Sri Lanka - Pris dans la guerre sans aucune assistance
D'importants combats au nord-est du Sri Lanka ont forcé, depuis le mois d'août, 200.000 personnes à se déplacer. L'acheminement de l'aide aux populations affectées par le conflit est de plus en plus difficile, et plusieurs régions sont complètement coupées de l'aide extérieure. Judith Soussan, chef de mission au Sri Lanka, raconte.
Le gouvernement sri-lankais refuse toute autorisation d'accès aux organisations humanitaires. A l'est du pays, nous n'avons pas pu déployer de secours faute d'autorisation. Pourtant il y a au moins 40.000 personnes déplacées dans la zone contrôlée par les Tigres tamouls, près des zones de combats subissant encore des bombardements. Cette population est complètement privée de secours et se trouve dans l'impossibilité de fuir.
Dans la péninsule de Jaffna, le seul endroit où nous avons pu ouvrir un projet, des combats importants ont lieu depuis le 11 août. Cette zone était déjà dangereuse, avec plusieurs personnes assassinées chaque jour, mais la situation a nettement empiré. Les bombardements sont réguliers. Ceci a provoqué le déplacement de 50.000 personnes dans la péninsule, sur une population totale de 500 000 personnes.
En même temps l'accès à la péninsule a été bloqué : la route est fermée, les trafics aérien et maritime ont été quasi-interrompu, du fait des restrictions des rebelles, comme des autorités sri-lankaises. Le prix de la nourriture a déjà quadruplé et les produits de première nécessité sont pris d'assaut par la population qui tente de constituer des stocks. Si ce blocage dure encore quelques semaines, tout va manquer, notamment la nourriture. Par ailleurs, l'accès aux hôpitaux est limité par le couvre-feu, levé seulement quelques heures par jour.
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Sri-Lanka - Mai 2002
© Marco van Hal |
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Que fait MSF dans la péninsule de Jaffna ?
Mais la manière dont se passent ces évacuations est elle aussi extrêmement frustrante : le ministère de la Défense n'autorise pas notre médecin à accompagner ses patients dans l'ambulance. Même nos mouvements au sein de la péninsule sont limités.
De plus, l'assassinat de 17 membres d'ACF à l'Est du pays en août dernier est un crime sans précédent contre les acteurs humanitaires au Sri Lanka. Ce crime, non élucidé à cette date, illustre à quel point le droit essentiel de la population à recevoir des secours est bafoué. MSF a travaillé au Sri Lanka pendant 17 ans de guerre, de 1988 à 2003, mais nous n'avons jamais vu pareille situation.