Mozambique : MSF lance une intervention d’urgence dans le nord du pays pour faire face à un afflux de personnes déplacées
Au cours du mois de novembre, un groupe armé non étatique a mené plusieurs attaques dans la province de Nampula, déclenchant la troisième et, jusqu’à présent, la plus importante vague de déplacements dans le nord du Mozambique depuis juillet 2025. Près de 100 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers ces dernières semaines. Au total, plus de 300 000 personnes ont été déplacées de force dans le nord du Mozambique depuis juillet. Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé une intervention d’urgence dans la province de Nampula, dans les zones du district d’Eráti où se concentre le plus grand nombre de familles déplacées.
Depuis 8 ans, la région de Cabo Delgado connaît un conflit qui oppose des groupes armés affiliés à la mouvance islamiste aux forces gouvernementales, conflit qui s’est périodiquement étendu aux provinces voisines, dont Nampula. Ces dernières semaines, plus de 100 000 personnes ont fui leurs foyers, selon les dernières données de l’OIM.
Certaines familles déplacées ont commencé à retourner chez elles car une aide leur a été promise si elles rentraient, mais la majorité d’entre elles ont toujours peur. Certaines personnes montent ainsi dans des véhicules pour retourner dans leurs villages afin d’accéder à l’aide, puis reviennent ensuite à Alua Sede et Alua Velha, dans le district d'Eráti. D’autres préfèrent rester dans les camps malgré des conditions de vie extrêmement précaires, invoquant l’insécurité persistante, les maisons détruites et la perte de leurs moyens de subsistance. « Il vaut mieux rester ici et avoir faim que de revenir », déclare Carita Varine, qui a fui les attaques répétées dans le district de Memba.
A Alua Velha, Alua Sede et Miliva, MSF offre des consultations médicales, des services de maternité, un soutien nutritionnel, des conseils psychosociaux, et y soutient des campagnes de vaccination . « Entre le 4 et le 15 décembre, nous avons réalisé plus de 860 consultations médicales », indique Emerson Finiosse, médecin de MSF. « La prévalence du paludisme est élevée, avec plus de 30 % de cas positifs parmi les personnes que nous recevons.» Le paludisme, les maladies diarrhéiques aiguës, des infections respiratoires et des affections cutanées sont les affections les plus fréquentes traitées par les équipes. « Nous recevons également de nombreuses femmes pour des consultations prénatales qui consultent souvent pour la première fois, ce qui est un signe préoccupant sur l’état de l’offre de soins accessibles avant même ces déplacements soudains » ajoute Emerson Finiosse.
La saison des pluies en cours accentue encore les risques sur la santé des personnes déplacées. Une épidémie de choléra a ainsi été confirmée dans les districts d’Eráti et de Memba. Pour répondre aux besoins critiques en eau et assainissement, MSF construit des latrines d’urgence et des points d’eau. De plus, MSF a réhabilité un puits inutilisé à Miliva, garantissant l’accès à une eau potable sûre pour la communauté. Douze nouveaux robinets ont été installés à Alua Sede, avec la capacité de servir 1 800 personnes par jour. Le manque d’abris adéquats oblige de nombreuses personnes déplacées, dont la majorité sont des enfants, à dormir dehors ou dans des aménagements précaires, les exposant aux intempéries et aux maladies.
L’accès à la nourriture reste l’un des besoins les plus urgents, et l’afflux de personnes déplacées augmente la pression sur les communautés d’accueil. L’intervention d’urgence lancée par MSF contribuera à répondre à ces besoins humanitaires et médicaux croissants.
En parallèle, les équipes continuent de fournir des services de santé essentiels, dans nos projets réguliers, aux communautés d’accueil et aux personnes déplacées. À Cabo Delgado, MSF mène des projets à Mocímboa da Praia, Macomia et Palma. Les équipes MSF y offrent des consultations de soins primaires, des soins d’urgence, des services de maternité et pédiatriques, des traitements contre le VIH et la tuberculose, ainsi qu’un soutien en santé mentale et psychosocial. Enfin MSF soutient la réponse à une épidémie de choléra à Nanlia. Au premier semestre 2025, nous avons réalisé près de 100 000 consultations et mené des activités de santé mentale en groupe pour plus de 35 000 personnes. Enfin, MSF soutient les établissements médicaux et les hôpitaux en collaboration avec le ministère de la Santé.