RDC/Congo - Les réfugiés continuent d’arriver le long de la frontière

Depuis six semaines entre 60 000 et 75 000 personnes ont traversé la rivière Oubangui qui marque la frontière entre la RD Congo et la République du Congo
Depuis six semaines, entre 60 000 et 75 000 personnes ont traversé la rivière Oubangui qui marque la frontière entre la RD Congo et la République du Congo © MSF

La situation reste confuse dans la province de l'Equateur en République démocratique du Congo (RDC), après de violentes batailles fin octobre et les premières semaines de novembre. Des milliers de personnes continuent de fuir suite à de nouveaux combats et aux multiples rumeurs d'attaques. En tout, environ 115 000 personnes, soit déplacées en RDC soit réfugiées en République du Congo, ont besoin d'assistance.

Les familles embarquent sur des pirogues, laissant tout derrière elles. Elles partent dès que se diffuse l'information d'une progression d'hommes armés dans leur direction. Les rumeurs sur les exactions commises durant la bataille de Dongo, fin octobre, sont telles que la fuite est rapide.

Jusqu'à aujourd'hui, des combats se sont développés au sud de la ville à Saba Saba, puis plus à l'est jusqu'aux alentours de Gemena et les rumeurs d'attaques vont bon train dans ces zones.

Bon nombre de familles choisissent de franchir la frontière et de se réfugier en République du Congo.

Depuis six semaines, entre 60 000 et 75 000 personnes ont traversé la rivière Oubangui qui marque la frontière entre la RD Congo et la République du Congo. De petits groupes parfois isolés sont éparpillés sur environ 150km.

En Equateur, plusieurs dizaines de milliers de déplacés fuient de plus en plus loin, empruntant la route de l'est, en direction de Gbadolite, à la frontière centrafricaine. Ils ont très difficilement accès à l'aide.

Côté RD Congo, MSF dans l'impossibilité de porter assistance aux déplacés. Suite à une évaluation de la situation courant novembre dans les zones de Kungu, Bomboma, Bokonzi, une équipe d'urgence de MSF est partie samedi de Kinshasa pour apporter une réponse humanitaire aux déplacés de l'Equateur, démunis et choqués, ainsi qu'une réponse médicale aux blessés qui ont pu fuir les violences.

Arrivée à Gemena, l'équipe de six personnels médicaux et trois logisticiens s'est dirigée vers le sud-ouest. Cependant, la situation dans la zone ne rassemblait pas les conditions de sécurité requises permettant à l'équipe de travailler.

Dans ces circonstances, l'équipe a dû rebrousser chemin. La situation des civils, qui restent les premières victimes de ces violences, est pourtant inquiétante.

Les évaluations de MSF avaient identifié des besoins importants au sein de la population, notamment en termes d'accès à des soins médicaux et à l'eau potable. MSF espère que la situation lui permettra au plus vite de débuter ses activités et ainsi, d'apporter une assistance neutre et indépendante à tous ces déplacés qui en ont besoin.


Côté Congo, l'aide arrive mais le nombre de réfugiés augmente. Plusieurs milliers de personnes sont encore arrivées début décembre dans la région de la Likouala, en République du Congo. Une équipe de Médecins Sans Frontières sillonne la zone en pirogue et évalue la situation au fur et à mesure des arrivées.

« La plupart des nouveaux réfugiés n'ont pas emporté grand-chose par crainte que les pirogues surchargées ne se renversent » explique Salha Issoufou, coordinateur d'urgence MSF « Ils n'ont pas encore reçu d'aide, le système est en place mais n'arrive pas à suivre le rythme. Au niveau médical, il n'y a pas de blessés et peu d'urgences mais un grand nombre de ces réfugiés sont malades. Le paludisme, les infections respiratoires et les diarrhées sont fréquentes ».

Autant de réfugiés que d'habitants, pas assez d'eau potable et de soignants. La population du village de Gnamoba a soudainement doublé, avec l'arrivée de plus d'un millier de réfugiés. Faute de puits, tout le monde boit l'eau du fleuve, faute de centre de santé, il faut trouver une pirogue motorisée pour se rendre à Bétou, à 45 minutes de là.

Les églises du village et des habitants ont pu accueillir une partie des réfugiés mais d'autres doivent dormir dans la forêt. Certains réfugiés ont apporté quelques vivres. La situation est semblable dans d'autres villages visités par l'équipe MSF lors d'une évaluation menée au nord de Bétou, fin novembre.

Cliniques MSF, itinérantes et fixes, pour soigner les réfugiés. MSF a mis en place des cliniques itinérantes dans des lieux où il n'y avait pas de structure de santé, comme l'île de Moumbata où se trouvent quelques centaines de réfugiés isolés ou Eboko.

Quand il y a un centre de santé, l'équipe le soutient en fonction des besoins (donations de médicaments, renfort en ressources humaines). En tout, l'équipe a donné plus de 1200 consultations médicales en une semaine (paludismes, infections respiratoires, diarrhées...)

Les consultations médicales sont effectuées sur quatre sites : Bétou, Eboko, Landza et Boyele. Deux autres sites sont prévus, Malebo, Ikpengbele.

 

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