RCA : MSF lance une campagne de vaccination dans le plus grand camp de déplacés du pays

Camp de déplacés de Batangafo février 2015
Camp de déplacés de Batangafo, février 2015 © Pau Miranda/MSF

MSF se prépare à lancer une campagne de vaccination contre la rougeole et la polio pour au moins 18 000 enfants âgés de moins de 15 ans du plus grand camp de République centrafricaine (RCA), celui de Batangafo, dans le nord du pays, qui regroupe plus de 34 000 déplacés. En plus de cette immunisation, des vitamines et des médicaments anti parasitaires seront administrés aux enfants.

L'été dernier, lors de nombreux affrontements armés, plusieurs centaines d’habitants de Batangafo se sont réfugiés entre l’hôpital et la base des forces internationales du maintien de la paix. Aujourd’hui, la majorité des quartiers restent vides.

Le camp de déplacés de Batangafo, initialement prévu pour accueillir 12 000 personnes sur 2 km², atteint ses limites. "La surpopulation est un facteur important de risque d’apparition des maladies dans le camp", explique Carmen Terradillos, coordinatrice médicale MSF.

Dans ce camp qui n’a cessé de grossir depuis août dernier, suite à la détection de plusieurs cas de rougeole et du risque dépidémie qui en découle, les préparatifs pour la vaccination, au départ prévue pour le mois prochain, ont été accélérés. Cette vaccination cible 16 000 enfants du camp de déplacés et 2 000 enfants vivant au sein du peu de familles vivant encore à Batangafo. 

"En plus de cette campagne de vaccination, nous allons renforcer les ressources de l’hôpital afin de les aider à répondre à une potentielle augmentation du nombre de cas. Pour l’instant, ce n'est pas le cas. C'est peut être en partie dû au fait que les familles doivent prioriser la recherche de nourriture et ne peuvent pas emmener leurs malades dans une structure de santé. Quand ils le font le cas est déjà grave. MSF va mettre l'accent sur les activités de sensibilisation et de promotion de la santé parmi les déplacés et initier des "tournées" dans le camp" poursuit Carmen Terradillos.

Les abris sous lesquels vivent le déplacés ne sont pas faits pour endurer les pluies battantes et nombre d'entre eux se trouvent en terrain inondable. "Nous aimerions nous en aller, retourner chez nous, mais s’ils ne nous garantissent pas la sécurité, nous resterons ici et ferons ce que nous pourrons pour renforcer nos cabanes. Nous ne partirons pas", témoigne Brigitte Befio, une habitante de Batangafo qui, depuis des mois, vit dans le camp avec son mari et ses cinq enfants. "Nous ne bougerons pas. Il faut qu'ils désarment les milices qui nous attaquent sans cesse", explique Léa Nukofio, originaire du village de Kambakota, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Batangafo. A 59 ans, elle ne se souvient pas d’avoir connu un tel niveau de violence dans son pays. Cela fait plus de deux ans qu’elle fuit les attaques des uns et des autres. "Nous ne bougerons pas d’ici tant qu’ils ne leurs retirent pas les armes", renchérit-elle.

L’arrivée quotidenne de dizaines de personnes en provenance des alentours prouve le manque de sécurité dans la zone. Si MSF parvient à soutenir cinq centres de santé dans la périphérie de Batangafo, cette insécurité entrave totalement l’assistance à des milliers de personnes de la région. "Ces populations là sont dans une situation de vulnérabilité encore plus grave que celle des déplacés du le camp. Ils n’ont pratiquement rien", déplore Carmen Terradillos. "Si les routes ne sont pas sécurisées, nous ne pouvons pas développer nos activités médicales d’urgence, pourtant indispensables", explique Stella Aprile, chef de mission adjointe. "Dans le nord du pays, des maladies comme le paludisme, les infections respiratoires, les conjonctivites etc. ne sont pas prises en charge".  

A Batangafo, MSF gère l’hôpital général (165 lits) et appuie 5 centres de santé de la périphérie. Entre décembre 2013 et fin 2014, plus de 37 000 personnes ont bénéficié de soins et plus de 500 interventions chirurgicales ont été réalisées. MSF travaille en RCA depuis 1997. L'organisation compte actuellement plus de 300 employés internationaux et plus de 2 000 employés centrafricains dans le pays. Depuis décembre 2013, en réponse à la crise, MSF a accru son niveau d’assistance médicale, passant de 10 à 21 projets et menant à bien 6 interventions pour les réfugiés centrafricains dans les pays voisins : Tchad, Cameroun et République Démocratique du Congo.

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