RDC - Les rebelles ougandais de la LRA poursuivent leurs attaques meurtrières

Faradje Haut Uélé où MSF a dispensé des soins à des civils blessés suite à une attaque par la LRA en décembre 2008.
Faradje, Haut Uélé, où MSF a dispensé des soins à des civils blessés suite à une attaque par la LRA en décembre 2008. © MSF

Plus de trois semaines après les attaques contre plusieurs villes
du Haut-Uélé, la rébellion ougandaise de
la LRA (Armée de résistance du Seigneur) poursuit son offensive meurtrière contre les populations de la Province Orientale et se rapproche de Dungu. Le bilan
s'alourdit avec de nouvelles victimes sans que rien ni personne ne
semble pouvoir arrêter cette logique meurtrière.

Grâce à un avion d'ASF (Aviation Sans Frontières), l'équipe de MSF rayonne autour de Dungu dans les villes qui ont été attaquées par les rebelles ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA).

L'équipe continue d'apporter une aide aux populations dans cette région du Haut-Uélé, située dans la Province Orientale de la République démocratique du Congo (RDC) mais elle est particulièrement inquiète. Car les attaques se rapprochent de Dungu, ville où une offensive avait été lancée le 1er novembre dernier.

Ce sont d'abord les localités de Sambia, Subani, Akwa, et Tomati qui ont été successivement attaquées, et quelques jours plus tard, le 17 janvier, la LRA a lancé un assaut sur la ville de Tora, à 70 kilomètres environ de Dungu.

Aujourd'hui, l'équipe de MSF à Dungu voit arriver, à pied, les premières personnes qui fuient ces zones. Plusieurs dizaines de milliers de personnes seraient ainsi sur les routes à la recherche d'un lieu pour se réfugier.


« Il est de plus en plus difficile pour l'équipe de se rendre vers ces localités pour évaluer les besoins des populations déplacées, mettre en place des cliniques mobiles et éventuellement référer les blessés vers l'hôpital de Dungu, explique Charles Gaudry, responsable du projet MSF sur place. La situation sécuritaire est très préoccupante. »

Il est très difficile d'intervenir auprès de populations qui ont non seulement besoin d'assistance, mais avant tout d'être protégées
Marc Poncin

L'insécurité est l'une des contraintes majeures qui limitent l'assistance que l'on peut apporter. Même les déplacements en avion sont hasardeux car nul ne sait ce qui peut se passer dans les petites villes où vont atterrir les équipes. Les mouvements de la LRA sont imprévisibles. Les équipes de MSF ne peuvent rester que quelques heures sur place, le temps d'évaluer rapidement la situation des patients dans les structures de santé, d'évacuer les patients les plus graves et d'apporter médicaments et matériel médical dans des centres de soins souvent pillés.

MSF, tout comme les rares organisations présentes sur place, doit reconnaître qu'il est très difficile de savoir ce qui se passe vraiment dans cette région où se multiplient les attaques. Et il est impossible d'évaluer le nombre de déplacés ou de morts dans ce territoire immense où les villages et les petites villes sont très dispersés.

Le voile commence cependant à se lever sur le nombre des victimes. Selon une équipe de Human Rights Watch qui a enquêté sur place plus de 600 hommes, femmes et enfants auraient été assassinés, et plus de 500 jeunes enlevés dans la période de Noël. Quant au nombre des blessés, il est extrêmement réduit.

Lorsque l'équipe MSF était allée  dispenser des soins d'urgence à Faradje et Doruma, juste après les violences en décembre, elle avait constaté que les attaquants ne laissent que peu de blessés. «Manifestement, leur stratégie est de tuer, indiquait récemment le Dr. Matthieu Bichet, médecin MSF de retour de la région. Les seuls blessés que nous avons pu soigner avaient clairement été laissés pour morts. C'est ce qui les avait sauvés !»

Pour MSF, la situation humanitaire de ces populations du Haut-Uélé est une urgence. « Nous renforçons les équipes pour pouvoir être plus réactifs après les attaques, dit Marc Poncin, responsable du programme RDC. Nous devons cependant reconnaître que dans une telle situation, il est très difficile d'intervenir auprès de populations qui ont non seulement un grand besoin d'assistance, mais aussi et d'abord un grand besoin de protection, insiste Marc Poncin. Or, aujourd'hui, même la sécurité de notre personnel médical, national ou expatrié est précaire. Imaginez donc celle de l'ensemble de la population. »

L'équipe MSF sur place se souvient trop bien qu'au matin du 1er novembre, lors de l'attaque de Dungu, la MONUC, forte d'un contingent de plusieurs centaines d'hommes, était restée dans ses casernes, laissant les milices d'auto-défense et les FARDC défendre les quartiers envahis par les assaillants. Une protection dérisoire face à la détermination et la violence des agresseurs.

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