Iran - Le témoignage de Silvia dans le camp du Bafia

Sylvia est psychologue. Son rôle : mener des évaluations et offrir un exutoire aux angoisses et aux inquiétudes d'une population sinistrée.

"Dans le camp du Bafia, les tentes abritent sept personnes maximum, tous membres de la même famille. L'organisation et la coordination du camp n'est pas optimale, beaucoup d'ONG, iraniennes et internationales s'activent, mais sans résultat concret. Une organisation américaine distribue trois repas chauds par jour, soit environ 17.000 repas chaque jour, c'est la seule source de nourriture. Pour le moment, MSF est la seule organisation médicale du camp.

Les gens ont choisi de s'installer dans les camps pour des raisons de sécurité et de facilités, mais ils espéraient avoir accès à plus de ressources, s'attendaient à davantage d'organisation. Aujourd'hui, ils sont déçus et insatisfaits, la vie communautaire dans un camp étant très différente de l'idée qu'ils s'en étaient faite. Les familles qui ont du mal à s'adapter à cette situation sont notre première préoccupation. Les différences sociales ont disparu et tout le monde se retrouve au même niveau. Il n'y plus de nom, seul le numéro de la tente permet d'être identifié. Certaines personnes vivent mal cette situation et se replient sur elles-mêmes. Seul point positif : le camp peut accueillir tous les membres d'une même famille. Les membres rescapés peuvent alors partager leur chagrin et vivre à nouveau ensemble, peut-être plus proches qu'avant.

Les sans-abri du camp du Bafia présentent différents états psychologiques, différents niveaux de détresse selon les personnes. Ceux qui parviennent le mieux à réorganiser un semblant de vie "normale" sont ceux qui sont issus des catégories sociales les plus basses. Ces personnes trouvent la vie en camp plus facile. Elles bénéficient ici de ressources plus importantes qu'auparavant."

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