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À Gaza, les conséquences mortelles
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Grèce - Fiche projet migrants

Le nombre de migrants sans papiers, de demandeurs d'asile et de réfugiés arrivant en Grèce n'a pas cessé d'augmenter ces dernières années.
En 2008, 44 610 migrants sans papiers ont été arrêtés au moment où ils franchissaient la frontière entre la Turquie et la Grèce. Le nombre officiel d'étrangers vivant en Grèce est de 800 000 mais ce chiffre ne tient pas compte des quelque 200 000 migrants sans papier se trouvant aussi sur le territoire.
Tentant le plus souvent de fuir les conflits et l'instabilité dans des pays comme l'Afghanistan, l'Irak, la Somalie et la Palestine, les migrants endurent généralement de très mauvaises conditions de vie en Grèce.
Actuellement, MSF offre une aide psychosociale à des migrants sans papiers et des demandeurs d'asile enfermés dans trois centres de rétention: Pagani, sur l'île de Lesvos, Venna à Rodopi, et Filakio à Evros, tous deux dans le Nord de la Grèce.

 

Contexte
Selon la loi grecque, les migrants sans papiers peuvent être enfermés jusqu'à douze mois dans des centres de rétention fermés, mais en moyenne, la période de détention varie de quelques semaines à trois mois. Les conditions sanitaires et les soins de santé dans les centres de rétention sont très basiques, voire particulièrement médiocres.

L'aide psychosociale est totalement inexistante. Rien n'est prévu sur place pour répondre aux besoins des groupes vulnérables comme les femmes, les enfants, les malades chroniques ou les victimes de torture. Une fois sortis du centre de rétention, les migrants, y compris des mineurs non accompagnés, sont abandonnés à leur sort et vivent sans domicile ou dans la misère.

Les migrants sans papiers n'ont pas accès au système de santé publique sauf pour les urgences. Et même dans ce cas, ils n'ont souvent pas l'argent nécessaire pour se payer le traitement et les médicaments.

MSF à Patra
Patra est le plus grand port de sortie pour les migrants qui espèrent rejoindre l'Europe de l'Ouest. Entre mai 2008 et août 2009, MSF a ouvert une clinique de jour dans le bidonville où vivent les migrants afghans, et elle a mis en place des cliniques mobiles dans d'autres endroits pour assister les migrants africains.

MSF a offert des soins de santé primaires et une aide psychosociale et a contribué à améliorer leurs conditions de vie. Le projet a été fermé en septembre 2009 suite à la démolition du bidonville par les autorités grecques et la diminution considérable de migrants dans la région.

MSF dans les centres de rétention
Entre juin et septembre 2008, MSF a travaillé dans le centre de rétention de Pagani sur l'île de Lesvos. Au total, 1.202 migrants ont reçu des soins médicaux et une aide psychosociale. MSF est intervenue pour améliorer les conditions de vie de base. A la fin du mois de septembre 2008, MSF a fermé le projet à Lesvos, déplorant publiquement le manque de coopération des autorités régionales, qui ont limité l'accès de MSF aux populations de migrants.

Après de nouvelles négociations avec les autorités, en août 2009, MSF a démarré de nouveaux programmes d'assistance psychosociale dans trois centres de rétention: Pagani, Venna à Rodopi, et Filakio à Evros, tous deux dans le Nord de la Grèce.

Durant l'été 2009, entre 500 et 1200 migrants ont été enfermés au centre de rétention de Pagani, dont un tiers étaient des mineurs non accompagnés, des femmes et des enfants. Environ 600 migrants sont enfermés dans les centres de Venna et Filakio. Les psychologues MSF et interprètes/conseillers qui travaillent dans les centres de rétention proposent des séances de conseils en groupe et individuelles. La plupart des migrants viennent de pays instables comme l'Afghanistan, le Pakistan, la Somalie, l'Irak et la Palestine.

De nombreux migrants ont vécu des expériences traumatisantes lors de leur périple vers l'Europe. Souvent, ils n'ont pas d'autre choix que de recourir aux services de trafiquants, au péril de leur vie.

