Gaza : répondre à des besoins accrus

Depuis le cessez le feu 153 patients ont été inclus dans le programme de soins post opératoires de MSF dans la bande de Gaza.
Depuis le cessez-le-feu, 153 patients ont été inclus dans le programme de soins post-opératoires de MSF dans la bande de Gaza. © Frederic Sautereau / Oeil Public

Plus de deux semaines après le cessez-le-feu, les équipes médicales de
Médecins Sans Frontières dans la bande de Gaza renforcent les soins
chirurgicaux, post-opératoires et psychologiques, notamment pour
personnes qui ont été blessées durant l'opération militaire israélienne.
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Plus de deux semaines après le cessez-le-feu, les équipes médicales de Médecins Sans Frontières dans la bande de Gaza renforcent les soins chirurgicaux, post-opératoires et psychologiques, notamment pour personnes qui ont été blessées durant l'opération militaire israélienne.

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Identifier et soigner au plus vite les blessés qui n'avaient pas pu recevoir le suivi médical nécessaire reste une priorité pour MSF dans la bande de Gaza.

Les deux équipes qui sillonnent les quartiers les plus détruits constatent que parmi les blessés sévères qu'ils ont vus, 20% ont maintenant des plaies infectées.

L'équipe chirurgicale procède à 5 à 8 opérations par jour dans l'hôpital temporaire MSF dans la ville de Gaza.

Nouveaux patients en soins post-opératoires. Depuis le cessez-le-feu, 153 patients ont été inclus dans le programme de soins post-opératoires de MSF dans la bande de Gaza.

L'activité a augmenté de 40% par rapport au mois de décembre, dans les cliniques de Gaza et de Khan Younis. Les patients qui ne peuvent pas se rendre dans ces structures sont soignés par des équipes qui se déplacent.


Chaque jour, plus d'une centaine de blessés se rendent dans la clinique MSF de Gaza : près des deux tiers pour recevoir leurs soins post-opératoires et une trentaine pour une première consultation. Menée par un médecin et un kinésithérapeute, la première consultation aboutit, dans la moitié des cas environ, sur une admission dans le programme.

« Après chaque période de bombardements, nous retrouvons le même type de blessures » décrit Michèle Beck, responsable des cliniques de soins post-opératoires MSF. « Il s'agit le plus souvent de plaies par éclats multiples suite à l'explosion d'obus ou de fractures ouvertes

Chaque infirmier pose une douzaine de pansements par jour, un geste médical qui prend du temps quand il s'agit de plaies ou de brûlures importantes ayant nécessité une opération. Certains patients suivent une rééducation avec un kinésithérapeute. La troisième clinique de soins post-opératoires, dans le nord de la bande de Gaza, ouvrira dimanche 8 février.

Chaque jour, plus d'une centaine de blessés se rendent dans la clinique MSF de Gaza

Des demandes spontanées de soins psychologiques. Les premières séances de discussion, en groupe, pour le personnel de secours se sont tenues cette semaine. Un espace d'expression encadré par un psychologue est créé pour permettre à ces personnes particulièrement exposées pendant l'offensive de libérer leurs émotions.

Témoins directs des violences subies par la population, elles ont aussi été souvent confrontées à l'impossibilité d'accéder aux blessés et à la peur pour leur propre sécurité. La défense civile (ambulanciers, soignants, pompiers) était en première ligne, menant en trois semaines près de 1300 interventions, l'équivalent de trois années d'activité en temps normal.

Une aide psychologique est également proposée aux familles de ceux qui sont décédés alors qu'ils portaient secours. Fait très rare auparavant, plusieurs personnes sont venues d'elles-mêmes demander des soins aux deux psychologues MSF actuellement dans la bande de Gaza.

Par ailleurs, le contact a été rétabli avec la plupart des patients déjà pris en charge dans le programme psychosocial. Ces personnes qui avaient commencé un travail psychologique ont relativement bien résisté après cette période de peur et de douleur, même celles dont des proches sont morts ou ont été blessés.

Aide en augmentation, sans couvrir les besoins. La population était déjà dépendante de l'aide internationale mais ces besoins ont encore nettement augmenté. Presque les deux tiers de la population totale dépendent de l'aide alimentaire.

Des dizaines de milliers de personnes sont provisoirement hébergées par d'autres familles après que plus de 5 000 maisons ont été totalement détruites et des dizaines de milliers partiellement endommagées, selon le ministère des travaux publics.

Des distributions de matelas, de couvertures et d'ustensiles de toilette sont organisées par plusieurs organisations d'aide. Les difficultés rencontrées par de nombreux autres acteurs humanitaires pour faire entrer du matériel et du personnel, en plus de l'impossibilité actuelle d'acheminer, en quantité, les matériaux nécessaires à la reconstruction, limitent la réponse aux besoins de la population dans la bande de Gaza.

ZOOM SUR NOS ACTIVITES CHIRURGICALES DANS LA VILLE DE GAZA

L'équipe chirurgicale de MSF procède à 5 à 8 opérations par jour dans l'hôpital temporaire MSF (comprenant deux blocs opératoires, une unité de soins intensifs de douze lits et une unité de soins postopératoires).




©Frederic Sautereau / Oeil Public


Les critères de prise en charge chirurgicale ont été définis pour répondre aux besoins liés au nombre très important de blessés qui ont été opérés dans l'urgence durant l'opération militaire israélienne et qui ont besoin d'autres interventions.

L'activité chirurgicale de MSF allège la charge de travail dans les hôpitaux palestiniens qui reprennent progressivement leurs activités habituelles (urgences et opérations chirurgicales programmées).

Le temps compte car les risques d'infection chez les personnes blessées sont élevés. « Une de nos principales activités consiste à nettoyer les plaies, cette opération chirurgicale appelée « parage de plaie » est un des gestes essentiels en chirurgie de guerre », explique Jean Rijs, chirurgien MSF.

« Cela consiste à ôter les sources d'infection: premièrement les corps étrangers localisés dans la plaie, que ce soit une balle, des fragments d'obus, de la terre, tout ce qui est peut être atteint sans risques. Deuxièmement les fragments d'os libres, ceux qui sont complètement détachés de l'os et dispersés dans la plaie ou les muscles. Et troisièmement les tissus morts ou infectés.

Quand la première intervention n'a pas été complète, une deuxième ou même plusieurs autres interventions sont nécessaires pour éviter l'infection. Plus le parage de plaie est tardif, plus le risque d'une infection des os ou d'autres tissus est élevé. Tétanos et gangrène représentent les deux infections potentiellement mortelles pour le patient.» L'équipe chirurgicale pratique également des greffes de peau ou la pose de pansements sous anesthésie générale.

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