RD Congo - Les activités de MSF

C'était il y a un an, presque jour pour jour que de violents affrontements dans l'Est de la République démocratique du Congo faisaient des milliers de morts et forçaient des dizaines de milliers de personnes à fuir la région. Si certains affirment que le conflit s'est stabilisé, les violences contre les civils se poursuivent. Dans ses projets au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, Médecins Sans Frontières est chaque jour confrontée aux blessures provoquées par ces actes de violence.

Nord-Kivu

Les opérations de l'armée congolaise contre les rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ont provoqué des déplacements massifs de population dans le district de Lubero. Début 2009, des affrontements ont donné lieu à des attaques, des pillages et des incendies dans des villages.

Déplacements de population. En février et en mars, environ 100 000 personnes déplacées sont arrivées dans la région de Kayna et dans la ville de Lubero. Cet afflux de réfugiés a amené MSF à étendre le programme déployé dans la région de Kayna et de Kanyabayonga au district de Lubero, où des équipes mobiles ont assuré des consultations tant pour les déplacés que pour les habitants des régions les plus touchées par la violence. Les cas les plus graves étaient transférés dans des hôpitaux gérés par MSF.

Dans le district de Rutshuru, la situation reste instable, même si l'insécurité y est moins marquée. Dans l'hôpital géré par MSF dans la ville de Rutshuru, nos équipes traitent régulièrement des blessés par balle. Les actes de banditisme sont fréquents.

Rutshuru. Les équipes chirurgicales de MSF travaillent 24 heures sur 24, et réalisent en moyenne 15 opérations par jour. Cette structure de 280 lits assure la prise en charge des cas graves, qui y sont référés en ambulance.

Nos activités sont entre autres la prise en charge des urgences, la médecine interne, les soins intensifs, la pédiatrie et la maternité, avec plus de 300 naissances par mois. L'hôpital comprend aussi des unités spécialisées pour les brûlures, les soins néonataux et le traitement du choléra.

Nyanzale. A Nyanzale, MSF gère un hôpital de 130 lits qui comprend une maternité, une petite salle d'opération, un service de consultations, un centre nutritionnel thérapeutique pour les enfants souffrant de malnutrition et une garde de médecine interne et de soins intensifs.

Nous y assurons aussi la prise en charge médicale spécialisée des victimes de violences sexuelles, en moyenne 142 par mois. Dans la zone instable aux alentours de Nyanzale, où différents groupes armés coexistent et où les mouvements de population sont importants, MSF propose des consultations médicales et assure la vaccination contre la rougeole.

Kabizo. En octobre 2009, le calme est revenu dans la région, et certaines personnes déplacées ont commencé à rentrer chez elles. MSF a donc mis fin au programme de Kabizo. Pendant plus d'un an, MSF y a soigné les déplacés et les habitants et a offert un traitement aux enfants souffrant de malnutrition. Elle a aussi assuré la prise en charge spécialisée des victimes de violences sexuelles et géré des cliniques mobiles.

Masisi. Dans le district de Masisi, MSF travaille dans l'hôpital de la ville de Masisi. 71 000 consultations y ont été réalisées l'année dernière. Nous sommes aussi présents dans l'hôpital de Mweso (160 lits), principalement pour la chirurgie d'urgence et la prise en charge spécialisée des victimes de violences sexuelles.

Des équipes travaillent également dans les centres de santé de Kitchanga, Mweso, Masisi et Nyabiondo. Nous avons aussi ouvert des centres nutritionnels thérapeutiques pour les enfants souffrant de malnutrition dans les hôpitaux de Masisi et de Mweso ainsi que dans les centres de santé de Kitchanga.

Kitchanga. Dans le cadre du programme de santé mentale de Kitchanga, plus de 6 000 séances de counselling ont été organisées depuis ce mois de juin. A Masisi, un réseau de maman-conseillères est spécialisé dans la sensibilisation et le soutien aux victimes de violences sexuelles.

Dans le district de Masisi toujours, MSF a vacciné contre la rougeole plus de 300 000 enfants âgés de 6 mois à 15 ans et a réalisé des travaux d'approvisionnement et d'assainissement d'urgence dans plusieurs camps abritant des milliers de déplacés.

Plus au sud, les équipes de MSF soutiennent l'Hôpital général de Kirotshe et trois centres de santé ruraux (Rubaya, Ngungu, Rushoga) situés à la frontière entre le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.

