Les catastrophes naturelles : idées fausses et vrais risques

Tremblement de terre en Turquie 1999.
Tremblement de terre en Turquie, 1999. © Thomas De Boever

Suite au tremblement de terre en Turquie en 1999, l'OMS
(Organisation mondiale de la santé) a dénoncé un certain nombre d'idées
fausses sur les catastrophes naturelles.

Extraits du communiqué de presse de l'OMS du 20 août 1999

"On entend souvent répéter un certain nombre d'idées fausses lorsque se produit une catastrophe naturelle : la survenue de prétendues épidémies après une catastrophe, le rapport entre les corps et les épidémies, la nécessité d'une aide médicale étrangère, la nécessité d'une grande quantité de fournitures médicales et d'hôpitaux de campagne, la nécessité de réinstaller la population dans des camps, la nécessité d'une aide alimentaire et le retour à la normale au bout de quelques semaines.

La réalité est bien différente, a déclaré aujourd'hui le Dr Michel Thieren, Médecin au Département Secours d'urgence et action humanitaire.

"La demande de services de santé survient dans les 24 heures qui suivent une catastrophe.

La plupart des blessés se présentent dans les établissements médicaux au cours des trois à cinq premiers jours, après quoi le nombre d'admissions redevient pratiquement normal.

Les patients peuvent se présenter en deux vagues successives: la première composée des victimes de la zone située immédiatement au voisinage de l'établissement médical et la deuxième à la suite de transferts lorsque les opérations humanitaires dans des zones plus éloignées se sont organisées. Les victimes des catastrophes secondaires (répliques d'un tremblement de terre ou incendies) peuvent arriver ultérieurement.


Distribution de lait à Izmit, Turquie.


© Thomas De Boever

De 85 à 95% des personnes retirées vivantes des décombres le sont dans les 24 à 48 heures suivant le tremblement de terre. En règle générale, une semaine après la catastrophe, la demande chirurgicale et la demande de soins généraux sont théoriquement redevenues normales.

Quel que soit le nombre de victimes, le tableau des traumatismes est généralement le suivant : une grande quantité de blessés présentent des coupures ou ecchymoses mineures, un groupe moins important souffre de fractures simples et une minorité souffre de fractures multiples graves ou de traumatismes internes nécessitant des opérations chirurgicales ou autres soins intensifs.

En outre, a souligné le Dr Thieren, les catastrophes naturelles ne provoquent pas l'apparition de maladies qui ne sont pas déjà présentes dans la zone touchée et ne provoquent pas d'épidémies de maladies transmissibles.

Le risque d'une incidence accrue de cas isolés (en dessous du seuil au-delà duquel il est convenu de parler d'épidémie) est dû, dans le cas d'un tremblement de terre, aux dégâts occasionnés aux réseaux d'assainissement et d'adduction d'eau, à l'interruption des services de santé publique (tels que la vaccination et les mesures d'assainissement en milieu urbain) et à l'absence de lutte contre des vecteurs comme les moustiques ou les rongeurs.

Généralement, les mesures d'assainissement prises à la suite de la catastrophe, alliées au renforcement du système de surveillance des maladies, suffisent à maîtriser la transmission des maladies pouvant donner lieu à des épidémies.

L'un des "mythes" les plus répandus en ce qui concerne les catastrophes naturelles est celui des corps qui seraient à l'origine d'épidémies. Dans bien des cas, la prise en charge des cadavres repose sur une idée fausse, à savoir qu'ils représentent un risque épidémique s'ils ne sont pas immédiatement enterrés ou brûlés.

En fait, le risque sanitaire associé aux cadavres est négligeable. La collecte, l'évacuation, l'enterrement et/ou l'incinération des corps mobilisent des ressources humaines et matérielles importantes qui devraient, au contraire, être allouées aux survivants et aux blessés graves."

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