"Toute ma famille, mes parents, mes trois frères et ma sœur ont été tués lorsqu'une bombe est tombée sur notre maison. J'étais parti répondre au téléphone quand la bombe est tombée. Le toit de la pièce où se tenait ma famille s'est effondré. Il y avait beaucoup de poussière. Je voyais juste leurs mains sous les débris. Je ne pouvais pas voir leur visage. J'ai seulement vu le visage de mon plus jeune frère. Ici, il faut absolument que je sorte de ma cellule parce qu'à l'intérieur, je n'arrête pas de penser aux choses terribles qui se sont passées à la maison." Jeune palestinien (16 ans), au centre de rétention de Pagani (2/10/09).

"J'ai été enfermé dans une cave d'Istanbul pendant 40 jours. Je n'ai pas vu la lumière du jour pendant 40 jours. Les passeurs voulaient de l'argent. Ils m'ont menacé de me garder là pour toujours si je ne payais pas une somme d'argent supplémentaire. Ils nous faisaient très peur et menaçaient sans cesse de nous tuer. Une fois, ils m'ont frappé à la tête et au bras avec un gros morceau de bois. Je n'ai pas pu bouger mon bras pendant deux semaines." Homme afghan (24 ans), survivant du bateau transportant des réfugiés clandestins ayant coulé au large de Lesvos, en octobre 2009, et faisant 10 morts.

Les patients de MSF aux centres de rétention souffrent souvent d'anxiété (28%), de dépression (26%) et de stress post-traumatique 11%) . Nos bénéficiaires ont vécu un déracinement, ils ont subi de nombreuses pertes et se retrouvent face à un avenir incertain. La détention aggrave leur santé mentale déjà fragilisée. Les groupes vulnérables comme les mineurs non accompagnés, les enfants, les femmes et les victimes de torture encourent un risque accru.

Les conditions de vie difficiles, la surpopulation, le confinement, et la menace d'un rapatriement forcé contribuent au sentiment de détresse. Au cours de ces quatre derniers mois, MSF a assisté à des grèves de la faim, des manifestations et parfois des actes d'automutilation et des tentatives de suicide de migrants complètement désespérés.

Dans les centres de détention, les conditions de vie sont souvent inacceptables et dégradantes. A Pagani, la surpopulation a entraîné une détérioration dramatique des conditions de vie et conduit à des manifestations. Le nombre de migrants retenus dépassait souvent les 800, atteignant jusqu'à 1200 dans des infrastructures ayant une capacité officielle de 275.

Souvent, une seule toilette était en service pour 100 ou 200 personnes. Pendant les périodes de surpopulation, de nombreux migrants devaient dormir sur des matelas sales à même le sol, dans l'eau stagnante des douches débordantes. Les migrants étaient rarement autorisés à sortir au jardin et les familles étaient détenues séparément. A Venna et Filakio, la distribution d'aliments, de vêtements et d'articles d'hygiène est insuffisante et les migrants ne peuvent pas accéder régulièrement au jardin.

Le centre de rétention de Pagani est temporairement fermé pour cause de rénovation depuis novembre 2009, suite aux appels répétés de MSF aux autorités afin qu'elles s'occupent de l'urgence humanitaire sur place. Les équipes de MSF sont toujours présentes à Lesvos, et surveillent la situation. Une autre équipe MSF continue de travailler dans les centres de rétention de Venna et Filakio.

MSF a interpellé les autorités concernant les mauvaises conditions de vie dans les centres de rétention, la fourniture minimale de soins médicaux, l'absence de services de santé mentale, l'encadrement inefficace des mineurs non accompagnés, le manque de procédures de dépistage et l'absence de système de suivi pour les cas médicaux.

"J'étais enceinte de deux mois lorsque je suis arrivée. Je suis restée au centre de rétention pendant 45 jours. J'y ai perdu mon bébé. Je saignais beaucoup. Ils m'ont emmenée à l'hôpital mais lorsque je suis revenue, personne ne s'est occupé de moi. Je n'arrête plus de pleurer. Je ne peux plus rester dans ma cellule." Jeune femme érythréenne (19 ans), centre de rétention de Pagani (15/08/09).

 

Notes

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