Soudan : au Darfour, soigner les populations du Djebel Marra

Centre de santé MSF à Umo, État du Darfour, Soudan, le 30 septembre 2020.
Centre de santé MSF à Umo, État du Darfour, Soudan, le 30 septembre 2020. © MSF

Après 17 années de conflit au Darfour, dans l'ouest du Soudan, la situation sécuritaire reste fragile et de violents affrontements secouent encore la région du Djebel Marra. Les équipes MSF interviennent à Rokero, une localité contrôlée par le gouvernement, et à Umo, situé dans une zone tenue par des groupes armés rebelles. 

Depuis février 2020, MSF fournit des services médicaux dans la région montagneuse du Djebel Marra au Darfour, où environ 60% de la population n’a pas accès aux soins. Sur les 20 établissements de santé que compte la zone, seuls huit sont fonctionnels, dont deux sont des centres MSF.

 

Les équipes MSF dispensent des services médicaux dans un hôpital rural situé à Rokero, une petite ville d'environ 7 000 habitants, répartis sur de vastes étendues montagneuses. Elles y gèrent un service d'hospitalisation, une unité d'urgence, et fournissent des soins de santé maternelle et néonatale. Les patients présentants des blessures ou des problèmes de santé complexes sont transférés vers l'hôpital d'Al-Fasher, la capitale de la province du Darfour du Nord, à six heures de route. 

Un centre nutritionnel thérapeutique a également été mis en place pour les enfants malnutris souffrants de complications comme des infections des voies respiratoires ou des diarrhées.  La prévalence de la malnutrition chez les jeunes enfants est élevée et, au fil des ans, la couverture vaccinale a diminué. 

« Nous avons toujours cinq ou six enfants atteints de malnutrition sévère. Il y a une petite fille de deux ans qui est actuellement prise en charge au centre nutritionnel, raconte Nasteh Shukri Mahamud, infirmière et cheffe de l'équipe médicale à Rokero. Sa mère l'a amenée il y a sept jours car elle était très faible et beaucoup trop chétive pour son âge. Son état s'est rapidement amélioré, à tel point que sa mère avait du mal à y croire. »

 

Des femmes et des enfants du village Umo accueillent l'équipe MSF dès son arrivée, le 30 septembre 2020. 
 © MSF
Des femmes et des enfants du village Umo accueillent l'équipe MSF dès son arrivée, le 30 septembre 2020.  © MSF

Depuis le mois de septembre, une équipe MSF est également présente à Umo, une enclave coupée de toute assistance extérieure depuis 2008, où vivent environ 50 000 personnes dans des villages dispersés. La zone est contrôlée par un groupe armé rebelle qui continue de combattre les forces gouvernementales, mais aussi d'autres groupes armés locaux, afin de prendre le contrôle des ressources et du territoire. 

L'accès se fait à dos d'âne ou de chameau, faute de routes. Il faut ainsi compter quatre heures pour rejoindre Umo depuis Rokero, un trajet périlleux à travers les montagnes. 

 

L'équipe MSF voyage à dos d'âne de Rokero à Umo.
 © MSF
L'équipe MSF voyage à dos d'âne de Rokero à Umo. © MSF

Dans son centre de santé à Umo, MSF traite jusqu'à 70 patients par jour. Beaucoup sont pris en charge pour des blessures par balle, mais également pour des infections respiratoires et des maladies cutanées liées aux conditions de vie. MSF y gère aussi un centre nutritionnel thérapeutique ambulatoire, où 60 enfants sévèrement malnutris ont été pris en charge au cours du premier mois d'intervention. 

« La situation à Rokero et Umo reste instable. Les gens fuient les violences dans leurs villages et partent vers des zones plus sûres, près des grandes villes. Les affrontements continuent et nous soignons encore des personnes présentant des blessures causées par les combats. La nuit, on entend souvent des coups de feu. Les communautés, à Rokero comme à Umo, dépendent largement de l'aide humanitaire », explique Nasteh Shukri Mahamud. 

Depuis le renversement du régime de l'ancien président soudanais Omar al-Bechir par l'armée en avril 2019, à la suite d'un mouvement populaire, un gouvernement de transition est en place à Khartoum, la capitale soudanaise. Un accord de paix a été signé le 3 octobre 2020 à Juba, la capitale du Soudan du Sud voisin, entre le gouvernement de transition et plusieurs groupes armés. La guerre civile au Darfour, en cours depuis 2003, a causé la mort de dizaines de milliers de personnes et a forcé au moins un million d'autres à se déplacer. 

 

À lire aussi