Haïti : l’arrivée de la saison des pluies relance l’épidémie de choléra à Port-au-Prince et Léogâne

Le Centre de Traitement du Choléra (CTC) de MSF à Martissant avril 2012.
Le Centre de Traitement du Choléra (CTC) de MSF à Martissant, avril 2012. © Mathieu Fortoul/MSF

Avec l’arrivée de la saison des pluies en Haïti, Médecins Sans Frontières constate une augmentation du nombre de patients atteints du choléra. En moins d’un mois, le nombre d’admission a plus que triplé dans les centres de traitement MSF de Port-au-Prince et de Léogâne.

De nouveaux patients arrivent chaque jour dans les centres de traitement du choléra (CTC) de MSF. C’est le cas de Marie, qui a été admise le 16 avril au CTC de Martissant. « J’ai eu des diarrhées et des vomissements importants. J’ai ensuite perdu connaissance. Un proche m’a amenée ici parce que c’est le centre le plus proche de chez moi. Les médecins m’ont dit que j’avais le choléra et que je m’étais déshydratée », explique-t-elle. Comme Marie, 134 autres personnes se sont présentées au CTC de MSF à Martissant entre le 16 et le 23 avril, et près de 400 au total dans les différents CTC de MSF à Port-au-Prince et Léogâne.  

Pour faire face à ce nouvel afflux de patients, MSF a dû rouvrir un CTC à Carrefour, au sud de la capitale, pour que ceux de Martissant, Delmas et Drouillard - plus proches du centre et du nord - ne soient pas saturés. Au travers de ses différentes structures, MSF dispose pour l’instant de plus de 200 lits à Port-au-Prince et de 45 lits à Léogâne pour traiter exclusivement les personnes atteintes par le choléra. Les équipes se tiennent prêtes à ouvrir d’autres sites en fonction de l’évolution de l’épidémie.

« Le choléra est une maladie facile à traiter mais il est impératif que des centres de traitement spécialisés soient accessibles et que les patients y soient amenés le plus vite possible dès l’apparition des symptômes. Sans prise en charge, la maladie peut les tuer en quelques heures », explique le Dr. Sophie Duterme, coordinatrice médicale MSF en Haïti. Et d’ajouter : « le traitement consiste en une simple réhydratation par voie orale ou intraveineuse avec une thérapie antibiotique pour les cas les plus sévères. La meilleure façon de se protéger consiste à redoubler de précautions en terme d’hygiène et à boire de l’eau désinfectée ». Depuis les premiers cas identifiés en octobre 2010, plus de 500 000 Haïtiens ont contracté le choléra.

Dans un pays où l’accès à de l’eau désinfectée et à des latrines est très insuffisant, le choléra bénéficie d’un terrain favorable pour continuer à sévir. L’arrivée de la saison des pluies favorise en outre la propagation de la maladie en entraînant l’inondation des systèmes d’eau et d’assainissement. « Les égouts de mon quartier ont débordé et nous vivons au milieu des immondices, sans eau propre ni savon », raconte Marie.« Je savais que je courais le risque d’être contaminée par le choléra mais je n’avais pas le choix ». C’est pourquoi, en parallèle de la prise en charge médicale des patients, MSF continue d’encourager les autorités sanitaires haïtiennes et ses partenaires internationaux humanitaires à distribuer de l’eau désinfectée, des savons, ainsi qu’à installer et entretenir des latrines pour maintenir de bonnes conditions d’hygiène dans le but d’éviter la propagation de l’épidémie.  

Depuis le début de l’épidémie en octobre 2010, le choléra a tué plus de 7 000 personnes pour environ 500 000 cas recensés (environ 5 % de la population).

MSF a mis en place, dès la confirmation des premiers cas, une opération sans précédent dans tout le pays en soignant à elle seule plus de 30% du nombre total des patients.

Epidémie de choléra en Haïti

Consultez notre dossier spécial pour en savoir plus sur la prise en charge des cas de choléra par MSF en Haïti.

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