s’ajouter à une situation humanitaire déjà alarmante. 

De nombreux hôpitaux ont été endommagés, et certains ne sont plus en mesure de continuer à prendre en charge des patients, comme c'est le cas notamment à Jandaris, dans le gouvernorat d’Alep. Deux maternités soutenues par MSF ont été évacuées, en raison du risque d'effondrement des bâtiments. Au cours des premières heures suivant la catastrophe, les équipes MSF ont pris en charge plus de 200 blessés. Les structures de santé soutenues par MSF dans les gouvernorats d'Alep et d'Idlib ont reçu 3 465 blessés.

Une distribution de biens de première nécessité par les équipes MSF dans le district d'Afrin, situé dans le nord-ouest de la Syrie. 8 février 2023.
 © MSF
Une distribution de biens de première nécessité par les équipes MSF dans le district d'Afrin, situé dans le nord-ouest de la Syrie. 8 février 2023. © MSF

MSF a mis en place une réponse immédiate, basée sur son plan de réponse aux urgences, en soutenant les hôpitaux des villes d'Idlib et d'Alep avec des donations de kits d'urgence, de traumatologie, et de chirurgie. Du personnel encadrant a également été envoyé sur place. La capacité d’accueil et de prise en charge de nos hôpitaux, comme celui d’Atmeh, d’ordinaire spécialisé dans la prise en charge des personnes brûlées, a été augmenté avec notamment l’installation de salles médicales sous tente. L’association a aussi fourni des articles et des kits médicaux d'urgence à plus de 23 structures de santé du nord d'Idlib et a commencé à mener des activités de premiers secours psychologiques dans son réseau d’intervention.

De plus, l’association a ouvert une clinique mobile dans le centre d'accueil de Kelly, dans le gouvernorat d'Idlib, et met en place un soutien aux ambulances pour faciliter le transfert des patients ayant besoin d'une aide d'urgence. Offrir une aide immédiate aux victimes des tremblements de terre, en particulier à celles qui ne peuvent pas se mettre à l’abri des intempéries et du froid, est une priorité des équipes MSF. Les populations du nord-ouest de la Syrie ont besoin d'abris, de nourriture, de couvertures, de vêtements, de matériel de chauffage, de kits d'hygiène et d'une assistance médicale. Elles manquent également de carburants, d’électricité et d’un accès adapté à l’eau et à l’assainissement. 

Par ailleurs, l’approvisionnement à long terme de cette région enclavée est l’un des enjeux clés de l’intervention de MSF. Les équipes de l’association utilisent pour l’instant leurs stocks d’urgence à disposition dans la région, mais il sera bientôt nécessaire de renouveler les stocks par de nouvelles livraisons. Or, le seul point d’accès au nord-ouest de la Syrie, depuis la Turquie, est le poste-frontière de Bab al-Hawa et les routes qui y mènent ont été endommagées. Le maintien de cet accès est crucial pour la continuité et la qualité de la réponse humanitaire apportée dans la région.

Vue de l'impact des tremblements de terre dans la province d'Idlib. 6 février 2023. Syrie.
 © Omar Haj Kadour
Vue de l'impact des tremblements de terre dans la province d'Idlib. 6 février 2023. Syrie. © Omar Haj Kadour

La question de l’accès aux soins de santé mentale, en plus des soins médicaux d’urgence, est un autre enjeu important : de nombreuses personnes du nord-ouest syrien ont vécu la perte d’un proche ou la destruction de leur habitation. Cette partie de la Syrie était déjà dans une situation humanitaire désastreuse en raison de nombreuses années de guerre, de la situation économique, de la pandémie de Covid-19 et, plus récemment, d'une épidémie de choléra. Avec un système de santé extrêmement fragile, ces séismes rendent la situation encore plus difficile.

En Turquie, les autorités réquisitionnent des écoles pour de futurs abris et leurs équipes mobiles sont déployées pour que les gens puissent donner leur sang. Le niveau d'alerte 4 a été déclaré, en plus d'un état d'urgence de trois mois dans les 10 provinces les plus durement touchées. Avec le Croissant bleu international (IBC), les équipes d'urgence de MSF évaluent les besoins dans les zones les plus affectées du sud de la Turquie. Hatay, Gaziantep et Diyarbakir semblent avoir été particulièrement touchées par le tremblement de terre. En raison des effondrements d'immeubles, la ville de Hatay est désormais fermée. L'assistance sera fournie dans la périphérie de la ville.

MSF est prête à fournir une assistance en Turquie et à mobiliser ses capacités d'urgence, même si l’association ne travaillait pas dans le pays avant les tremblements de terre. Des discussions sont en cours avec les autorités et les partenaires locaux concernant le cadre de notre accompagnement.

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