Avarice des pays donateurs: les efforts pour traiter plus de malades menacés
Une importante occasion de soutenir le Fonds Mondial contre le SIDA, la
tuberculose et la malaria ("Global Fund to Fight AIDS, TB and Malaria")
vient d'être manquée : les pays donateurs ne sont en effet pas parvenus
à débloquer des financements suffisamment importants pour lutter
sérieusement dans les pays en développement contre ces maladies
mortelles.
Si le Fonds n'était pas en mesure de se procurer ces montants, le traitement de personnes souffrant du SIDA, de la tuberculose ou de la malaria devrait être retardé, voire refusé.
Plusieurs programmes de traitement du SIDA, initiés par MSF ou d'autres organisations dans des pays en voie de développement, ont depuis longtemps prouvé que l'utilisation d'antirétroviraux était possible dans des pays aux ressources limitées.
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Hôpital de Chiradzulu - Malawi
"Si les fonds nécessaires ne sont pas réunis, c'est jusqu'à 50 000
Malawites infectés par le virus du SIDA qui seront livrés à eux-mêmes,
sans espoir de voir leur vie prolongée."
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Invités par le ministère de la Santé du Malawi, MSF et d'autres organisations fournissant des traitements ARV dans ce pays ont travaillé à l'élaboration d'un programme national de traitement (l'une des propositions nationales transmises au Fonds Global). "Le plan est à la fois bien conçu et réaliste. Selon le prix des médicaments utilisés, le gouvernement a pour objectif de traiter 25 000 à 50 000 patients d'ici à 2007", a expliqué le Dr Nicolas Durier, du programme Sida de MSF dans le district de Chiradzulu (sud du Malawi), lequel compte déjà quelque 800 patients.
"Si les fonds nécessaires ne sont pas réunis, c'est jusqu'à 50 000 Malawites infectés par le virus du SIDA qui seront livrés à eux-mêmes, sans espoir de voir leur vie prolongée. Sans ce financement, le gouvernement du Malawi ne sera pas en mesure de prendre en charge la pandémie du SIDA de façon efficace", a encore expliqué le Dr Durier. Au total, quelque 800 000 Malawites sont d'ores et déjà infectés.
"Jusqu'à présent, nous considérions le Fonds global comme étant l'une des rares initiatives concrètes permettant de gérer sérieusement la crise du Sida", estime le Dr Bernard Pécoul, directeur de la Campagne de MSF pour l'accès aux Médicaments Essentiels. "Tout le monde est d'accord sur le fait que ces traitements sont un élément essentiel de la réponse à la pandémie de SIDA. Mais tant que l'argent n'est pas mis sur la table pour le soutien de propositions concrètes et techniquement viables comme celles que soutient le Fonds Global, il est tout bonnement impossible aux pays de faire ce que tout le monde leur demande de faire : soigner leurs populations".
Photo : Didier Lefevre/Editing - Novembre 2002