La place de l’avortement chez MSF

Une pilule abortive. Dans de nombreux pays les avortements auto-infligés ou pratiqués par des personnes sans formation adéquate sont de plus en plus répandus en partie à cause de lois interdisant la procédure et d'obstacles économiques empêchant l'accès à des services de santé appropriés
Une pilule abortive. Dans de nombreux pays, les avortements auto-infligés ou pratiqués par des personnes sans formation adéquate sont de plus en plus répandus, en partie à cause de lois interdisant la procédure et d'obstacles économiques empêchant l'accès à des services de santé appropriés. © Patrick Farrell

La pratique de l’avortement médicalisé est un véritable enjeu pour MSF. Chaque année, plus de 20 millions d'avortements non-sécurisés sont pratiqués dans le monde. Les complications qui en découlent font partie des principales causes de décès maternels au niveau mondial. Clair Mills, directrice médicale de MSF, fait le point sur cette pratique au sein de l’association.

Qu’en-est-il de la pratique de l’avortement médicalisé au sein de MSF ?

Pratiquer l’avortement médicalisé, c’est sauver des vies. En juillet 2017, l’Assemblée Générale Internationale de MSF a adopté une motion visant à s’assurer que MSF ne refuse pas l’interruption volontaire de grossesse aux femmes et jeunes filles qui en font la demande. Nos personnels ont donc une triple responsabilité : respecter la raison pour laquelle la femme se présente, s’assurer qu’elle puisse discuter de son souhait d’avorter avec un professionnel de santé afin de prendre une décision en toute connaissance de cause et, enfin, lui dispenser des soins médicaux de qualité.

Quelles sont les barrières auxquelles les équipes font face sur le terrain ?

Même si nous ne travaillons pas dans des pays où l’avortement est totalement illégal, le cadre juridique dans lequel nos équipes évoluent peut être restrictif et complexe. Les femmes trouvent coûte que coûte des stratégies pour interrompre leur grossesse.  Dans ces contextes, les avortements sont souvent pratiqués dans des conditions dangereuses. Il faut donc évaluer, pour chaque situation, le cadre et les conditions dans lesquels l’offre d’avortement médicalisé peut avoir lieu : l’interprétation et l’application des lois, les usages, l’existence de structures pratiquant des avortements médicalisés et vers lesquelles il est possible d’orienter les femmes.

Les freins que nous pouvons constater au sein même de nos équipes, sont généralement la peur de se retrouver dans l’illégalité, d’avoir des problèmes avec les autorités, la peur que la femme soit ensuite stigmatisée, exclue par son entourage ou ait ensuite des problèmes de sécurité. On constate cependant que nos équipes nationales sont très engagées puisqu’elles sont régulièrement confrontées au problème. Malgré des normes sociales souvent très fortes et en opposition avec la pratique de l'avortement, il y a une véritable volonté d’aider.

 

 

© Laia Abril

Exposition «On abortion - L'avortement, une vulnérabilité universelle»

Du 22 novembre au 9 décembre 2018 à la Maison des métallos à Paris

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Quelles solutions pour contrer ces freins ?

MSF a fait le choix de donner l’accès à l’avortement médicalisé sur ses terrains d’intervention. Elle ne doit pas y renoncer simplement parce que « c’est compliqué ». Il faut créer un environnement favorable à la discussion avec l’ensemble de notre personnel sur les implications concrètes de ce choix, et les difficultés que rencontrent les équipes sur les terrains pour leur donner les moyens de les surmonter. Il est également de notre responsabilité de former nos personnels à cette pratique et de briser les préjugés qui l’entourent. Par exemple, pour beaucoup, avortement rime avec intervention chirurgicale, à tort. Même si la chirurgie est parfois nécessaire, dans la plupart des cas, nous donnons aux patientes des médicaments. C’est une méthode plus simple et plus sûre d’interrompre une grossesse.

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