Sri Lanka - Apporter de l'aide aux déplacés de Batticaloa

Depuis mai, MSF développe des activités dans le district de Batticaloa pour venir en aide aux déplacés du fait de la guerre.
Caroline, infirmière, fait le point de la situation dans cette région de l'est du Sri Lanka où les combats ont repris, depuis quelques mois, entre les forces gouvernementales et les rebelles tamouls.

La région de Batticaloa est-elle toujours déchirée par la guerre ?
La situation s'est stabilisée au sud de la ville de Batticaloa. Mais les combats entre rebelles et forces de sécurité se poursuivent et sont très violents au nord de Batticaloa. On entend des tirs d'artillerie tous les jours et il y a aussi des bombardements aériens, quoique moins fréquents. On les entend depuis les camps de déplacés où on travaille, au nord de Batticaloa, parce que les camps militaires se trouvent à proximité. L'implantation des camps militaires n'est pas le fruit du hasard. Ils sont aménagés près des hôpitaux, des écoles, des camps de déplacés... Ce qui rend le quotidien des personnes déplacées et notre travail dangereux. Parfois il y a des échanges de tirs autour de ces camps, lorsque des rebelles tamouls arrivent à s'infiltrer dans les zones contrôlées par l'armée. Il arrive aussi que les rebelles installés dans le maquis ripostent aux tirs de l'armée. Ainsi fin juin, trois obus sont tombés à côté d'un camp de déplacés. Il y a partout des hommes en armes, en uniforme ou en tenue civile. Et des dissensions violentes entre diverses factions pro-gouvernementales ajoutent encore à l'insécurité.

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Qu'est-il possible de faire dans ce contexte difficile ?
Beaucoup de choses. Nous intervenons dans six camps situés au nord de la ville où vivent près de 12.000 personnes majoritairement tamoules qui ont fui les zones de combat, sachant qu'il y a en tout quelque 50.000 personnes déplacées dans le district de Batticaloa. Pour toutes les ONG présentes se pose le problème de l'insécurité. En ce qui nous concerne, nous apportons une assistance médicale aux personnes déplacées et nous travaillons aussi sur l'amélioration des conditions de vie dans les camps.

Quels soins médicaux proposez-vous ?
A travers des consultations mobiles, nous pouvons assurer les soins primaires à la population de ces six camps, les principales pathologies étant les infections respiratoires, les diarrhées aqueuses et les dermatoses qui sont liées à des problèmes d'hygiène. Mais notre médecin est aussi amenée à traiter des urgences. Le mois dernier, elle est arrivée dans un camp alors qu'une femme était en train d'accoucher sur le sable. Avec l'aide d'un de nos employés, elle a pu assurer un accouchement dans de meilleures conditions d'hygiène et médicales. Comme nous avons un service d'ambulance pour envoyer les urgences à l'hôpital de Batticaloa, nous avons pu y transférer la jeune mère pour qu'elle y reçoive les soins appropriés. A côté de ça, nous avons une gynécologue à l'hôpital de Valaichchenaï qui assure la stabilisation des accouchements compliqués, suit les femmes après leur accouchement et réfère les patientes à l'hôpital de Batticaloa quand une intervention chirurgicale s'impose. Et très bientôt, nous allons faire de la chirurgie en traumatologie dans ce même hôpital qui est débordé face à l'afflux de blessés.

illustration Bladders - Ces nourrices à eau installées par MSF dans le camp de Koralenkerny 3 fournissent quotidiennement près de 15.000 litres d'eau potable aux déplacés.

Vous faites aussi un travail portant sur les installations sanitaires et la logistique dans les camps ?
Pour améliorer les conditions de vie au quotidien, nous avons creusé des puits, installé des motopompes et des réservoirs pour l'eau que nous chlorons, dans deux camps. Ce qui nous permet d'y assurer désormais l'approvisionnement en eau avec 16 litres d'eau potable par jour et par personne pour près de 9.800 personnes. Et nous distribuons dans 20 camps des jerrycans et des seaux, du savon et des kits d'hygiène ainsi que des bâches en plastique pour renforcer les abris et les tentes.
Nous réalisons ce travail car la situation reste précaire et ne permet pas à ces populations déplacées d'envisager un retour dans leur village d'origine d'autant que la plupart des maisons y ont été détruites par les bombardements, les combats...

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