Au cours de ces derniers mois, la situation sur le plan de la sécurité s'est améliorée dans la région, et des déplacés ont pu rentrer dans leur village. Toutefois, de nombreuses familles déplacées vivent toujours à Kirotshe, à Shasha et à Ngungu, dans de petits camps ou dans des familles d'accueil. MSF continue d'offrir à ces populations des soins médicaux gratuits.

Depuis juillet 2009, les équipes de MSF sont également à pied d'œuvre dans l'hôpital de Chambucha, dans le Hombo-Nord, où ils se concentrent sur la chirurgie d'urgence. On signale toujours des combats aux alentours de la ville.

Durant le mois d'août, une épidémie de choléra a éclaté dans la ville de Goma. Les équipes de MSF ont soutenu trois centres de santé ainsi que l'Hôpital général de Goma. Un soutien qui a pris la forme de fourniture de matériel et d'approvisionnement en eau par camions.

A Rutshuru, Nyanzale et Masisi, MSF a construit des "villages d'accueil" pour assurer la prise en charge des grossesses à risques et des victimes de violences sexuelles.

Sud-Kivu

Dans le Sud-Kivu, la situation est encore instable : les combats font toujours rage entre l'armée congolaise, le FDLR et divers groupes rebelles dans plusieurs régions, provoquant le déplacement de milliers de personnes. Les familles sont contraintes de fuir leurs villages pour ne pas être prises au piège des affrontements ou subir les représailles de groupes armés. Elles cherchent refuge dans les communautés voisines. 2009 a vu trois vagues de déplacements, qui ont porté le nombre de déplacés à environ 42.000 dans le district de Kalonge.

Les équipes de MSF assurent l'offre de soins de santé aux déplacés et aux familles d'accueil de Kalonge, au sein de l'hôpital général de Chifunzi et de cinq centres de santé ruraux (Chifunzi, Chaminunu, Mutale, Mule et Fendula). Récemment, MSF a aussi distribué des produits de base et des outils agricoles à 1324 familles déplacées. De plus, MSF assure la prise en charge spécialisée des victimes de violences sexuelles.

MSF soutient l'hôpital de Baraka, où 16 000 consultations ont été données et 5 000 patients hospitalisés. Les équipes ont lutté contre le choléra, endémique dans la région de Baraka en assurant la désinfection et en traitant les patients. La malnutrition est également un problème chronique, et plus de 700 enfants ont été admis dans nos programmes nutritionnels l'année dernière.

Suite aux déplacements provoqués par l'offensive militaire contre le FDLR, les équipes de MSF ont déployé un programme d'urgence de trois mois à Lulingu au début de juillet 2009. Le projet de Lulingu a soutenu trois centres de santé, assurant les soins de santé de base en faveur des populations déplacées et en faveur des habitants.

Dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, pour faire face à l'insécurité et à une situation qui évolue rapidement, MSF organise un système de cliniques mobiles, en réalisant des évaluations dans de nouvelles zones et en redéployant rapidement les équipes. Des équipes mobiles travaillent dans les villages et les camps autour de Rutshuru, Nyanzale, Lubero, Mweso, Kitchanga, Pinga, Masisi, Kirotshe, et Kalonge.

De la mi-mars à la mi-août, une équipe chirurgicale volante s'est rendue sur trois sites touchés par les violences et sans accès aux soins chirurgicaux : Bunyakiri (Sud-Kivu), Kayna et Nyamilima (Nord-Kivu). L'équipe a réalisé plus de 289 interventions chirurgicales, dont 31 % en rapport avec les actes de violence dans la région.

MSF assure l'aide médicale urgente aux populations de l'Est de la RDC depuis 1992.


D'octobre 2008 à novembre 2009, les équipes MSF ont fourni divers types de soins au Nord et au Sud Kivu :

  • 5 330 victimes de violences sexuelles prises en charge
  • 1 550 interventions chirurgicales à des patients souffrant de blessures liées à la violence
  • 528 850 consultations médicales
  • 4 900 malades du choléra soignés
  • Plus de 330 000 enfants âgés de 6 mois à 15 ans, vaccinés contre la rougeole
  • 10 160 enfants souffrant de malnutrition pris en charge
  • 7 060 séances de counselling

 

 

 

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